pharamen

C’est la première fois que j’allais aussi loin dans le pays voisin, le ROC (Rest Of Canada). J’allais voir les Rockies (les Montagnes Rocheuses). Je me suis mis à écrire un journal de bord de mon séjour et à le publier sur Facebook. Je le transcris ici sur mon blogue, histoire de le conserver avec le reste de mes écrits.

Il faut des moteurs anglais Rolls-Royce pour aller au ROC

2019-04-12-vendredi

Mon employeur occasionnel, Mecfor, m'a demandé d'aller faire un projet à Kitimat pour l'installation et la mise en fonction d'une nouvelle machine. Je quitte le 22 avril pour un retour prévu le 15 mai. Juste avant la construction du phare. J'ai accepté.

2019-04-16-mardi

Mon prochain voyage pour Mecfor se précise. Ce n’est pas une machine que je vais installer mais un système de manutention qui est déjà installé. Je poursuis le travail d’un collègue qui a travaillé tout le mois de janvier pour installer le système. Le projet s’appelle :

« Système de transfert de caisson et pont d’excavatrice »

Rio Tinto à Kitimat en Colombie-Britannique a une belle grosse usine d’aluminium presque neuve. C’est maintenant le temps de remettre à neuf les cuves d’électrolyse. Ce sont les bassins dans lesquels l’aluminium liquide est produit à partir de la bauxite. Ce sont comme des piscines creusées rectangulaires. Après une période de quelques années, il faut casser le revêtement de carbone et en refaire un nouveau.

Le système de manutention de Mecfor permettra de déplacer une cuve (ou caisson) usagée pour l’amener dans une section fermée de l’usine pour sa restauration. Le système déplace la cuve, la soulève et la dépose sur des supports. Après la restauration, la cuve est retournée dans l’usine d’électrolyse.

Mon travail sera de vérifier que tous les pièces d’équipement sont installées selon les spécifications et dimensions. Ensuite, je coordonnerai la mise en fonction des pièces mobiles. Plus tard, ce sera une simulation d’opération avec une cuve vide et finalement une simulation avec une cuve usagée pleine de cochonneries. Lorsque tout sera satisfaisant, le système sera remis entre les mains des employés et je demeurerai une semaine pour assister l’opération.

La photo montre la section de l’usine où le système est installé. Tout ce qui est en vert, en bleu foncé et en jaune pâle est notre système. Pour vous faire une idée de la grandeur, il y a une pelle mécanique (excavatrice) en jaune foncé. Elle est déposée sur une table qui se promène sur des rails et c’est aussi Mecfor qui fournit cet équipement (la table, pas la pelle mécanique).

C'est une grosse bibitte

2019-04-17-mercredi

Je viens d'apprendre que le projet retarde. Mon voyage est retardé d'une semaine. Donc un nouveau départ lundi le 29 avril.

Zut!

Un retard? C'est normal!

2019-04-26-vendredi

Je corrige la date du départ qui est devancé de 1 jour. Je prends l'avion à Bagotville dimanche à 10:30. Je commence le travail lundi matin à 7:00. J'ai passé la semaine à me documenter, à avoir des formations de sécurité et des réunions au bureau. Je pense être prêt et advienne que pourra. J'apprendrai le fonctionnement de l'équipement sur place.

2019-04-28-dimanche

Je suis parti dimanche matin. Ma belle Hélène est venue me reconduire à l’aéroport de Bagotville mais n’est pas restée longtemps. Elle n’aime pas les départs. Ce n’est pas la même chose pour les arrivées. Je pensais prendre un Dash-8 de Bombardier, avion à turbo hélice mais non c’était un Bombardier avec réacteurs. Tant mieux, le temps de vol n’était que 50 minutes environ. À Montréal, je n’avais qu’une heure d’attente avant le prochain vol pour Vancouver. Je n’ai pas pu me résoudre à manger un sandwich à 15 $ alors je me suis acheté un roulé et des amandes grillées. Le vol vers Vancouver était doux et monotone sauf qu’en arrivant dans les Rocheuses, alors là, je fus impressionné. Les montagnes enneigées et les vallées avec des rivières vertes, c’était très joli. Il faisait super beau soleil à Vancouver mais j’étais pris dans l’aérogare. Un petit 2h30 heures d’attente et le prochain vol était à 18h10. J’ai maintenant 3 heures de décalage. Je l’ai pris à 21h10 à l’heure de chez-nous. Je suis arrivé à Terrace, ville de 10 000 habitants environ et c’est une ville amérindienne. Ensuite j’ai loué une camionnette pour rouler 45 minutes jusqu’à mon hôtel à Kitimat. Je suis arrivé vers 21h00, une douche et dodo. Enfin un bon lit m’attendait. Demain c’est le travail.

