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2023-11-10-La grande histoire-Les nouvelles technologies

De retour à Valin, Jos reprend sa place dans cette grande famille. Épiphane et Marguerite en sont bien fières. Il y a l’ainée, Marie (Léa) qui a 18 ans. Vient ensuite Joseph (Jos), Laure, Thomas, Lydia, David, Alexandre, Mathilde, Anna, Olivine et William âgé de 4 mois. Ça fait 11 enfants et 2 parents.

 

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Ben oui, les cousins, les cousines, les mononcles et les matantes.

 

 

L’automne arrive et comme par les années passées, Épiphane et son beau-frère Luc Maltais se préparent pour la chasse à l’orignal. Heureusement pour eux et peut-être aussi malheureusement, ils n’ont pas à se rendre à leur camp de chasse. Par un petit matin, un gros mâle est venu courtiser les vaches des Desmeules et en particulier Victoria, la vieille vache anglaise Durham, celle qui ne voulait pas chier dans la pelle. Épiphane l’aperçoit en allant à l’étable pour faire le train. Il retourne à la maison et va chercher l’arme de chasse, toujours prête, et l’abat d’un seul coup. Pauvre orignal, ça lui apprendra à essayer de séduire les anglaises.

 

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Ce n'est pas parce que tu es le roi de la forêt

que tu peux forniquer avec une vache même si

elle porte le nom de la reine du Canada.

 

 

Après les fêtes de 1894, Virginie, la femme de Luc, la mère d’Élisa et de Déliska, ne va pas très bien. Au dernier jour de février, elle meurt à l’âge de 31 ans alors que la petite Déliska n’a que 4 ans. L’avis funéraire a été publié dans le Progrès du Saguenay, le journal de la région que monsieur Alphonse Guay, son propriétaire, a fondé quelques années auparavant.

 

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C'est écrit petit en maudit

 

 

D’ailleurs, à cette époque, la presse (le journal) est en pleine expansion aux États-Unis et même chez-nous. La demande de papier journal augmente sans cesse. Les forêts américaines s’appauvrissent rapidement et c’est principalement le Québec, qui tentera de répondre aux besoins du marché international. Jos, qui lit assez facilement les journaux maintenant, sent qu’il y a du travail à faire dans le domaine.

 

En attendant, ça bouge dans le village. Un règlement du Conseil accorde à Edmond Tremblay le privilège de construire un aqueduc et de fournir l’eau aux résidents autour de l’Église Sainte-Anne à raison de « 8 piastres par chanteplure ». Edmond se fait aider par Charles Boivin (le grand-père du docteur Roch Boivin, ancien maire de Chicoutimi-Nord) et Alexis (Kessis) Tremblay (le grand-père de memére Desmeules). Ils étaient bien fiers de leur aqueduc, le premier de la région d’ailleurs, avant même celui de Chicoutimi. Les tuyaux étaient fabriqués en bois de pin rouge.

 

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Des tuyaux en pin rouge, ça rouille pas.

 

 

Avec l’arrivée du train et la demande de papier journal, la région entre dans une phase nouvelle d’industrialisation. Riche de ses immenses ressources hydrauliques, le Gouvernement du Québec assure son développement industriel en concédant, à des intérêts privés, de nombreux pouvoirs d’eau. Joseph-Dominique Guay, le frère de l’autre et un des rédacteur du Progrès du Saguenay, flaire un certain potentiel pour le papier journal. En même temps, un jeune prodige de 21 ans arrive à Chicoutimi pour diriger la toute nouvelle succursale de la Banque Nationale. Il s’appelle Julien-Édouard-Alfred Dubuc. Il se lit d’amitié avec monsieur Guay. Ces deux hommes d’affaires ont décidé de favoriser la croissance du Saguenay. Attention, ils sont tous les deux des canadiens-français pure laine et ont décidé d’aller jouer dans les plates-bandes des frères Price, anglais envahisseurs, faut-il le rappeler. Ces deux fanfarons ont ciblé le secteur de la rivière Chicoutimi, un peu plus haut que le moulin Price, pour leur projet de bois de pulpe. À partir de ce moment, la compagnie Price intentera diverses actions en justice et le feront pendant 15 ans.

 

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De gauche à droite, monsieur Guay et monsieur Dubuc.

 

 

Ce jeune monsieur Dubuc est un fervent catholique et il appuie la création du premier syndicat catholique d'Amérique du Nord et paie ses ouvriers en argent provenant, on peut le croire, de la réputé Banque Nationale qu’il dirige. Quant on pense que la compagnie Price paie les siens avec des bons d’achat, les fameux « pitons », de sa douteuse Banque à Pitons.

 

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Un syndicat catholique avec un pouvoir béni de négociation

 

 

C’est décidé, Jos ira travailler pour ce bon « boss ». Il ira bûcher le bois de pulpe pour un canadien français, un pied de nez à son père qui lui, a coupé du bois de sciage pour un anglais. Mais pas tout de suite, le projet n’est pas encore tout à fait sur ses rails si on peut dire.

