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2023-11-03-Du n’importe quoi-La goutte d’eau

Je suis tellement bien. Je flotte dans un beau nuage blanc, dans une totale plénitude, toute légère, dans un bonheur parfait. Je suis peut-être au paradis.

 

 

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Tiens, voilà que mon nuage devient de plus en plus gris et sombre. Un grondement me fait peur. Une force mystérieuse me pousse en dehors de mon nuage. J’ai beau résister, me faire petite, c’est impossible, je me fais expulser de ma demeure. Je panique, je crie : « mais laissez-moi, je ne suis qu’une petite goutte d’eau ».

 

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Et voilà que je m’alourdis et je me sens tomber dans une vertigineuse chute vers la terre. Je ne veux pas y aller sur la terre. Je ne la connais pas et elle est peut-être hostile. J’ai peur de disparaître. Heureusement, j’atterris sur la feuille d’un arbre qui amortit ma chute. Je peux me reposer parmi des milliers d’autres gouttes comme moi. Ça me rassure, mais je tremble d’effroi. La feuille essaie bien de tous nous retenir mais elle ploie sous l’effort et se retourne à bout de force. Comme pour les autres, la chute reprend et nous nous dispersons. Je finis ma course sur une fougère qui me prend dans sa tête de violon et me dépose à ses racines.

 


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Je suis entrainée sans trop savoir où je m’en vais. Je suis bousculée par le vent et je rampe péniblement jusqu’à un petit lac. Enfin, tout redevient calme et je peux reprendre mon souffle. Je descends un peu plus bas dans cet environnement aqueux. La température est agréable et je pense pouvoir  y survivre. Tout va mieux maintenant. J’apprivoise ce nouveau milieu. Je fais connaissance avec les quenouilles et les nénuphars qui sont vraiment très accueillants.  Ils me présentent leurs amis les puces d’eau et les grenouilles. Je me sens vraiment bien dans cette belle famille. Je pense que je vais y rester pour toujours.

 

 

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Le temps passe et malheureusement, on finit par me faire comprendre que ma situation est temporaire comme pour tous les autres d’ailleurs. On me dit qu’il faut que je fasse mon chemin, que je trouve ma voie. Je le comprends très bien et de toute façon, j’ai soudain envie d’aller voir ailleurs, de voyager, de faire mes propres expériences.

 

Justement, il y a un petit ruisseau à proximité qui pourrait me conduire vers de nouveaux horizons. J’ai un peu peur mais j’ai tellement soif d'aventures que je décide de foncer et je me faufile jusqu’à lui. Je saute dedans avec toute ma hardiesse et ma témérité. Ça va vite, le ruisseau m’emmène dans toutes sortes de dérives et j’ai du plaisir à revendre.

 

 

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C’est après un méandre plutôt serré que, sans trop m’en apercevoir, je débouche sur une rivière. C’est très inquiétant parce que c’est très gros. Je ne suis pas sûre d’être capable de parvenir à contrôler toutes les embûches qui surviennent. Il y a des rochers qui font bouillonner le cours d’eau, les chutes imposantes, les virages serrés. Je finis par accepter toutes ces contraintes et plutôt que d’appréhender les obstacles, je les défie.

 

 

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La rivière est longue. Je la maitrise de plus en plus. Mais, à la longue, je sens que je n’ai plus toute la fougue d'antan et tout comme la rivière, j’aboutis dans un long fleuve tranquille. Il est plus calme, ses soubresauts se résument à la marée qui le fait monter et descendre lentement de son lit. Paresseusement, je continue mon voyage avec lui jusqu’à un golfe clair.  Quoi, il n’y a plus rien après? C’est l’océan, c’est l’infini. Que vais-je devenir? Je vais disparaître? Je ne suis qu’une goutte dans l’océan. Je vais me perdre dans cet infini. Je suis finie.

 

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Non, je ne suis pas finie. Je ne suis pas disparue. Je réalise que je suis devenue l’océan. Je suis dans l’immensité et dans l’immensité, il n’y a pas de fin pas plus que de début. Je vois le bleu indigo de la mer qui se déverse dans le bleu du ciel. Le soleil me réchauffe et je suis attirée vers la surface. Une force mystérieuse me pousse en dehors de mon océan. J’ai beau résister, me faire petite, c’est impossible, je me fais expulser de ma demeure. Je panique, je crie : « mais laissez-moi, je ne suis qu’une petite goutte d’eau ».

 

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Et voilà que je m’allège et je me sens monter dans une vertigineuse ascension vers le ciel. Je ne veux pas y aller dans le ciel. Je ne le connais pas et il est peut-être hostile. J’ai peur de disparaître. Heureusement, j’atterris sur un nuage. Je peux me reposer parmi des milliers d’autres gouttes comme moi. Je me sens toute drôle. Je me sens chez moi. Mais oui, je suis chez moi. Je suis revenue chez moi. Je comprends maintenant que j’ai fait un merveilleux voyage.

 

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03/11/2023
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