Les photos montre le trajet en avion de l'est vers le far west, Terrace et une vue de l'usine dans les montagnes.

De l'est vers l'ouest (far west)

Du sud vers le nord

La ville amérindienne de Terrace

Grosse usine à Kitimat

2019-04-29-lundi

Chambre avec vue comme dirait Jean-François, son neveu.

Une belle vue paisible

2019-05-02-jeudi

Après quatre jours de travail, je suis au neutre. On avait prévu trois jours pour que je puisse vérifier toutes les pièces d’équipements mécaniques et électriques. La première journée, je l’ai perdue en réunions, formations, signatures de documents, etc. La deuxième et la troisième, malgré encore quelques réunions de planification, j’ai réussi à compléter mon travail. Mais les réunions de planification n’atteignent pas leur but, si bien que ce matin, puisque le projet retarde et qu’on ne peut pas me donner l’énergie pour faire tourner les moteurs, on décide de me retourner chez nous pour une semaine.

Quand le grand patron a eu vent de ça, il a brassé la cage et quelques heures après, on décide de me garder et ils vont me donner du courant lundi. D’ici là, je suis plutôt relax compte tenu qu’ils m’avaient mis pas mal de pression en début de semaine.

Le plus difficile, c’est de travailler en sécurité. Dans le sens qu’il faut de la formation, remplir des formulaires, demander des permis et travailler dans des zones restreintes par des rubans de sécurité. Je n’y comprends pas grand-chose. On m’a adjoint une personne de la sécurité qui me donne toutes les instructions d’usage et m’accompagne partout dans les zones à risques. C’est une ukrainienne très sévère. Elle s’appelle Maria-Antonina. Je lui ai dit que mon lit était dangereux. Elle a souri.

 Comment ne pas être en sécurité?

2019-05-04-samedi

Comme prévu, je n’ai pas travaillé aujourd’hui et comme prévu je suis payé quand même. La raison est que le client est dans son tort. Alors j’ai décidé de découvrir Kitimat. Je suis parti à pied dans le but de faire un peu d’exercice et de visiter les lieux. J’ai marché pendant 2h22. J’avais vérifié les Top 10 de Kitimat sur internet et j’ai trouvé le Big Pine Trail et le musée de Kitimat. J’ai trouvé le Big Pine Trail et je pensais aller me promener en forêt pendant que l’ours n’y est pas, malheureusement ce n’est pas un sentier pour marcheur mais plutôt pour camion 4 x 4. La présence d’ours m’a convaincu de changer mon moyen de locomotion. Je décide de rebrousser chemin dans l’intention de revenir en camion 4 x 4. Ça adonne bien, c’est le véhicule que j’ai loué.

Retour en ville

Alors je continue mon exploration. Ça ressemble à Sept-Iles mais en plus déglinguant. Ce sont des maisons délabrées et mal entretenues pour la plupart. Ensuite, il y a des poulaillers, c’est-à-dire, des maisons HLM. C’est comme ça qu’on les appelait à Sept-Iles, hein, Côme? J’ai compris que c’était le Downtown Kitimat. Fait intéressant, il y a une rue Saguenay mais je n’ai pas trouvé la rue Chicoutimi.

J’ai fait le tour du centre d’achats en 5 minutes. La moitié est inoccupée. Par contre, il y a trois grosses épiceries, deux restaurants style Chez Linda et tous les Tim Horton’s, Subway, Dairy Queen et A&W. Incroyable, j’ai trouvé deux Liquor stores.

Il y a un peu de chez-nous chez-eux

Au retour à mon hôtel-motel, je suis monté dans mon camion 4 x 4 tout équipé. Il y a même une radio qui joue du western. Normal, je suis dans le fin fond de l’ouest canadien. En anglais on dit « far west ». Je suis allé voir ma Big Pine Trail sur le bord de la rivière Kitimat. Je n’ai pas vu de saumons et c’était bien tranquille. Je n’ai pas vu de pins, encore moins des gros pins. J’ai pris la direction nord de l’autre côté du la route principale et c’est là que j’ai compris que les plus nantis y habitaient. Un beau cartier propre mais pas de monde dehors. Beaucoup de bungalows mais aucune maison de riches patrons.

Mon tour de Kitimat est fait. Demain je vais à Prince Rupert à 250 km. Il parait que la route est belle.

Un pick-up, très normal.

