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2021-05-26-Du n’importe quoi-Voyage en bateau à Sept-Îles

Le 21 mars dernier apparait une annonce, sur Facebook, d’un capitaine qui se cherche un marin ou une flottille pour se rendre à Sept-Îles à partir de La Baie. Ce capitaine est Alain Abat, mon ti-cousin, fils de Raymonde Perron, la fille de Marie-Paule Desmeules, une sœur de papa. Je réponds simplement : « J’y pense ». Il ne se passe pas beaucoup de temps que le téléphone sonne et c’est Alain qui me dit que je n'ai plus besoin d'y penser parce que, pour lui, c'est certain que c’est moi qui l’accompagne. Devant tant d’enthousiasme, j’accepte et je m’engage dans l’aventure.

 

Comme je n’ai plus de bateau, que je demeure marin et que c’est un voyage que j’ai toujours voulu faire, l’occasion est trop belle pour la laisser dériver. Les jours passent, les semaines aussi et après une petite réunion chez Alain, la semaine dernière, nous sommes impatients de partir. Considérant la météo, le vent et tant pis pour le froid, nous devançons le départ et c’est jeudi matin le 27 mai que nous appareillons. Tous les bagages sont prêts et sont chargés dans le bateau d'Alain : un Hunter 27 pieds, 1980. Un petit tour dans la baie me permet de faire connaissance avec le bateau. Nous fixons notre rendez-vous à demain, 6h, chez Alain et nous prévoyons larguer les amarres vers 7h en route pour Tadoussac.

 

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Comme prévu, je me lève à 5h pour mes derniers préparatifs. Il fait 4 degrés, ça s’annonce froid sur l’eau. Je fais mes « au revoir »  à ma fiancé et je me rends chez Alain à l'heure convenue. Nous embarquons ses affaires dans mon auto et nous nous rendons à la marina de La Baie. Mon auto restera là. Nous préparons le bateau et à 6h50 nous appareillons.

 

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Hunter de 27 pieds.

 

Le vent souffle dans la bonne direction. Nous déroulons le génois et le bateau s’élance. Le capitaine fait un appel à la Garde Côtière pour enregistrer notre plan de route. Je me suis habillé selon la méthode de l’oignon, c’est-à-dire plusieurs couches : bobettes, pantalons de jogging, chandail de sport à manches longues, pantalons pour la voile, deux paires de bas, une veste d’automne avec capuchon, habit de skipper Mustang, cache-cou, bonnet de sherpa et bottes de raquettes. Alain a à peu près la même tenue. C’est parti pour aller vite.

 

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Je ressemble à ça

 

 

Nous traversons la baie à grande vitesse : plus de 7 nœuds soit environ 13 km/h. Il ne fait pas chaud, il n’y a pas de soleil mais au moins il ne pleut pas. Et nous n’avons pas froid.

 

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Non, on n'a pas froid pantoute.

 

 

En arrivant dans le fjord, près du Cap au Leste, il y a des coups de vent, si bien que le bateau part au loft (tourne en direction du vent) et se couche méchamment. Par chance qu’Hélène n’est pas là. Mais tout est sous contrôle. D’ailleurs la Garde Côtière émet un avertissement de coups de vent dans le fjord du Saguenay. Alain me demande c’est quoi un coup de vent. Je hausse les épaules et je réponds que je ne sais pas. Il faut bien rigoler. Nous passons le petit village de Tableau et enfin le cap Éternité où je photographie la madone.

 

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Ave Maria

 

 

J’aimerais bien prendre un café mais pas question de cuisiner pendant cette navigation. Alain propose d’entrer dans la baie Éternité pour être à l’abri et pendant que je fais des ronds dans l’eau, il nous prépare un café.

 

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Bien à l'abri du vent juste à côté de la muraille 

 

 

Et on poursuit notre route. C’est vilain mais comme le vent nous pousse, il n’y a pas d’embruns. Nous mesurons la vitesse du vent avec un anémomètre portatif et nous avons 27 nœuds. Ouf!

 

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Le vent dans le dos, les yeux dans l'eau.

