2025-04-04-La grande histoire-La fabuleuse année 1909
Il y a un calme routinier qui s’est installé dans la famille de Jos Desmeules. Le travail qu’il aime, c’est menuisier de construction, métier plus ou moins payant qui lui garantit un salaire pendant la belle saison. Par contre, en hiver, son métier de bûcheron lui procure un supplément plutôt intéressant. La vie est somme toute bien confortable. Après le chantier de l’hiver 1908, tout juste à la fin de la drave en avril, Jos revient vers sa Marie et lui fait l’amour passionnément. Entouré de ses quatre enfants, de Marie et des beaux-parents à proximité, la vie est belle. La paix semble exister partout dans le monde. En juin, Marie lui annonce qu’elle est de nouveau enceinte. Il était temps, la petite Florence a déjà un an et demi.
Maudite chanceuse !
Le temps des fêtes est déjà arrivé et cette fois, Marie a le temps de faire ses pâtés à la viande et de préparer les festivités. La grossesse va bon train et le bébé devrait arriver bientôt. Tout juste après le jour de l’an, Jos retourne au chantier mais il promet de revenir à toutes les fins de semaine. Cependant, à son retour le dimanche suivant, Marie lui demande de rester. C’est pour bientôt, lui dit-elle.
Les pâtés sont faits, mon Jos.
Le vendredi, le 15 janvier, alors qu’il fait un froid mordant, elle accouche de son deuxième garçon et il est aussi grand et fort que le premier. Marie a 23 ans et tout se passe bien. Le lendemain, on se rend à l’église Ste-Anne pour le faire baptiser. On lui donne le nom de Joseph Thomas Louis Doréat. Parmi tous ces prénoms, on choisit Joseph et pour ne pas le confondre avec Jos, on le surnomme Ti-Jos (prononcer ti d’jos). C’est mon père, voilà pourquoi l’année 1909 est fabuleuse, j’ai mon géniteur. Maggie, la petite sœur complice de Marie, est sa marraine. Et Jos repart dans le bois avec le sentiment de fierté du devoir accompli. Marie est bien entourée.
Retour au chantier
Si la paix semble exister partout dans le monde, c’est que le monde de Jos et sa famille est bien loin de la guerre. Ce qu’il faut retenir, c’est que papa vient au monde au moment où les Américains quittent Cuba et gardent Guantanamo. En lisant ces trois mots propres, on sent qu’il y a quelque chose de sale qui les unit.
Indépendance et empire
De grands peuples en Europe veulent accroître leurs richesses et leur empire. Un empire est une communauté dirigée par un empereur qui est souvent un roi. Les principaux autour de nous sont la France, l’Angleterre et l’Espagne. Christophe Colomb (Espagne) s’est perdu dans les Caraïbes, Jacques Cartier (France), s’il avait su naviguer, ne se serait pas retrouvé au Canada et Christopher Newport (Angleterre) s’installe avec sa centaine de disciples en Virginie en plein entre les deux autres. Pour chacun, le but est de coloniser ces nouvelles terres au nom de leur roi respectif et d’acquérir le plus de richesses possibles au détriment des autochtones qui y vivent. Quand on parle de richesse, on parle de convoitise ce qui amène conflits et guerres.
Il y en aura toujours
Les Français nous ont colonisés, les Anglais ont colonisé les États-Unis et les Espagnols ont colonisé les Caraïbes. Les colonisés, après une période de soumission, ont un réflexe normal de vouloir reconquérir leur indépendance. Les Anglais des États-Unis, se fâchent contre leur roi et obtiennent leur indépendance suite à la Guerre d’Indépendance. Pour nous, Canadiens, les Français nous abandonnent et on reste pogné avec le roi des Anglais sans jamais obtenir notre indépendance. Les autochtones des Caraïbes essaient bien de s’affranchir du roi espagnol et d'obtenir leur indépendance mais ils se font écraser, martyriser et tuer. Quoi faire alors?
Bonne chance, Cuba.
Les Américains, fiers de leur récente indépendance, veulent aider les peuples opprimés. Ils nous offrent leur aide, à nous, Canadiens, mais on décline leur offre. Ils ne veulent pas trop se mêler des affaires des Espagnols mais comme ils font commerce avec eux, leurs intérêts sont en jeu. Ils décident donc de faire une guerre de tarifs et implantent une taxe de 40% sur le sucre provenant de Cuba (leur plus grande richesse naturelle). Tsé quand l’histoire se répète.
Eille, les américains, vous vous êtes-tu trump és?
C’est en 1895 que la guerre d’indépendance cubaine débute et les États-Unis vont aider les Cubains, avec un certain intérêt bien sûr. Les Cubains obtiennent toute leur indépendance trois ans plus tard, toute? Non car les États-Unis gardent le contrôle sur la baie de Guantanamo qui devient une grande base navale.
On s'allume un cigare ?
C’est deux semaines après la naissance de papa, le 28 janvier 1909, que les Américains quittent Cuba en restant maîtres de Guantanamo et ils s’en serviront pour différentes activités immorales. Les américains viennent de goûter au pouvoir et à la conquête. Le Washington Post, un célèbre quotidien des États-Unis, citait dans un éditorial juste après la guerre de Cuba : « Nous voilà confrontés à une étrange destinée. Le goût de l’Empire est sur nos lèvres, semblable au goût du sang dans la jungle ».
