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2013-09-25-La grande histoire-La traversée

La traversée de l’Atlantique vers le nouveau monde se faisait en trois mois environ avec un départ en avril. Le capitaine Alexandre, avec tous ses déboires et petits boires finit par prendre le large en juin seulement; la date précise est inconnue. Le temps n'avait pas d'importance pour ces gaillards. L’appareillage se fit tôt le matin par une belle journée ensoleillée.

 

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Enfin en mer!

 

Vers midi, on laisse Cherbourg sur bâbord. Joseph se rappelle bien de la bataille de la Hougue, il y a 15 ans en 1692 car son père le lui a raconté maintes fois. La France y a perdu trois navires militaires. Louis XIV, ayant privilégié un autre port de mer, Cherbourg n’a pas eu les fortifications demandées et les Anglais et Hollandais en ont profité. Malgré ce pincement au cœur, Joseph laisse derrière ces souvenirs et pense au futur, au Canada.

 

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La bataille de Hougue

 

Le bateau Pierre-Jean, frêle esquif pour ce grand voyage, perd le vent en fin de journée et sa vitesse chute. C’est tant mieux car avec la noirceur de la nuit, il est difficile de voir la côte. Mieux vaut être immobilisé dans la Manche, entre l’Angleterre et la France. Joseph en profite pour se rendre à son branle déjà trop humide et prendre du repos.

 

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Le branle de Joseph

 

Le lendemain, le vent le pousse dans l’océan et c’est à ce moment qu’on parle de « la traversée ». Le mal de mer se manifeste instantanément et les passagers sont atteints d’un douloureux soulèvement d’estomac et fait vider entièrement tant par haut que par bas.

 

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Ce n'est pas Joseph

 

L’été 1707 sur l’océan Atlantique n’est pas de tout repos. Pendant des jours et des semaines, le trois-mâts navigue dans une mer peu hospitalière. Le capitaine Alexandre, toujours dans des histoires de barils, abusait de la médication à bord : le rhum des Antilles. Si bien, que le bateau zigzaguait entre les icebergs et les dauphins. L’équipage est en colère depuis plus de deux semaines et Joseph, officier de discipline, a fort à faire pour mâter ces mutins.

 

À deux reprises il a dû procéder au « bain forcé ». Sous l’ordre du capitaine, il attachait le malheureux au bout d’une longue corde et on le laissait trainer dans la mer. L’envie de recommencer une autre bêtise lui passait miraculeusement. Sinon, le fautif se faisait attacher au pied du mât de misaine et on le laissait rôtir quelque peu sous les rayons du soleil.

 

Enfin vint le jour où on aperçut la terre. Quelle joie pour ces aventuriers qui sentaient la fin du voyage. Les côtes inhospitalières de Terre-Neuve ou de l’île d’Anticosti n’étaient pas le terme du voyage. Il fallait encore affronter le fleuve St-Laurent avec ses écueils et son brouillard. Mais quelle joie de pouvoir admirer cette nouvelle terre même si les côtes de l'île ne permettait pas un mouillage.

 

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Anticosti, Canada

 

Arrivé à Tadoussac, les hauts fonds étaient nombreux. Un marin, se tenant sur le beaupré, descendait une corde lestée et mesurait la profondeur. Il annonçait le nombre de brasses mais quelques fois, il était trop tard et le bateau touchait le fond. Malgré son penchant pour le rhum, le capitaine était rusé. Il avançait à la marée basse et, lorsque le bateau s’échouait, il attendait que la mer monte pour se dégager. Sans moteur, c’était avec des embarcations à rames que l’on tirait le navire.

 

Finalement, après avoir subi quelques escarmouches avec les iroquois, lors des expéditions sur terre pour l’approvisionnement en eau, le bateau accoste à Kébec. Joseph ne contient plus sa joie. Enfin un pays prometteur surtout que pendant la traversée, quelques filles du roi lui ont fait comprendre que la gente féminine était à l’affût de bons hommes, français par surcroit.

 

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Kébec, la grande ville

 

Toujours à cause d’une question de baril, Alexandre, le capitaine, bifurque au nord de la pointe de Kébec et échoue le bateau dans la petite anse de la rivière St-Charles.

 

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Joseph et quelques hommes décident d’abandonner le navire et s’enfuient avec une chaloupe, laissant le capitaine cuver son vin.

 

Joseph est arrivé au Canada. Son père François pourrait être fier de lui.

 

À suivre …



26/09/2013
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