 

 

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Tiens-toé ben, on arrive

 

 

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Il y a de bonnes vagues pas vicieuses du tout

 

On arrive à Tadoussac à 14h30, soit un trajet de moins de 8 heures à une vitesse moyenne de 6,6 nœuds (12 km/h). C’est un temps record pour chacun de nous car je prévoyais une dizaine d’heures. On s’installe à la marina. Il n’y a presque pas de bateaux, la mise à l’eau se faisant pendant la nuit à la marée haute. Il n’y a pas d’électricité parce que Alex, l’alextricien, n’a pas fini son bouleau. Il n’y a pas de douche et ils en sont désolés. On est trop tôt dans la saison, je suppose.

 

Alain nous prépare le souper en prenant un rhum pour se médicamenter. On soupe en faisant la jasette et on planifie notre départ pour le lendemain. À 21h on fait dodo.

 

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Le rhum n'est pas un médicament pour le rhume

 

 

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J’ai très mal dormi. J’ai gelé comme une crotte. Je me suis bien endormi mais à mesure que la température baissait, je commençais à être inconfortable. À minuit et demi, je me lève et mets un chandail. À 4h00 je me lève et mets mes pantalons de jogging et des bas. Ça va mieux mais j’ai oublié ma tuque. La vapeur sort de ma bouche.

 

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Dans mon rêve

 

 

À 6h c’est la levée du corps. Facile pour moi, car je n’étais pas vraiment dans un sommeil profond. Alain me prépare le déjeuner : 2 œufs, toasts, cretons. Nous préparons le bateau et partons à 7h30. Il fait soleil et le vent est portant. Les prévisions donnent une vitesse de vent de 15 nœuds.

 

Nous prenons le chenal qui nous mène de la baie de Tadoussac jusqu’au fleuve. La marée est descendante et nous pousse jusqu’à une vitesse de 12 nœuds (22 km/h). Les bouées sont couchées tellement le courant est fort. En passant, on salue la Toupie.

 

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La Toupie ou le phare du haut-fond Prince à l'embouchure du Saguenay

 

 

Le vent nous porte au grand largue et nous établissons le génois et la grande voile arisés tous les deux (ça veut dire rapetissés en masse). Nous naviguons sans problème. Je me permets un petit somme sur le banc.

 

Et c’est là que survient le drame. Alain me crie de prendre la barre. Il lâche tout et se précipite sur le passavant tribord pour vomir le petit yogourt qu’il avait mangé au déjeuner. Je lui trouve une lingette et j’espère que ça ira. Non, ça ne passera pas. Il fera l’aller-retour du cockpit au passavant plusieurs fois dans la journée.

 

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Ce n'est pas gai. Pauvre Alain.

 

Le vent tombe vers midi et je dois partir le moteur si on veut arriver à Rimouski pour souper. Si le vent tombe, la mer ne s’aplatit pas pour autant. La houle est longue et le bateau se fait bercer d'un côté à l'autre et de bas en haut. Ça n’aide pas Alain du tout. Il devient comateux, somnolent et n’a plus le goût de vivre. Je le laisse dans cet état et je me bourre la face de sandwichs et d'une bière.

 

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Comment te sens-tu, Alain?

 

Je rencontre des oiseaux mais pas de baleine.

 

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Oiseaux perchés sur une branche très basse

 

 

Nous arrivons finalement à Rimouski vers 18h après une bonne dizaine d’heures de navigation. La marina a toute été refaite et c’est vraiment beau et aussi vraiment cher.

 

Nous avons de l’électricité, donc du chauffage pour la nuit. Je suis très fatigué et somnolent. Alain reprend du mieux et nous cuisine un excellent souper.

 

Étant donné les conditions du capitaine, il faut malheureusement mettre un terme au voyage et refaire des plans pour le retour. Nous avons quelques options et nous retenons la suivante : Alain prendra l’autobus jusqu’au traversier de Rivière-du-Loup. Sa chérie viendra le récupérer à Saint-Siméon. Je décide de rester une journée à Rimouski et je ramènerai le bateau Tadoussac dimanche et jusqu’à La Baie dans les jours suivant. À 21h, je m’endors comme une bûche bien à la chaleur dans mes joggings et mon chandail.

 

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Comme décidé, Alain va prendre l’autobus. Je l’accompagne jusqu’au terminus en prenant une marche de 20 minutes. Il part à 8h. Je retourne au bateau et me fait un bon déjeuner. Je prépare ma route pour demain et je vais prendre une marche dans les alentours.

