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2014-01-25-La grande histoire-Charles sur l'Île-aux-Coudres

Nous sommes en 1744 et Charles vient de se marier le 16 novembre dernier avec la tentatrice Scholastique Savard. Même si le jeune couple vit chez sa belle-famille, notre aïeul doit assumer ses responsabilités de chef de famille. Sa compagnie de transport en canot ne se prête plus très bien à la croissance de sa famille.

 

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Transport de marchandise par canots

 

L’industrie du bois est intéressante car la France a besoin de bateaux de guerre. Mais le ministre Maurepas trouve qu’il serait bien plus profitable à la Nouvelle-France de produire ces bateaux de guerre ici au pays. Il favorise la construction d’un chantier maritime à l’Isle-aux-Coudres, tout près du Mouillage, site bien connu encore aujourd’hui, où Jacques Cartier a jeté l’ancre lorsqu’il a pris pied sur l’Île. J’ai dit « pris pied et non pris son pied ».  En « séant » les bases de ce chantier maritime sur l’Isle-aux-Coudres, Océan,  l’industrie actuelle, avait sa destinée toute tracée.

 

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Chantier naval de l'époque et celui d'aujourd'hui

 

En juin 1742, soit deux ans avant le mariage de Charles, on commence la construction d’un premier bateau de 500 tonneaux (ici on parle de la grosseur du bateau et non des fameux tonneaux de rhum du capitaine Alexandre).

 

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Maquette de navire de guerre de 500 tonneaux

 

Durant les années qui suivent, on construit le Caribou, le Castor et le Carcajou. Ces bateaux de guerre forment le clan CCC qui inspirera les américains plusieurs années plus tard pour leur KKK clan. Les forges du St-Maurice qui ont été mises en chantier il y a une dizaine d’années, mettent en production leur premier haut fourneau pour produire les pièces pour les bateaux et les canons. Qu’est-ce qu’un haut fourneau? Demandez à Côme.

 

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Panneau publicitaire de l'époque

 

Charles a donc toute l’opportunité d’avoir un bon travail à ce chantier maritime tout près de chez lui et ainsi pourvoir à sa famille en devenir. Son père, Joseph, lui avait raconté l’histoire de son grand-père, François, qui était lui-même un travailleur au chantier maritime de Hartfleur en France. Vous vous en souvenez, n’est-ce pas?

Malheureusement, l’histoire ne s’est pas déroulée comme ça. C’eut été trop beau. On peut inventer une histoire, mais il faut quand même garder nos repères historiques.

 

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Je suis désolé mon enfant

 

L’histoire ne s’est pas déroulée comme ça car l’Isle-aux-Coudres n’existe pas vraiment, enfin pas sur papier. Alors le chantier maritime n’a pas été construit sur l’Isle-aux-Coudres mais plutôt dans la seigneurie de Lauzon, en face de Québec. Plus tard, on fondera la ville de Lévis à cet endroit où la rivière Chaudière rencontre la rivière Etchemin avant que toutes les deux ne se jettent dans le fleuve St-Laurent.

 

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La rivière Etchemin

 

Alors, pauvre Charles, que fait-il? Son père, Joseph, lui avait raconté l’histoire de sa rencontre avec sa mère Catherine qui, lors de cet heureux événement, ramassait des patates. Des patates, tiens tiens, quelle bonne idée. Alors qu’il soupait avec toute la famille Savard, chez qui il vivait avec sa Scolastique, il fait part de son idée d’aller faire pousser des patates sur les terres du sud de l’île. Étonnamment, le beau-père est très enthousiaste à cette idée.

 

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Patate de mère en fils

 

Le rivage du sud de l'île s'est notablement agrandi par les sables qu'apportent les eaux du fleuve. Charles disposait donc de grandes terres sablonneuses idéales pour la culture des patates. De plus, Charles remarque la présence en grande quantité de varech que les grandes marées d’automne apportent sur le rivage.

 

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Varech avec son petit goût de sel, meilleur que le fumier

 

Il lui vient l’idée d’engraisser ses terres avec ce varech. Il faut avouer que l'idée lui vient un peu de son père et de sa Normandie natale. En ce coin de pays, on engraissait les terres avec le varech qu'on appelait "goémon". Le varech fournit de l'iode et de la soude. Ces terres sablonneuses, après un certain temps, deviennent très productives pour la culture des patates. Si bien que les patates, provenant des terrains engraissés par ce varech, étaient de meilleure qualité et se conservaient mieux que celles venues dans des terrains engraissés avec du fumier.

 

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La première patate de l'Île

 

Charles était heureux de son initiative. Non seulement il fournissait des patates à ses concitoyens qui commençaient tout juste à arriver sur l’île, mais en plus, il en vendait à Baie St-Paul et à Québec, au marché du vieux-port. Il voyait grand et rêvait du jour où il  fournirait les patates à McCain, McDonald et M.C.Hammer et devenir le roi de la poutine au Québec. Oups! Anachronismes et égarements. Je m’arrête.

 

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Les premières frites de l'Île

 

La cueillette du varech sur les plages était l’occasion pour toute la famille Demeulle-Savard de se réunir et festoyer. La récolte des patates étant terminée à la fin de septembre, c’était le moment tout choisi pour s’amuser en famille tout en ramassant le varech. Les enfants jouaient sur la plage pendant que les parents travaillaient tout en se réchauffant d’une petite rasade d’eau-de-vie.

 

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Les enfants des mamans et l'eau-de-vie des papas

 

C’est lors d’une de ces journées, le 23 octobre 1747 au matin, alors que la mer se retirait, que les enfants Savard accoururent en criant auprès de leurs parents. Ils avaient aperçu sur le rivage, une baleine échouée. Sur ce côté sud de l’Île, il n’y a que des hauts fonds. La pauvre baleine, probablement attirée par l’odeur des patates, s’est approchée de la rive et la grande marée d’automne fut plus vite qu’elle. Ne pouvant plus respirer, ses poumons écrasés par son propre poids, elle mourut.

 

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T'aurais dû lâcher la patate

 

Charles et son beau-père, laissant le varech de côté, décidèrent de récupérer une partie de la carcasse pour produire de l’huile. C’est depuis cet événement marquant que cette partie sud de l’Île-aux-Coudres porte le nom de La Baleine.

 

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L'Île avec un peu la forme de la baleine

La Baleine est la partie centrale à gauche

 

À suivre…



25/01/2014
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