Ne pas confondre Varadero et Quantanamo
La guerre chez-nous
Ce n’est pas une grosse guerre, elle n’est pas aussi sanglante, mais elle oppose deux grands belligérants : les canadiens français et les canadiens anglais. Le champ de bataille est une patinoire. Le hockey, ce phénomène culturel bien de chez-nous a pris un tournant décisif en 1909. La passion du hockey est venue au monde en même temps que papa. Je ne sais pas si pepére Jos était amateur de hockey mais la guerre a un peu commencé à Chicoutimi.
Le hockey, c'est une passion !
Ça fait un peu plus de dix ans que la ville de Chicoutimi s’est dotée d’une patinoire couverte de première classe. C’est la Compagnie du Patinoir qui a amassé les fonds pour sa construction. Vous avez remarqué qu’il n’y a pas de « e » à Patinoir. Ce n’est pas une faute d’orthographe car sous l’influence de l’anglais, patinoir était une traduction courante de « skating rinks » avec un « k », mot provenant d’une langue germanique parlée en Écosse. Le Patinoir peut accueillir 800 personnes et il est situé au coin de la rue Racine et Morin (terminus d’autobus) au bord de la rivière Saguenay. Chicoutimi a deux équipes : le club Victoria et le club Chicoutimi.
Le Patinoir, c'est l'aréna à Chicoutimi.
C’est maintenant que la guerre commence. Le Club de Hockey de Chicoutimi (CHC) a un joueur vedette. Il s’appelle Georges Vézina et c’est le plus jeune d’une famille de hockeyeurs. Il est recruté comme gardien de but pour jouer avec le club Le National de Montréal, une équipe formée totalement de francophones.
Il parle français et il sacre, c'est certain.
Le 10 mars, Le National joue contre le club Les Wanderers de Montréal, une équipe formée totalement d’anglophones. C’est à ce moment que le petit gars de Chicoutimi (cinq pieds et six pouces), Georges Vézina, est devenu le plus célèbre gardien de but. Qui a gagné? L’histoire ne le dit pas mais je pense que ce sont les anglos car ils ont probablement triché. Comme l’histoire se répète, en 1995, lors du référendum du Québec, Jean Chrétien a triché et les anglos ont gagné.
Ils ont triché
Quelle est la grandeur de la patinoire de la Ligue Nationale de Hockey (LNH)? Elle a été établie par la distance qui sépare la rue Stanley de la rue Drummond à Montréal où était situé le Victoria Skating Rink. Le 4 décembre, qui sera ma journée d’anniversaire, la célèbre équipe de hockey des Canadiens de Montréal est fondée. Pour sa première saison et peut-être la dernière, l’équipe est composée exclusivement de canadiens français.
Le s'quatre décembre au soir
On veut embaucher Georges Vézina mais il refuse. Finalement, un an plus tard, il accepte un contrat de 800 $ par année et garde les buts de sa première partie le 31 décembre 1910. Il porte le numéro 1 mais il laisse passer 5 rondelles. Ottawa a encore gagné. Georges Vézina, le petit gars de Chicoutimi, a laissé à la postérité le trophée Georges Vézina remis au meilleur gardien de but de la saison. Il a laissé aussi le Centre Georges Vézina, le plus gros aréna de Saguenay.
Sa photo officielle
Pour s'en rappeler
Fini le hockey, on n’en parle plus
Ti-Jos grandit très bien et il boit sa bouteille d’un trait. Jos a fini la saison de la drave et revient travailler à Sainte-Anne. Toujours à l’affût de nouvelles extraordinaires, il apprend dans le journal qu’un avion a survolé New-York à côté de la statue de la Liberté. Un avion? Mais c’est quoi cet engin? C’est un planeur avec un moteur et une hélice. Il est mystifié. La nouvelle apparait parce que les frères Wright, deux pionniers américains de l’aviation, obtiennent la médaille d’or du Congrès des États-Unis, la plus haute distinction civile.
C'est quoi, ça, un avion ?
Je ne sais pas si pepére Jos prenait de la bière en lisant son journal. En tout cas, après sa lecture à propos de l’avion volant près de la statue de la Liberté, il a regardé Marie et lui a dit : « Bâzouel qu’y a du monde fou ». Bâzouel est un patois populaire à l’époque et remplaçait les mots d’église qui ne se disaient que dans le bois.
Un patois parmi d'autres
Toujours en lisant son journal, il apprit que la brasserie Bowswell de Québec fusionne avec d’autres et passe aux mains de la National Breweries Limited de Montréal. C’est un monsieur Boswell de Dublin en Irlande qu’il l’avait fondée à Québec. Elle n’existe plus cette bière et c’est triste en bazouel.
De toute façon, papa préférait la Dow
A découvrir aussi
- 2018-01-30-La grande histoire - Joson le marin
- 2018-04-10-La grande histoire - Joson voit double
- 2021-11-22-La grande histoire – Le moulin de la rivière du Moulin
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 63 autres membres