 

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Le monde marin

 

 

La journée se passe en flânant un peu partout. Je prends une douche et je lis avant de me coucher.

 

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J’ai mal dormi parce que je pensais trop à ma journée de navigation. À 4h30, je me lève et décide de partir. Il fait super beau et si j’arrive trop vite à Tadoussac, j’attendrai en regardant les baleines.

 

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Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt

 

Ici je dois expliquer la stratégie de navigation. Pour entrer à Tadoussac, il faut remonter le chenal entre le fleuve et le Saguenay. Si la marée descend, le courant dans le chenal atteint 7 à 8 nœuds de vitesse et le bateau avance à 6 nœuds maximum. Donc, on recule de 1 à 2 nœuds. C’est comme si on montait une côte glacée et que les roues patinent. Par contre, si on se pointe à la marée basse, le courant sera nul  et si on patiente plus, le courant s’inverse et nous aidera à monter la côte. C’est pour ça qu’il faut arriver vers 14h30 pour profiter de la marée.

 

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Bonjour marina de Rimouski

 

En sortant de la marina, je fais un appel à la Garde Côtière pour donne mon plan de route : trajet de Rimouski à Tadoussac, une personne à bord, arrivée prévue 18h. Il fait beau, le moteur ronronne et ma vitesse sur le fond est de 7 nœuds car le courant de marée m’entraine.

 

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Bonjour beau phare

 

 

D’après mon GPS, mon arrivée est prévue pour 13h25. C’est trop vite mais je sais très bien que je vais perdre de la vitesse lors de la renverse de courant de la marée descendante. Je mets le pilote automatique et je regarde la nature. Les oiseaux marins plongent, sortent la tête de l’eau, survolent le bateaux et crient leur bonheur.

 

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Ç'est ressemblant

 

 

Je vais chercher un livre technique du fonctionnement du GPS pour approfondir mes connaissances. Je lis tranquillement et jette un coup d’œil aux environs de temps en temps. Soudain un cri strident provenant du tableau de bord. Une lumière rouge est allumée. Le moteur est en surchauffe. J’arrête immédiatement le moteur. C’est le drame numéro deux.

 

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Tu as chaud, toi?

 

 

Il est tout près de 10h. J’ouvre le compartiment-moteur et effectivement, le moteur a chaud. Le fond de la cale est rempli d’antigel. Je devine qu’il s’est vidé de son liquide de refroidissement. Je cherche la première cause possible : une durite sectionnée ou brisée. Je ne vois absolument rien. J’ouvre le bouchon du « radiateur » qu’on appelle échangeur et il est vide. Je le remplis d’eau ne serait-ce que pour refroidir un peu plus le moteur et je m’aperçois qu’il y a une fuite au niveau de la pompe de refroidissement. Je fais les palpations d’usage pour constater que la pompe est détruite.

 

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C'est elle, la coupable.

 

 

J’appelle Alain sur mon téléphone pour lui demander une suggestion car si je fais remorquer le bateau, il y a des frais normalement. Il me répond que je peux faire ce que je veux mais qu’il faut commencer par appeler la Garde Côtière pour les aviser et demander conseil. Je ne pensais pas que j’aurais à faire ce genre d’appel mais voici ce que j’ai appris dans mes cours :

 

La radio marine VHF est sur le canal d’urgence 16 et il faut répéter trois fois.

 

Moi : Panne, Panne, Panne. Panne, Panne, Panne. Panne, Panne, Panne. Ici le voilier Zéphyr, Zéphyr, Zéphyr, répondez.

 

Garde Côtière : Zéphyr, Zéphyr, ici Radio Garde Côtière, transférez sur voie deux, six.

 

Moi : Transfert sur voie deux, six.

 

Je mets la radio sur le canal 26.

 

Moi : Zéphyr à l’écoute sur voie deux, six, à vous.

 

GC : Zéphyr, quel est votre problème?

 

Après discussion puisque je ne suis pas en détresse, on me demande ma position et d’attendre les instructions. On me rappelle plus tard pour me demander si j’ai de l’eau et de la nourriture. Je réponds que j’ai beaucoup d’eau et pas de problème de nourriture. Il n’y a pas de vent, le bateau est encalminé et il dérive très très lentement. On me demande si je veux faire une demande d’assistance. Je dis que non car pour le moment tout va bien et que je vais essayer de me rapprocher de la côte nord avec les voiles si le vent veut collaborer. On doit se rappeler à toutes les heures. Je suis à vingt milles de Tadoussac et à 10 milles des Escoumins.