Avertissement d'ours, très normal.

2019-05-11-samedi

Une semaine plus tard, je suis au même point. Jeudi de la semaine passée, le projet prenait du retard tellement qu’on m’a signifié que je devrais retourner à la maison et revenir le vendredi ou le lundi 13. Mais les patrons se sont gonflé la poitrine et se sont dit qu’il ferait avancer le projet en déplaçant les tâches, en faisant faire du surtemps, etc. Mais l’engrenage du temps suit son cours et je viens d’apprendre que je ne suis pas requis avant mardi prochain. En conclusion, je n’ai presque rien fait de la semaine, sauf étudier le procédé et les équipements.

J'étudie comment ça marche

Aujourd’hui, je suis allé dans la Nass Valley. Une trotte de 200 km dans les montagnes et la forêt. Après le premier ha!, la monotonie s’installe. Je fais quelques arrêts pour les photos et je vais à la plage pour y faire un petit roupillon au soleil dans un décor, il faut le dire, magnifique.

La journée était ensoleillée mais le vent gênant. À la plage, par contre, dans cette cuvette, il n’y avait pas de vent.

Petit roupillon dans un décor apaisant

2019-05-12-dimanche

Aujourd’hui je suis parti de l’hôtel à 10 h et j’ai marché pendant quatre heures. Dans ce quatre heures, j’ai fait une randonnée (trekking pour faire snob même si ce n’est pas la bonne définition) dans la forêt menant à la rivière Kitimat par la Koho Flats Trail de 1,75 km. Il y a toujours une mise en garde avec les ours noirs et les grizzlys, cependant, je n’en ai rencontré aucun mais j’ai vu plein de bicifeurs. Je suis revenu les jambes en compote mais c’était vraiment agréable. Le décor est magnifique.

La prochaine fois je fais la Fisherman’s trail. Elle est sur le bord de la rivière Kitimat.

Un beau sentier

Un B.C. Fir me bloque le chemin

2019-05-19-dimanche

Incroyable mais vrai. J’ai travaillé vendredi et samedi à plein et j’ai réussi avec l’équipe bien sûr et les entraves du monsieur de la sécurité de Rio Tinto à démarrer mes pièces d’équipement. Ça fonctionne. Il reste à ajuster tous les paramètres. Je dois prendre congé dimanche et lundi, dimanche, c’est dimanche et lundi, c’est la fête de Victoria. Ici, les patriotes, ils ne connaissent pas ça et chez-nous, je n’en suis pas sûr.

C'est quoi les Patriotes?

Dimanche, je flâne au lit jusqu’à 5h30. Après le déjeuner et la lecture des journaux, je pars en randonnée dans le sentier appelé Joe’s trail. Il est sur le bord de la rivière en partant du pont à côté de mon hôtel vers le sud. Je marche 9,5 km dont la moitié sur un chemin de terre. À midi, la chaleur est épuisante. Il fait 25 C et ce n’est pas fini. Je mange une bouchée à ma chambre, je prends une douche et je fais un somme.

Plus tard, craignant que les magasins ne soient fermés demain, je vais faire mes courses. Au retour, je reçois un appel téléphonique d’un des membres du groupe de travail pour m’inviter à une bière au club de golf. Quelle bonne idée, il fait maintenant 27 C, pas de vent et un soleil tapant. Je prends mon pick-up et je roule pendant au moins 10 minutes pour me retrouver dans un parfait endroit pour sociabiliser en anglais, bien sûr.

Je vous présente une partie du groupe dans les photos. J’ai chaud.

Un patron et un collègue. Qui est qui?

Deux autres collègues

Un terrain de golf

2019-05-20-lundi

C’est congé pour la fête de la reine Victoria. Elle est très importante pour les anglo-canadiens parce qu’elle fut la reine du Canada à partir du 1 juillet 1867. Eh oui, c’est la date à laquelle, les colonies britanniques du Canada-uni, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse s’unifièrent afin de former un dominion. Alors le 1 juillet prochain, à la fête du Canada, ce n’est pas le Canada qu’on fête mais le dominion, un état indépendant de l’Empire britannique.

Un dominion de l'Angleterre, ha ha!
 

