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2016-01-11-La grande histoire-Jean-Marc, les gourganes et l'aéroport

Le traité de Paris de 1763 met fin à la guerre de Sept Ans entre l'Angleterre et la France (et l'Espagne, même si on a tendance à l'oublier). Même si le traité est rédigé en français, ce sont les Anglais qui ont gagné. Leur roi George II est mort depuis 3 ans et c'est son petit-fils George III qui signe le traité devant le roi français Louis XV, lui aussi petits-fils de Louis XIV mort depuis longtemps. George III est né en Angleterre et ne parle pas un maudit mot de français. Son grand-père ne le lui a pas enseigné, pourquoi faire d'ailleurs.

 

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Le traité en question

 

Toutes les colonies françaises étaient acquises par George. Cependant, son sens politique lui dictait une certaine modération. Il accepta donc de rétrocéder à la France des colonies sans préciser lesquelles. Ti-Louis s'est trouvé à choisir entre le Canada et les Antilles. Et devinez quoi, il a choisi les Antilles.

 

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Les Antilles, ça ressemble à ça et le Canada, à ça

 

Pour nous, les descendants des canadiens, que pouvait bien représenter ce traité de Paris de 1763?. Avant cette guerre, les Français possédaient beaucoup de territoires en Nouvelle-France. Après la victoire des Anglais et l'abandon des Français qui sont allés se faire bronzer aux Antilles, les canadiens ont été réduit à vivre seulement dans la province de Québec. Dommage, car avant, le territoire français s'étendait jusqu'au golfe du Mexique, soit la Nouvelle-Orléans.

Regardons tout ça sur les cartes suivantes:

 

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Avant la guerre et après la guerre

 

Avant la guerre, nous avons le plus grand territoire, les anglais sont autour de la Baie d'Hudson et les espagnols sont au Mexique et en Floride. Après la guerre, Il ne nous reste qu'un petit lopin de terre, les anglais ont presque tout et les espagnols ont l'ouest de l'Amérique. Les indiens, eux, ne feront pas vieux os.

 

Attention, ce n'est pas si simple car il y a les américains. Que c'est ça, encore? Les colons français au Canada, ce sont des canadiens. Il vivent dans la province de Québec.  Les français ont sacré leur camp à la Barbade, on l'a déjà dit. Les colons anglais en Amérique, ce sont des américains. Ils vivent en Nouvelle-Angleterre. Les anglais sont restés et sont partout.

 

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Colons français et colons anglais

 

Les Français n'avaient pas compris que les Britanniques (les anglais) voulaient le Canada avant tout comme base stratégique pour se défendre dans les guerres à venir contre les Treize Colonies (colonies anglaises dont on vient de parler où vivent les américains). Les 70 000 habitants de la vallée du St-Laurent pourraient fournir à l'armée britannique une partie de la logistique qu'elle aurait besoin dans l'éventualité d'une guerre majeure contre les Yankees (surnom donné aux habitants des Treize Colonies).

 

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Les treize colonies américaines

 

Notre ami Jeff (le général Jeffrey Amherst) nomma James Murray gouverneur de Québec (le pays et non la ville, nommé The province of Quebec) juste après la signature du traité de Paris. James est le fils de Alexander qui expatria 1 100 acadiens de la Nouvelle-Écosse en 1755 lors du Grand Dérangement. James parle très bien français et est donc tout désigné pour gouverner le pays. Il connait très bien Québec pour avoir participé à la bataille des plaines d'Abraham sous les ordres de Wolfe.

 

Le gouvernement britannique, en la personne de James Murray, assura aux habitants le droit de conserver leur propriétés et de pratiquer leur religion catholique "en autant que le permettent les lois de la Grande-Bretagne". Or, les lois de la Grande-Bretagne ne permettaient pas grand-chose à ce sujet. Sacré James qui mesurait bien la naïveté des colonisés d'autant plus que, même aujourd'hui, toujours aussi naïfs, nous lui avons désigné une rue dans la ville de Québec partant du boulevard de la Grande-Allée près du collège de Mérici jusqu'à un peu plus loin que le chemin Ste-Foy.