 

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Il fait beau, il n'y a pas d'urgence

 

Après discussion avec Alain, il me dit que je devrais demander une assistance car on n’en est pas à une heure près pour essayer de regagner la côte. Je lui demande de trouver une nouvelle pompe pour le moteur pour réparer lorsque je serai à quai.

 

Je mets toute la voilure et la brise me pousse à 1 nœud. Il y a de l’espoir? Non car la marée baissante m’entraine à 2 nœuds dans la direction opposée. J’appelle la Garde Côtière et je demande assistance. Ici au Canada, si je demande assistance, on va s’occuper de moi mais selon l’urgence et les priorités. On m’informe plus tard que le gros bateau de la Garde Côtière est parti de Tadoussac en montant vers Québec, alors on ne se fie pas sur lui. On m’apprend que selon les prévisions, un vent de 12 nœuds est prévu en après-midi et que je pourrai me rapprocher de la côte.

 

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J'attends le vent

 

 

Vers 13 heures, le vent se couche. Il n’y a plus rien. Je fais du sur place, le soleil me tapant le coco. Il fait si chaud que j’enlève me pelures d’oignons une à une pour me retrouver en T-shirt. Pour passer le temps, je sors les outils et démonte la pompe malade. Ce sera ça de fait.

 

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Tiens? Serait-ce une vague scélérate?

 

J’appelle la Garde Côtière et je deviens insistant. Je m’inquiète pour la marée montante à Tadoussac et s’ils ne viennent pas me chercher maintenant, je ne pourrai jamais me rendre ce soir. Finalement, on me rappelle pour me dire que le Zodiac de la Garde Côtière va partir entre 14h30 et 15h et qu’il prendra 25 minutes pour me rejoindre. Je demande si je dois donner ma position à nouveau. On me répond que ce n’est pas nécessaire car on me voit sur le radar. Je suis surveillé de près. On me dit aussi qu’on ma me remorquer au quai des pilotes à Escoumins, qu’il y a de la place au quai et que ce sera plus facile d’y faire les réparations. Je suis rassuré et je comprends qu’ils connaissent leur travail et qu’ils connaissent plus d’options que moi. Leur priorité demeure la vie des gens et ensuite le matériel. Si j’avais été en danger, sûrement que l’hélicoptère de Trenton serait déjà en route.

 

Finalement, vers 15h30, je vois arriver le Zodiac à pleine vitesse.

 

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Je suis sauvé

 

 

J’affale le génois qui me donnait encore du moral et je me prépare à accueillir la Garde Côtière. Ils sont quatre à bord et c’est une dame qui est capitaine. Elle me salue et donne toutes les instructions pour le remorquage. Ils fournissent tous les câbles, je n’ai rien à faire si ce n’est de les passer dans les chaumards et de les fixer aux taquets. Je leur précise qu’il ne faut pas dépasser la vitesse de coque de 6 nœuds. La capitaine me dit que c’était justement sa dernière question, la première était de me demander si je savais que la Garde Côtière n’était pas responsable de toute blessure et bris du bateau. Bien sûr!

 

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Je suis presque tiré d'affaires

 

Je suis remorqué à une vitesse de 5,5 nœuds environ et le trajet dure 1 heure et quart. En arrivant, on place le Zodiac à l’épaule et on l’amarre solidement. Ensuite, on manœuvre pour me coller au quai afin de l’amarrer.

 

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Zodiac à l'épaule

 

 

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L'arrivée dans la petite baie

 

 

Alain est déjà là prêt pour l’accostage. La capitaine doit remplir un rapport et demande les informations au capitaine du Zéphyr (c’est moi) et au propriétaire du bateau (c'est Alain) pour autres détails. Ils repartent après leur mission accomplie vers 17h30. Merci, je vais beaucoup mieux.

