pharamen

Hélène et moi sommes chez Guillaume, Wenjia et Eleanor pour un séjour de trois mois en Californie à Sunnyvale. Nous profitons de cette petite famille mais aussi de la technologie de la Silicon Valley qui est juste à côté.

C'est loin de la campagne.

Guillaume travaille pour la compagnie Waymo, un des enfants de la grande famille Google. Waymo est en train de mettre au point des voitures sans chauffeur à San Francisco et Guillaume nous a offert de l’utiliser sans son aide ou presque. En fait, il charge l’application Waymo dans mon téléphone et inscrit sa carte de crédit. Il est généreux, je vous dis.

Oui nous sommes dans les premiers à vivre l'expérience.

Alors, un samedi matin, nous projetons d’aller passer la journée à San Francisco pour profiter de l’ambiance de Noël. Voulant m’y rendre en train, un trajet de 1h30 minutes environ, il préfère nous prêter sa Tesla, voiture électrique chargée pour un bon 450 km qui fait le trajet en 40 minutes. Il est généreux, je vous dis.

Le moteur ne ronronne pas.

Et nous voilà parti pour un voyage dans le futur même si nous sommes bien dans le présent. Hélène et moi prenons place dans la Tesla. Comme j’ai un profil d’enregistré dans l’ordinateur de bord, j’appuie sur « Réjean » et le siège s’ajuste à ma position préférée. Les rétroviseurs de côté s’ajustent aussi et le volant se positionne en hauteur et en profondeur.  Je mets le sélecteur sur le reculons et la caméra de recul affiche l'image sur l'écran de 15 pouces et me guide hors du garage. Les radars me signalent les dangers par des sons plus ou moins inquiétants. Hors du garage, je mets en mode conduite et j’appuie sur la pédale. La voiture se met à rouler à la vitesse correspondant à la position de la pédale. Si je veux arrêter, je relâche la pédale et la voiture freine toute seule ou sinon, j’appuie sur la pédale de frein normalement. Tout se fait en douceur. Lorsque je suis sur l’autoroute, je presse le levier et il se met en mode « conduite assistée » et non seulement il maintient la vitesse à 65 mph, mais aussi il maintient la voiture entre les deux lignes blanches. Si une autre voiture en avant va moins vite, elle ralentit et ajuste la vitesse en conservant la distance réglementaire. Si je veux la dépasser, j’appuie sur la pédale et le moteur développe tellement de puissance que notre tête va s’appuyer sur l’appuie-tête justement. C’est une très belle expérience.

L'écran de 15 pouces affichent toutes les informations

et permet d'ajuster tout ce qu'on veut.

À la fin de la journée, après avoir pris un bon « Irish coffee » au Bueno Vista Bar, j’ouvre l’application Waymo pour commander la voiture sans chauffeur afin de nous ramener à Union Square, juste en face de Macy’s. Ce n’est pas nécessaire de le mentionner mais ça fait chier.

Je veux aller à Macy's dans le centre-ville.

Sur l’application, on me demande où je veux aller. J’écris Macy’s Union Square. Il répond que la course va durer 13 minutes et que le prix est de 29,50 $ américains (on est au États). Je confirme  et il dit qu’il va charger les frais sur ma carte. (C’est plutôt celle à Guillaume, ha ha). Ensuite il dit que la Waymo va arriver dans 13 minutes et que pour nous prendre, la voiture s’arrêtera sur la rue à proximité de ma position. Il me demande de nous déplacer à cet endroit et nous dit que c’est à 1 minute d’où nous sommes et me montre le trajet à faire à pied sur Google Map. Hélène et moi marchons jusqu’à l’endroit désigné. Et on attend la voiture Waymo.

Elle s'en vient

Sur mon téléphone, je vois le déplacement de la voiture sur une carte en temps réel. Je vois aussi lorsqu’elle s’arrête. Je vois aussi qu’elle prend du retard car il y a beaucoup d’autos et de piétons. Hélène qui se tient au coin de l’intersection voit Waymo arriver mais il s’arrête en arrière d’un Cable Car qui retarde la voiture. Waymo ne veut pas le dépasser et attend sagement que le Cable Car avance. Ensuite il tourne vers moi et va se stationner sur le bord de la rue et nous attend. C’est une Jaguar de style petit VUS et électrique, il va s’en dire.

Allez, pousse-toi cable car.

Sur le toit, sur sa boule radar, je reconnais mon identification « RD ». C’est bien moi. Alors j’actionne le déverrouillage des portières avec mon téléphone et les poignées se présentent pour leur ouverture. Hélène et moi entrons en arrière et nous nous installons. Une gentille voix féminine nous accueille et nous demande d’attacher nos ceintures. Un écran se présente à nous et nous voilà partis pour une ballade de 20 minutes dans la circulation de fous de San Francisco.

