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2019-03-19-La grande histoire – Des fleurs et Alexis

Tout va bien à Murray Bay, le paysage est bucolique et Joson n’a aucun problème. Il touche une bonne rente de la production de l’Aquavit que son frère exploite sous sa licence et il faut dire qu’il bourre sa pipe avec des fleurs. Parlant de fleurs, avez-vous déjà vu des fleurs de lin? C’est tellement beau!

 

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C'est donc bien beau des fleurs de lin

 

 

Joson les connait bien ces fleurs parce que son père en a toujours eues dans son champ de patates. Il s’est toujours demandé pourquoi d’ailleurs et un jour Jean-Marc monta sur la petite colline au bout du champ. S’adressant à Joson, il le harangua en ces mots : « fils, bienheureux celui qui épand des graine de lin sur son champ de patates car, des parasites, il en sera débarrassé ».  Ce à quoi, Joson répondit : « père, de tes mots je comprends qu’il n’y a pas que ma pipe qui trouble la pensée ».

 

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Il fume aussi, lui?

 

 

En d’autres mots, Jean-Marc voulait dire qu’en faisant pousser du lin au travers de ses patates, ça empêchait la prolifération des doryphores. Bon encore un mot savant que je comprends pas. Un doryphore c’est un insecte qui attaque les plants de pommes de terre : c’est une bibitte à patate. Ah, tu veux dire une coccinelle? Ben non, ignare, une coccinelle, c’est une bête à bon dieu, ce n’est pas la même chose. Une coccinelle est aussi un insecte mais elle est bénéfique, au contraire. Elle est de notre bord, c’est un prédateur vorace et efficace contre les insectes ravageurs et contribue ainsi à protéger les cultures de légumes et les vergers. En plus, elle ne pique pas et ne transmet pas de maladies. T’es-tu démêlé, là parce qu’il faut revenir aux fleurs de lin. Le lin produit une jolie fleur qui semble inoffensive mais qui fait fuir les bibittes à patates. Alors si tu veux des patates, sème du lin.

 

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bibitte à patate

 

 

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bête à bon dieu

 

 

C’était le dernier enseignement de Jean-Marc. Le 16 septembre 1808, par une belle journée ensoleillée, alors qu’il ramassait ses patates, Jean-Marc ressentit une forte douleur à la poitrine. Il s’agenouilla et perdit conscience. Il est mort dans son grand champ de patates, les fleurs de lin l’entourant pour son dernier repos. Il avait soixante ans.

Pour honorer son père, Joson a décidé qu’il ferait pousser du lin à côté de son chanvre. Normal, car dans ce temps-là, le lin répondait à des besoins personnels et domestiques : tissus, draps, literie, lingerie, vêtements, etc. Le lin est une plante produisant des fibres comme le chanvre et Joson connait déjà le procédé de rouissage pour extraire les fibres. Il ne reste plus à Constance qu’à carder les fibres, les filer, les tisser pour en faire des couvertures.

 

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C'est beau Constance et ça l'air chaud

 

Il n’est pas le seul à cultiver le lin, la plupart des habitants le font. Et le nombre d’habitants de Murray Bay grossit rapidement. Il faut dire qu’il y a une vingtaine d’années, la population n’était que de 250 personnes. Mais maintenant, en 1809, il y a un essor démographique, à commencer par Célestin, le cinquième enfant que Constance met au monde le 4 avril. Il ne fait pas partie de notre lignée mais il faut quand même mentionner qu’il a fait une vie prospère. Il a traversé la rivière Malbaie et est allé s’installer à Cap-à-l’Aigle.

 

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Ça peut faire une belle histoire

 

 

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On pourrait aller voir Célestin, c'est le quatrième à gauche

 

 

En 1910, c’est la fête chez les amis de Joson. Vous vous rappelez que quand il est venu s’établir Pointe-au-Pic, il devait avec son épouse, vivre chez des voisins et amis afin de pouvoir construire sa maison. Je ne vous les avais pas présentés à ce moment là mais maintenant il est important de le faire pour comprendre le futur. Alors, ces amis, ce sont François Tremblay et Madeleine Beauché. Ils avaient une terre dans l’ouest de l’Isle-aux-Coudres qui touchait à celle des Desmeules. Ils ont quitté l’Île avec toute leur famille un peu avant que Joson et Constance ne fassent de même. Ils ont toujours été proches et aujourd’hui, ils fêtent la nouvelle concession que leur fils Alexis vient d’obtenir comme Joson il y a dix ans.

 

 

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On arrive chez les Tremblay

 

 

Pourquoi parler d’Alexis Tremblay? Fait-il partie de la famille? Non et oui. Pour répondre, il faut aller dans le futur et aussi dans le passé. Mais avant de faire ces petits voyages, il faut identifier les Tremblay car nous savons tous qu’on peut se mélanger. Pour les identifier, on leur donne un surnom. Dans le cas qui nous intéresse, ce sont des Tremblay Picoté. Ah!...Ça me dit quelque chose ça. Oui parce que dans le futur, notre Alexis Tremblay Picoté fondera la Société des vingt et un et fera partie de ceux qui iront coloniser le Saguenay et fonder la région. D’ailleurs, le nom de Canton Tremblay a été donné en son honneur. Aujourd’hui Canton Tremblay, c’est Chicoutimi-Nord.

 

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Monument à la mémoire des 21 à La Baie

3253 boulevard de la Grande-Baie sud

 

 

Dans le passé, Alexis est le fils de François de l’Isle-aux-Coudres, lui-même est le fils de Louis toujours de l’Isle-aux-Coudres qui a marié une fille de lÎle d’Orléans mais pas n’importe laquelle : Marie Monique Desmeules, l’avant-dernière fille de Joseph, sœur de Charles. Le monde est petit, hein? Ce n’est pas tout, Louis est le fils de François-Xavier de Baie St-Paul, lui-même le fils de Pierre Tremblay de Château-Richer, le premier Tremblay français parti de France pour venir en Nouvelle-France. Et juste pour le sourire, il a marié à Québec, Osanne Anne Achon, elle aussi de France. Ce n’était pas une « fille du roy », mais une « fille à marier ». Les « filles du roy » sont arrivées après.

 

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Osanne Anne Achon n'était pas

une fille du roy

 

 

Revenons à Alexis Tremblay Picoté. Il n’a que vingt et un an, une douzaine d’années de moins que Joson. Depuis quelques hivers, Joson l’emmène bûcher au bout de sa terre. Le bois est en forte demande et les revenus sont intéressants. Croyez moi ou croyez moi pas, c’est grâce à Napoléon. Ben oui, parce ce que le petit homme fait la guerre avec ses voisins européens. Peu de temps après avoir été nommé empereur, Napoléon met en vigueur un blocus continental à l’endroit de l’Angleterre. Cette dernière ne peut plus alors s’approvisionner en bois des pays scandinaves dont elle a tant besoin pour sa flotte navale. L’Angleterre se tourne alors vers ses colonies d’Amérique du Nord et nous en sommes une. Ainsi, la nouvelle seigneurie de Murray Bay est un secteur privilégié pour acheminer le bois vers les bateaux qui partent du port de Pointe-au-Pic.

 

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Bûcherons de l'époque

 

 

Et nous sommes en 1810. Qu’arrive-t-il? La suite dans un prochain chapitre.

 

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19/03/2019
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