 

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Merci et bon retour

 

 

Après avoir bien installé le bateau au quai et même avoir pu brancher l’électricité, je demande la pompe à Alain. Je descends au moteur et Alain reste dans le cockpit pour aider. Mes outils sont prêts, je sais quoi faire et Alain me fait pleinement confiance. Dix minutes plus tard, la pompe est en place. On rajoute de l’antigel et j’installe la courroie d’entrainement en l’ajustant avec la position de l’alternateur. On démarre le moteur et je vérifie pour les fuites. Tout est beau. Alain n’aime pas un son bizarre. On pense que ça vient de l’alternateur. Je démonte la courroie et je vérifie partout. Il y a un petit jeu sur les roulements de l’alternateur. Je remets la courroie et on essaie encore. Le bruit est toujours là. Je demande à Alain d’arrêter le moteur. Je lui dis que je vais relâcher la tension sur l’alternateur pour soulager les roulements. Je fais un dernier ajustement et le bruit est disparu. En conclusion, l’alternateur doit être changé mais pour le moment, il devrait tenir. D’ailleurs on peut s’en passer mais il permet aussi d’entraîner la pompe alors il faut qu’il tourne.

 

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On a encore besoin de toi

 

 

La journée est terminée. On se prend un bon apéro rhumanesque et on déguste un excellent repas que Francine (compagne d'Alain) nous a cuisiné. Elle était déjà repartie quand je suis arrivé et je n’ai pas pu la remercier. Alain est bien content de terminer cette journée stressante. C’est là qu’on se rappelle de la maxime des navigateurs :

 

Ne cherchez pas l’aventure, car elle, elle vous trouvera.

 

 

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J’ai très bien dormi et Alain aussi. Il est remonté à bord, hier, alors il redevient le capitaine. La journée est maussade. Il a plu pendant la nuit. On va prendre une petite marche et on installe l’abri Tempo dans le cockpit pour naviguer sous la pluie. On fait tourner le moteur pendant au moins 15 minutes pour s’assurer que tout va bien.

 

Il nous cuisine un bon déjeuner et nous discutons du plan de route. Il nous faut environ 3 heures pour se rendre à Tadoussac. Il faut arriver vers 15h pour entrer dans le chenal (vous savez pourquoi). En partant à 11h, on a une bonne heure pour aller faire un tour à Grandes-Bergeronnes. Nous quittons donc comme prévu.

 

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Capitaine Alain sous abri Tempo

 

Et sous les nuages, sans vent et sans baleine le moteur ronronne bien et nous avançons à 6 nœuds. Je me rappelle une autre maxime :

 

Jamais deux sans trois.

 

Mais je ne crois pas qu’il puisse arriver autre chose. C’est assez, il me semble. Que nenni.

 

À  2 milles de la côte, Alain ouvre le compartiment-moteur pour jeter un petit coup d’œil. C’est le drame numéro trois. Il y a une voie d’eau par l’arbre d’hélice. Alain me demande de ralentir le moteur. Il vérifie la cale : elle est pleine d’eau. Il démarre la pompe de cale : nada. Elle tourne, mais elle ne vide pas. Il faut sortir la pompe manuelle et pomper l’eau dans une chaudière qu’Alain vide par-dessus bord. Le moteur arrêté, je surveille les alentours pendant qu’Alain sort les outils. Le problème vient du PSS. C’est un joint mécanique d’étanchéité d’arbre d’hélice. Alain essaie de faire les corrections mais il n’y arrive pas vraiment. On repart le moteur et si on ne maintient pas plus de 2 000 tpm (tours par minute), la fuite est restreinte. Ça va pour le moment.

 

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L'eau entre par le point 2

 

 

Mais il y a un nouveau bruit qui s’est rajouté. Je pense que c’est un objet dans les coffres qui cogne mais Alain ne trouve rien. On continue la route et lorsqu’Alain reprend la barre, je vais faire mon tour. J’ouvre le compartiment-moteur et je touche à tout ce que je peux. Finalement, je vois que le silencieux cogne sur la coque. Impossible de corriger ça mais au moins le problème est identifié et demeure tolérable. Non ce n’est pas le drame numéro quatre.

 

On continue notre navigation mais cette fois, droit sur la bouée S4 rouge qui est la première du chenal de Tadoussac. La marée a déjà une heure de montée et nous progressons normalement jusqu’à la bouée S8 rouge et finalement jusqu’à la marina.

 

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Bien amarré à Tadoussac

 

 

Une fois bien amarré, je propose de corriger le problème de la pompe de cale en premier car s’il faut naviguer avec une voie d’eau, vaut mieux que la pompe fasse son travail. Je démonte l’ensemble et je m’aperçois que le conduit est bloqué à 90% par une membrane de téflon. J’enlève l’obstruction et je branche le tuyau directement sur la pompe. Après essai, tout fonctionne correctement.

