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Nous sommes en 1683. Toute la France est pré-occupée par la nouvelle demeure de son roi Louis XIV, le château de Versailles, dont il vient de terminer la construction. Toute? Non car une poignée de joyeux fêtards se sont rassemblés dans une petite église de La Celle-sous-Couzon en plein centre du pays. On y célèbre le mariage de ce grand gaillard François Demeulle et de la délicate Madeleine Tenue Tessier.

Louis XIV

Le château de Versailles en 1668

Il y a peu de Demeulle à ce mariage, François est un aventurier du nord-est de la France, plus précisément de la région de Seine-Maritime et il n’y a personne de son clan qui l’accompagne. Grand voyageur et n’ayant pas peur de relever des défis, il  avait parcouru la distance le séparant de sa future à dos d’âne, de cheval et la plupart du temps à pied. C’est elle qui l’aperçut au bout du pré, épuisé, maigre, mais dont les yeux étaient une ouverture béante sur son âme. Elle tressaillit pendant plusieurs minutes. Après, elle trouva la force de lui prendre la main et de l’inviter à se reposer dans la maison familiale…

Celle-sous-Couzon

Les parents de Madeleine étaient fort heureux car ils venaient d’envisager la possibilité que François fasse le mari parfait pour leur fille qui,  à 22 ans, n’était toujours pas mariée. Qu’il n’ait que 19 ans ne représentait pas un empêchement à cette union. D’ailleurs, quelques jours après cette merveilleuse rencontre, c’était le mariage. Il ne fallait pas faire trainer les choses.

La belle famille de François était surtout composée de cultivateurs. Ce n’était pas le genre de personnages qu’il affectionnait, lui qui était plutôt avide de voyages, d’aventures et de grands espaces. C’est pourquoi, malgré beaucoup d’objections de la part de ses beaux-parents, il partit l’été suivant pour retourner dans sa ville natale, Harfleur, avec sa Madeleine.

Pendant ce temps, en France, les temps devenaient de plus en plus difficiles. Le roi Louis, malgré son titre de roi soleil, ne réussissait pas à faire briller l’espoir chez ses sujets. Il favorise le développement culturel et grâce au mécénat royal, il encourage les écrivains Racine, Molière et Boileau.

François Demeulle, à Harfleur, en Normandie, tout près de la Seine, rêvait d’aventures. Ce grand port de mer voyait passer les plus grands marins. François travaillait au chantier naval depuis son retour. Deux ans après son mariage, en 1685, Madeleine donna naissance à un petit garçon, la plus grande fierté de François.  Le petit Joseph, si frêle dans son berceau, se développe tant et si bien qu’à 8 ans il a déjà une carrure robuste. Malheureusement, en cette même année 1693, la France connait une grande famine qui fera des milliers de morts dont les parents bien aimés du jeune Joseph. Il doit sa propre survie à sa grande robustesse. Il perdra beaucoup de force mais il jure de se sortir de cette misère et promet à son défunt père de poursuivre ses rêves.

Son idole est Samuel De Champlain dont les aventures sont racontées maintes fois dans le voisinage d’Honfleur, ville située de l’autre côté de La Seine, presqu’en face de Harfleur. Joseph ne rêve que du Canada, ce pays si prometteur situé au loin, au bout de la mer infinie. C’est à l’âge de 22 ans qu’il réussit à s’embarquer sur un magnifique bateau à trois mâts en tant qu’officier de discipline. Il y voit un signe du destin : le bateau est fait de bois de pin provenant du Canada et les mâts ont été fabriqués par son père, alors charpentier naval à au chantier de Harfleur. Le capitaine du navire, Alexandre Letendre, est un homme dur et sévère craint par son équipage. Son bras gauche, arraché lors d’une explosion d’un baril de poudre, a été remplacé par un crochet de fer. Les matelots le craignent car, parmi eux, deux ou trois ont subi des lacérations douloureuses pour avoir discuté ses ordres. Le bateau, nommé  Pierre-Jean, quitte Harfleur en juin 1707 emportant Joseph et sa future descendance.

À bientôt pour la suite,

Réjean