Pour oublier tout ça, je suis parti faire une randonnée dans la Fisherman’s trail. Il fait seulement 15 C et le ciel est nuageux. Cette fois, je chausse mes bottes de sécurité car le sentier est prometteur. Je quitte l’hôtel et me dirige vers le pont. C’est le début. Je marche dans le bois, je me perds en route, j’escalade, je frappe mon Waterloo. Je décide de rebrousser chemin et c’est à ce moment que je vois des indications. J’étais trop près de la rivière. J’escalade et je retrouve la piste. Elle n’est pas facile. J’ai chaud et je transpire pas mal. Je finis par arriver au petit pont m’indiquant la mi-parcours. La nature est vraiment belle. La forêt est impressionnante par la grosseur des arbres, les fameux bicifeurs, mais aussi par la diversité des plantes. Mon coup de cœur, c’est les champignons. Je croise le sentier Coho Flat Trail que j’ai fait la semaine dernière. Au lieu de me diriger vers Kitimat, je décide d’aller plus loin. Je dois rebrousser chemin car il pleut et je ne vois pas la fin. Je remonte vers Kitimat. Je n’ai pas vu d’ours, mais …

Une belle végétation

Pas d'ours mais...

2019-05-28-mardi

Je ne dors presque pas. Mon cerveau est en ébullition. Samedi, ma machine a frappé le mur. Je ne sais pas ce qui est arrivé mais pendant qu’elle transportait une cuve de 40 tonnes métriques, elle s’est arrêtée sans qu’on lui demande de le faire. Ce qui indique qu’elle a arrêté parce qu’elle a frappé un obstacle. Impossible pour moi de le voir et malgré mon inspection, je n’ai rien vu. Je n’étais pas fier de moi et les gros yeux des inspecteurs de sécurité étaient visibles sous leurs lunettes de sécurité. Alors samedi soir et dimanche soir, je n’ai pas dormi et j’ai refait tous mes calculs, révisé tous les plans et je n’ai rien trouvé si ce n’est qu’il a peut-être une erreur dans les dessins. J’ébauche une explication dont une solution en découle et je rédige une procédure pour arriver à corriger le problème. J’ai donc travaillé ce dimanche dans ma chambre d’hôtel.

Mais pas toujours. Je ne suis quand même pas responsable de tout. Dimanche matin je suis allé prendre une marche au soleil. Il fait beau et on prévoit 30 C. Après ma marche en t-shirt, je suis en nage. Je prends une bonne douche et je me prépare pour aller à la plage. Mon plan est de faire un pique-nique et un bon roupillon. C’est beau mais un peu trop industriel. Que voulez-vous, nous sommes sur les terres de Rio Tinto.

Une belle plage industrielle

Après mon goûter, je ne me fais pas prier pour dormir au soleil de midi. Ensuite je vais lire à l’ombre une revue de bricolage. Un vieux retraité commence la conversation en me disant qu’il m’a déjà vu quelque part, il lui semble. Ben non mon homme. Je viens du Saguenay. Je pense qu’il voulait une tite jasette.

Je me rends à la mer pour goûter l’eau de la baie. Pas si pire mais je ne me suis pas baigné. J’ai préféré m’attarder aux belles algues vertes. J’ai fait une séance de photos un peu troublantes parait-il et je suis retourné à l’hôtel pour une douche avant le souper. Mon idée était de retourner au golf et manger une salade de thon. Miam miam. Que c’était bon.

J'avoue que c'est troublant

Ça, c'est bon!

Et voici la fin de l’histoire. Lundi matin j’explique au groupe que je dois tout mesurer à nouveau pour trouver comment il y a eu une collision de ma machine. Et j’ai trouvé. Il n’y a rien eu. Pas de collision. La machine s’est arrêtée sur un interrupteur de fin de course mais le maudit s’est sauvé avant la remise des trophées. J’ai donné mon explication en étant très fier de moi et je leur ai donné la solution : attacher l’interrupteur pour ne pas qu’il se sauve avant la fin du spectacle. Ouf, mon honneur est sauf.

Je quitte vendredi soir. Je reviens par un vol de nuit. J’espère que Rio Tinto ne voudront pas m’attacher pour que je reste jusqu’à la fin du spectacle.

Good bye!

2019-05-31-vendredi

C’est la fin de ma mission. Je n’arrive pas à croire que j’ai pu terminer le mandat. Il ne reste que quelques petits points à régler qui n’est pas de mon ressort. Le client semble satisfait de la fourniture de Mecfor.

Mission accomplie

Je quitte vers 16h00 après avoir salué ceux avec qui j’ai travaillé. Je me rends à l’hôtel pour une douche. Je vais faire le plein à Terrace et je me rends à l’aéroport pour l’avion de 20h30. Je quitte après cinq semaines. J’ai hâte de me retrouver chez-nous avec ma bien-aimée.

2019-06-01-samedi

Retour chez nous

Enfin de retour!