 

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On n'aura pas besoin de pomper en manuel

 

 

Ensuite, je fais une bonne inspection du moteur soupçonnant qu’il est mal fixé. En effet, je m’aperçois que la patte avant bâbord est cassée, que les deux de tribord sont lâches et donc qu’une seule tient le moteur désespérément. On sort les outils et on réussit à corriger le problème à 75 % (3 pattes sur 4).

 

Ensuite je demande à Alain d’ajuster le PSS et cette fois, on fait les bonnes actions et nous réussissons à l’ajuster correctement.

 

Nous faisons un essai-moteur et c’est un succès sur toute la ligne : plus de fuite même à 2 800 tpm, plus de bruit du silencieux et plus de vibrations. Je pense qu’on a fait le tour.

 

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Le PSS est ajusté et tout le reste est correct.

 

 

Il pleut, on prend l’apéro et Alain nous cuisine un bon souper. Ensuite on va prendre une marche et on se prépare à se coucher.

 

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Je me lève à 5h45 sans faire de bruit. Le capitaine dort. Je le laisse dormir et j’ouvre mon ordinateur et j’écris ce blogue. Il se réveillera vers 7h45 tout surpris que je ne l’aie pas réveillé. Après un bon déjeuner, nous quittons Tadoussac vers 9h pour Anse Saint-Jean prévu vers 15h. Il fait beau mais comme la marée est descendante, nous avons un courant qui nous soustrait  1 à 2 nœuds de vitesse.

 

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Salut, fleuve. Salut, Tadoussac.

 

 

Vers midi, la Garde Côtière émet un avertissement de grains, d’orage et de vents violents. Nous espérons bien arriver avant le grain mais le ciel s’obscurcit et le vent augmente. Il nous reste 6 ou 7 milles à faire. Je pense que ce sera juste.

 

Nous arrivons vers 14h30 et le vent est fort. Le capitaine prévoit un amarrage sur les gros quais des bateaux-navettes. C’est le plan B. Mais tout près du quai, on s’aperçoit qu’il n’y a pas de quais pour les bateaux-navettes. Alors, on prend le plan A et nous trouvons facilement un quai pour amarrer le bateau. Le vent souffle et il faut retenir le bateau par les amarres avec force. Tout finit bien et nous avons du temps en masse pour commencer l’apéro en avance. Le grain ne s’est jamais montré et le soleil est revenu.

 

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Bien rendus à Anse Saint-Jean

 

Alain nous concocte un très bon souper de poulet assaisonné, riz aux légumes et salade de choux Saint-Hubert. On passe une partie de la soirée à regarder des photos, de la famille Perron en particulier.

 

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Ce matin, comme j’avais exprimé le désir de partir tôt, Alain se pointe à 5h45 alors que je suis encore au lit. Nous préparons le bateau et Alain nous cuisine un bon déjeuner. Je prépare la route sur le GPS et à 7h10 nous quittons Anse Saint-Jean pour le retour à La Baie.

 

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Ô nuage, suspens ton vol.

 

 

La mer est lisse au départ mais en entrant dans le fjord, le vent souffle, quoique très modérément, dans la proue. Le moteur ronronne et la nature est belle. Le soleil, malgré son insistance, ne réussit pas à nous garder au chaud. Il faut mettre une pelure jusqu’à ma grosse veste Mustang.

 

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La muraille de Tableau

 

En arrivant près de Sainte-Rose, on aperçoit un voilier en direction opposée, toutes voiles fermées. On se demande bien pourquoi il ne profite pas de ce beau vent portant. Plusieurs minutes plus tard, on comprend : il n’y a plus de vent, la mer est lisse et on a chaud.

 

Rendu à mi-chemin dans la Baie, le vent se remet à souffler assez fort et nous arrivons à la marina à 13h. Après amarrage, Alain va chercher le chariot et je prépare mon baluchon. Notre périple se termine ici.

 

Ce fut un beau voyage rempli d’aventures comme tous les voyages. J’aurais bien aimé me rendre à Sept-Îles mais ce sera une autre fois. Il reste d’autres projets à faire.

 

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Fin

 

 

 



03/06/2021
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