 

Ce monsieur Dubuc est un moyen homme d’affaires. Il réunit quelques autres citoyens ayant le même projet à cœur et fonde la nouvelle Compagnie des eaux et de l’électricité de Chicoutimi. Un ingénieur civil de Québec fait une étude rapide des pouvoirs d’eau pour la compagnie. Il détermine que le meilleur site pour la construction d’un barrage hydroélectrique se situe sur la rivière Chicoutimi à un demi mille en amont de son embouchure. La construction de la centrale commence en mars 1895 et six mois plus tard en septembre, la turbine est installée et les fils sont posés.

 

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Une belle turbine, ça. C'est une Francis.

 

C’est dans la joie que le 29 septembre exactement que le dernier fils d’Épiphane vient au monde. Il est baptisé du nom d’Amédé. Il y a maintenant douze enfants dans la maison de Valin.

 

C’est dans joie que le 24 décembre, la cathédrale de Chicoutimi est le premier édifice public à allumer des ampoules électriques pour la messe de minuit. Quel progrès incroyable. À partir de ce moment-là, les vêpres qui étaient célébrées à une heure et demie de l’après-midi ont lieu après le souper.

 

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Tu peux éteindre les chandelles maintenant

 

 

Et en plus il y a le téléphone. Il y a eu des balbutiements depuis un certain temps mais on peut dire que l’implantation du téléphone se fait vraiment en 1895 dans toutes les municipalités de la région. Sur la rive nord de la rivière Saguenay, tous les paroissiens de Ste-Anne qui veulent utiliser le téléphone, peuvent se rendre chez monsieur Tremblay qui tient le bureau central. Il y a aussi des appareils, chez monsieur Alexis Tremblay (Kessis), marchand général, au débarcadère de la traverse et finalement, chez le curé David Roussel, président de la Société. Coudonc, est-ce qu’il s’occupe de la religion celui-là?

 

Parlant de téléphone, on se rappelle que Jos est venu au monde la même année que l’invention du téléphone par Alexander Graham Bell en 1876? Bien ce n’est pas vrai pantoute. Oui c’est vrai que Jos est venu au monde la même année que l’invention du téléphone mais ce n’est pas vrai que c’est Alexander Graham Bell qui a inventé le téléphone. Quoi? Vous exclamez-vous?

 

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Ben oui et j'ai fait mes recherches

 

 

Histoire d’une grande supercherie

 

Monsieur Élisha Gray, est un américain pure laine qui invente, en 1876, le télégraphe musical, l’ancêtre du « synthétiseur ». Il dépose, la même année, un avis de brevet concernant la technique de conversation par téléphone le même jour qu’Alexander Graham Bell mais deux heures avant lui. Cependant c’est Bell qui reçut la gloire et la fortune, au grand malheur de Gray.

 

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De gauche à droite, monsieur Elisha Gray et monsieur Alexander Graham Bell

 

 

Ce n’est pas tout. En 2002, aux États-Unis, on reconnait que le téléphone est aussi l’invention de l’italien Antonio Meucci. En effet, déjà en 1850, il avait créé l’ancêtre du téléphone et en 1860, un journal américain en fait mention. C’est à ce moment que la Western Union Telegraph Company invite Meucci à venir faire une démonstration. Alors que son matériel est entreposé dans les locaux de la compagnie, on soupçonne que Bell est allé jeter un coup d’œil à l’invention. Il n’a eu qu’à attendre que Meucci perdre ses droits, faute d’argent pour les payer, pour déposer son brevet deux heures après Gray comme on le sait.

 

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C'est en faisant confiance aux anglos

qu'on se fait fourrer

 

Ce n’est pas tout. En 1878, Cyrille Duquet, un bijoutier de la rue Saint-Jean à Québec, obtient un brevet pour l’invention d’un téléphone qu’on appelle le « téléphone français ». Au lieu d’avoir un cornet pour entendre et un cornet pour parler, Duquet invente le combiné qui regroupe les deux cornets sur le même appareil. Il avait établi une correspondance écrite avec monsieur Bell.

 

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Un combiné, ça combine le micro

et le haut-parleur sur le même appareil.

 

 

Il installe plusieurs lignes téléphoniques dans la ville de Québec qui devient l'une des toutes premières du monde à bénéficier de cette invention révolutionnaire, le combiné téléphonique. Monsieur Bell, le père de l’autre, qui surveille les intérêts de son fils, offre à Duquet d’acheter les droits de Bell pour implanter son « téléphone français » en sol canadien pour la rondelette somme de 20 000 $. Le pauvre Duquet est incapable de réunir cette somme et quelque temps après, la Canadian Telephone Company (plus tard Bell Canada) l’accuse d’avoir plagié Bell. Il perd en justice et doit vendre son invention à la Canadian Telephone Company pour la somme de 2 100 $ et renoncer à tout projet dans le domaine de la téléphonie. C’est comme quand un ti-québécois se fait écraser par un anglais. Et pour en rajouter, sachez que le premier « téléphone français » est conservé chez Bell Canada.

 

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C’est une triste histoire et malheureusement, il y en aura d’autres.

 

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Vieux téléphone photographié en Belgique

 

 

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Il a été fabriqué au Québec

 



10/11/2023
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