 

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Ce n'est pas embrouillé, ce sont vos yeux qui pleurent

 

Que fais Jean-Marc pendant ce temps. Il a 15 ans et après la construction du moulin à vent, il n'a pas beaucoup de projets en vue. Il a pensé à reprendre l'entreprise paternelle, la "Canots de l'IAC-Bibi design inc." mais l'écorce, ce n'est pas son dada. Bien sûr il y a la terre et il s'en occupe bien. Sa spécialité, on la connait, c'est la culture des patates. Maudites patates, il commence à en avoir plein sa poche. Il décide donc de varier un peu la culture et il se fait un beau jardin.

 

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Le jardin à Jean-Marc

 

Tout comme son grand-père et son père, il se fait des amis avec les indiens de la côte. Lorsqu'il traverse à Baie St-Paul, on le reconnait facilement car il pagaie le canot de son père. Les indiens de la banlieue de Baie-Saint-Paul l'accueillent toujours chaleureusement. De ses amis de souche, il apprend à cultiver la courge, les haricots, le maïs et la citrouille iroquoise. Tous ces légumes sont très peu connus des français.

 

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Citrouille iroquoise

 

 

Son jardin fait très vite l'envie des autres habitants de l'île. Il en profite pour leur troquer du blé contre des courges et des patates. Une fois par semaine il transporte son blé avec Marianne qui s'en va-t-au moulin pour y faire moudre son grain. Marianne est sa voisine. Les repas de la famille Desmeules deviennent de plus en plus variés et festifs. Pour les desserts, et en saison, les enfants partent avec Jean-Marc pour la cueillette des petits fruits. Les plus prisés sont les gadelles et les atocas. Jean-Marc est devenu le chef de la famille et dans les deux sens du mot.

 

Après le succès de son gratin coudrier, Jean-Marc voulait inventer "la soupe aux gourganes". Malheureusement pour lui, personne sur l'Île ne cultivait le "barley" et en plus, elle avait déjà été inventée. En tout cas, c'est ce qu'il l'apprit sur le perron de la chapelle un dimanche matin du mois de novembre alors qu'un événement nouveau faisait jaser: la Gazette. Après la messe dominicale, le curé fit la lecture de la Gazette de Québec, le tout premier journal à être publié dans la colonie. La date inscrite dans le haut du journal était le 21 juin 1764.  Hormis les lois et les décrets, qui n'intéressaient pas notre jeune homme de 16 ans, la lecture de la recette de "la soupe aux gourganes" attira son attention. Elle provenait de Ricardo, un italien du Cap Tourmente où Samuel de Champlain avait construit sa ferme au siècle dernier. Les gourganes qui n'étaient pas connues par les habitants de l'Île avaient été importées de France par Samuel. La curiosité de notre chef lui fit faire des recherches un peu plus poussées avec le curé et un jour, il réussit à obtenir des gourganes qu'il planta dans son jardin. Depuis ce temps, la soupe aux gourganes suit notre lignée des Desmeules.

 

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La soupe aux gourganes de Jean-Marc

La recette a évoluée quelque peu depuis ce temps

 

Maintenant que la guerre est terminée et que les traités de paix sont signés, il est temps de régulariser la transmission du patrimoine de Charles. En ces temps-là, les règles de succession suivaient à peu près ce qui se faisait en France. Ainsi, à la mort de Charles, sa veuve obtenait la moitié de la terre et la totalité de tous les bâtiments. La deuxième moitié de la terre était divisée en parts égales entre les enfants. Dans le cas de la famille Desmeules et selon la coutume, il a été convenu de laisser la propriété à Jean-Marc, l'aîné des garçons à la condition qu'il prenne soin de sa mère et de ses frères et sœurs aussi longtemps qu'ils en avaient besoin. Dans le cas des 4 filles, elles  attendraient le mariage et quitteraient probablement le patrimoine. Dans le cas des garçons, il y avait François et le petit Jean-Baptiste. Il a été convenu que s'ils quittaient la terre, une part monétaire leur serait attribuée.