C'est très moderne et futuriste

Waymo démarre et accélère jusqu’à un arrêt. Justement, il se positionne juste en arrière de la ligne d’arrêt sans la dépasser. Il met son signaleur et après s’être assuré qu’il pouvait  repartir, il braque à droite et accélère. Il arrête aux arrêts, aux feux rouges, laisse passer les piétons en priorités. Un chauffeur parfait. Il ne dépasse pas la limite mais roule à bonne vitesse.

Des gens nous voient passer et prennent des photos sur notre passage éberlués de voir deux personnes en arrière d’une auto et personne devant.  Et nous nous sommes éberlués des prouesses de la Waymo.

Le feu est rouge et il y a trois autos devant. Le feu passe au vert, les autos démarrent et lorsque Waymo arrive à l’intersection, il s’arrête. Je me dis qu’il est un peu mêlé car le feu est vert pas rouge. Mais non, c’est parce qu’en avant il y’a trop d’autos et il ne pourra pas y aller sans empiéter sur l’intersection. Malgré les coups de klaxon intempestifs de l’auto derrière lui, Waymo ne bronche pas. Poli, il ne fait pas de doigt d’honneur à l’impatient derrière; il ne peut pas le faire, certes, mais la programmation évolue et on ne sait jamais. Lorsque les autos avancent, il calcule qu’il a assez de place pour se loger et il avance.

Ça se pourrait dans la prochaine version du programme.

La rue a deux voies. Waymo s’impatiente derrière l’auto bloquée par on ne sait trop quoi. Il vérifie autour de lui avec ses radars et braque à gauche pour changer de voie. Il a mis son signaleur et je vous jure que je ne savais pas qu’il pouvait tourner sans accrocher la voiture devant. Waymo le savait, lui, car il avait mesuré la distance avec ses radars et il a bougé avec confiance.

Il roule sur la voie de gauche et une auto mal stationnée empiète sur la voie. Waymo « regarde » tout le tour et esquive la voiture en se déportant sur la droite avec retour sur sa voie. Ouf, tant mieux, parce que moi, je ne l’avais pas vue.

On approche du centre-ville où se passent les activités de Noël. Il y a plein de piétons et pleins d’autos. Le feu passe au rouge. Waymo arrête pile à la ligne d’arrêt. Soudain, sans avertissement, Waymo démarre sur le feu rouge. Je suis éberlué. Ça y est, Waymo va nous mettre dans le trouble. Mais non, on entend une sirène d’ambulance et Waymo s’est tout simplement écarté pour laisser passer le véhicule d’urgence. Il l’avait entendu en plus, car, lui aussi, il a des appareils auditifs. En plus, il l’a vu mais pas moi. Après le passage du véhicule, Waymo a repris la route.

C'est un véhicule prioritaire, quand même.

Finalement, on arrive devant le Macy’s et la gentille voix de Waymo nous dit de patienter et d’attendre avant de détacher nos ceintures car Waymo doit trouver un endroit pour se stationner. Il hésite un moment mais il repère un espace un peu plus loin et se stationne en deux temps et un mouvement.

Nous ouvrons la portière et un couple est époustouflé de nous voir sortir d’une voiture sans chauffeur. Je referme la portière pendant qu’Hèlène essaie de répondre aux questions du monsieur tout énervé. Il aimerait bien essayer ça et Hélène lui dit de charger l’application Waymo sur son téléphone mais elle sait très bien qu’il ne pourra pas aller bien loin car le service n’est disponible que pour une clientèle ciblée. Nous, on a un certain privilège.

La portière est fermée mais elle ne se verrouille pas et l’auto ne veut pas repartir. Je retourne à l’intérieur et je vois qu’il faut appuyer sur le bouton de verrouillage. Après ça fonctionne. Les portes se verrouillent et Waymo repart vers une destination inconnue. Nous lui faisons des au revoir comme s’il était sensible à nos salutations. Il repart à la recherche d’un client privilégié.

Ah non, pas déjà arrivés?

On ne sait pas de quoi est fait l’avenir mais nous, on vient de s’y frotter un peu et c’est vraiment impressionnant. Il n’y a pas de doute, le pas de chauffeur est un meilleur conducteur qu’un chauffeur. La principale qualité d’un pas de chauffeur, c’est qu’il est toujours attentif à ce qui se passe autour de lui et il ne se laisse jamais distraire par quoique ce soit. Pour nous, il est vraiment très distrayant. Le futur est prometteur.

Le futur est prometteur