2023-02-05-La grande histoire-Une nouvelle maison
On ne connait pas toute l’histoire mais lorsque Luc Maltais, le beau frère d’Épiphane, est venu pour la chasse à l’orignal de cette année, on apprend qu’il a perdu son travail comme journalier à la municipalité. C’est la raison pour laquelle il confie à Épiphane son intention de revenir vivre avec sa femme à la ferme de Valin. Sur le coup, Épiphane n’est pas trop heureux de cette nouvelle. Déjà qu’il y vit avec sa Marguerite, sa belle-mère Justine et ses huit enfants, la maison est pleine, pense-t-il.
Figurants professionnels pour représenter
la famille Desmeules de l'époque
Cependant, la nouvelle lui fait tourner les méninges et une idée pas si farfelue, lui entre dans le coco. Après plusieurs jours de réflexion et une brève consultation auprès de Marguerite, il prend la décision de construire une nouvelle maison pour sa famille à lui. Luc pourra ainsi reprendre la maison paternelle et s’occuper de la belle-mère. C’est un bon plan.
Oui, monsieur.
À Noël, suivant la fameuse chasse à l’orignal, Luc et sa femme Virginie emménagent avec les Desmeules. C’est avec joie et inquiétude que Virginie annonce qu’elle est enceinte pour la deuxième fois, elle qui a perdu son premier bébé. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, Marguerite annonce, elle aussi, qu’elle est enceinte de son neuvième enfant. L’année 1887 en sera une de grands bouleversements car en plus de deux nouveaux bébés, Épiphane dévoile son projet de construire une nouvelle maison.
Deux bébés en vue
À la fin de l’hiver, on profite des routes gelées et du pont de glace sur le Saguenay pour aller à la scierie des Price, au Bassin, chercher le bois nécessaire à la construction. Joseph est très enthousiaste. Il ne lâche pas son père d’une semelle. Il l'accompagne dans tous ses déplacements et activités pour la construction. Il aime travailler le bois et du haut de ses 11 ans, il a bien l’intention de construire la nouvelle maison avec son père.
C'est Joseph
Le beau-frère Luc fait partie de l’équipe des charpentiers. La maison est construite au bout du chemin Desmeules, non loin de la maison des Maltais à Valin. Épiphane est très fier de son nouveau projet mais malheureusement il n’obtient pas la première page du journal, qui elle, est consacrée a un autre projet de construction : la tour Eiffel à Paris. C’est Joseph qui a aperçoit le nom d’Eiffel dans le journal. Il le connaît ce nom pour l’avoir déjà vu encore dans le journal, lors de l’inauguration de la Statue de la Liberté. Il apprend, en déchiffrant les caractères d’imprimerie, que la tour de mille pieds de hauteur sera construite pour l’Exposition Universelle de Paris de 1889. Mais qu’est-ce que ça veut dire tout ça? Attends, Joseph, un jour tu comprendras.
Joseph a toujours conservé
la première page du journal
La neige finit par fondre et le sol commence à dégeler sous les chauds rayons du soleil du printemps. Ce n’est qu’en mai qu’on commence à creuser la terre pour construire les fondations en pierre des champs. La technique est simple: on creuse une tranchée de deux à trois pieds de profondeur pour empiler des pierres qui servent d’assise sur laquelle on construisait la maison.
Le début du projet
Les poutres du plancher reposent sur cette fondation et on peut commencer l’érection de la charpente en bois. Avec tout son enthousiasme, Joseph démontre de vrais bons talents de charpentier, ce qui fait bien l’affaire à Épiphane. Et Joseph est très heureux, c’est son métier, il le sent. Il travaille sans relâche et même, il se permet de chanter :
« Je bâtis ma maison sans l’aide de personne et je prends bien mon temps
Je veux qu’elle soit splendide et qu’elle me dure longtemps
Je bâtis ma maison à coup de mélodies et à coup de chansons
Tout comme une pyramide, elle bravera le temps et pour au moins cent ans »
Jacques Michel, chanteur québécois, a dû s’inspirer de ces paroles pour écrire sa chanson en 1966, « Je bâtis ma maison ».
Il ne ressemble pas à Joseph
Ce n’est pas une pyramide, certes, mais la maison existe toujours, aujourd’hui, après 135 ans.
Jadis
Maintenant
Le 7 juillet, Virginie met au monde une petite fille que l’on baptise le jour même. Son nom est Élisa. Il faut la baptiser au plus vite car, il y a deux ans, la pauvre Virginie a accouché d’un garçon mort-né. L’enfant a été ondoyé et il est resté anonyme. Mais cette fois, on sent que la petite va vivre. Ses cris sont puissants et elle réclame le lait maternel avec avidité. Elle est forte et vigoureuse. Virginie n’a pas de doute, Élisa a une bonne vie devant elle.
Ou la vlimeuse
Ce n’est que deux semaines plus tard, le 20 juillet, que Marguerite met au monde un garçon qu’on baptise Edmond. Si la petite Élisa grouille de vie, on ne peut pas en dire autant du petit Edmond. Plutôt chétif, il ne grossit pas très vite. Ses yeux sont tristes, il n’est pas très vigoureux et on est vraiment inquiet.
Pauvre petit Edmond
La construction de la maison, quant à elle, avance vite. Toute la famille contribue à la tâche si bien que même s’il manque quelques commodités, la famille pourra s’y installer avant que la grosse neige ne commence à tomber. Les fêtes ne sont pas aussi joyeuses que l’an passé. Quelques jours après la fête des rois, Edmond décède dans les bras de sa mère. Les temps sont durs parfois.
Requiescat In Pace (RIP)
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