Une fois toutes ces choses sérieuses réglées, Jean-Marc aime bien s'amuser comme tout le monde. Pendant que les patates poussent, au mois d'août, il décide avec son frère François, de fabriquer un cerf volant. Avec des branches de coudriers et de l'écorce de bouleau récupérée de "Canots IAC-Bibi design inc." ils se confectionnent un cerf volant qui, à la surprise générale, vole comme un oiseau. Enfin pas tout à fait car il monte dans les airs et demeure statique au bout de la corde. À cette période de l'année, les vents sur l'Île sont assez forts et comme la partie de la terre près de la mer est pentue, le vent de la mer souffle sur la pente et provoque une force ascendante à l'engin.

 

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Le premier cerf-volant fait d'écorce

 

Fort de leur succès, les frères Desmeules construisent l'année suivante un autre cerf volant. Ils poussent l'audace de décupler l'envergure de la machine volante et de lui donner la forme des ailes d'une mouette. Mais quand le vent réussit à s'engouffrer sous les ailes, le cerf volant s'envole et va retomber un peu plus loin en cassant quelques branches de coudriers. Les frères Desmeules ne perdent pas leur enthousiasme et réparent les blessures de leur engin. Cette fois-ci, on prévoit le coup et la corde, plus solide, est attachée à un tronc d'arbre. François soulève les ailes et le vent propulse l'oiseau vers le ciel. Lorsque la corde se tend, le tronc d'arbre se fait tirer si fort que Jean-Marc doit sauter dessus pour l'empêcher de partir avec. Le bonheur et l'euphorie dure une dizaine de minutes avant que le cerf volant ne retombe sur terre sans se briser.

 

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Version moderne de l'aile de mouette des frères Desmeules

Le cerf-volant original n'a pas résisté à l'usure du temps

 

Quelques jours plus tard, les frères Desmeules se proposent de faire le premier vol habité. Les conditions météo étant des plus favorables, ils vont chercher un cochon de lait dans l'étable. Le cochon est très heureux de participer à cette envolée.

 

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Un cochon heureux

 

Jean-Marc l'attache à la corde du cerf volant à la place du tronc d'arbre. Cette fois, il attache une autre corde pour tenir le cerf volant. Quelle folie! François répète son manège. Il soulève les ailes et le cerf volant prend son envol entraînant dans les airs le cochonnet. Jean-Marc retient la pauvre bête suspendue entre ciel et terre. On entend les cris du cochonnet à des milles à la ronde, couvrant même le bruit des vagues de la marée montante. Quelques habitants aperçoivent le spectacle et plusieurs pensent à une manifestation diabolique. Quelques minutes plus tard, le vent relâche la pression et le cochonnet atterrit avec fracas. Mais comme il tombe sur le derrière, il rebondit sur sa queue en tire-bouchon et il s'en sort indemne.

 

Cécile qui entend ces cris de cochon n'est pas très contente et met fin à ces jeux ridicules sans autre forme de procès. Beaucoup plus tard, on aménagera un "air porc" sur la terre de Charles qui sera l'aéroport officiel de l'Isle-aux-Coudres.

 

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L'air porc de l'Isle-aux-Coudres

 

Aujourd'hui encore, de petits avions y décollent et beaucoup de parapentes à moteur.  À cause de cette histoire, la famille Desmeules, qui a connu des mères beaucoup plus sévères que Cécile, n'a pas produit beaucoup de pilotes d'avion. En fait, il y a eu deux individus de cette espèce qui on osé prendre l'air. À vous de les découvrir.

 

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L'aéroport actuelle est exactement sur la terre de Charles

 

 

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 Tout n'est pas vrai mais tout se tient

 

À suivre...

 

 

 



11/01/2016
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