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2022-12-05-La grande histoire-Indépendance et Liberté

C’est bien tranquille à Valin en 1886. Joseph a eu une belle fête pour ses dix ans ce qui est un événement en soi. Et comme on s’y attendait, Marguerite a accouché cinq jours après, le 10 avril, de son huitième enfant : Mathilde. Sans attendre les réprimandes du curé Roussel, elle tombe enceinte de nouveau au mois d’octobre. On ne connait pas la date exacte, bien sûr, mais moi je prétends que c’est le 14. Pourquoi? Parce qu’Épiphane a envie de fêter et de s'envoyer en l'air. Je le comprends, c’est une date historique: Honoré Mercier devient le premier ministre de la province de Québec.


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Le 14 octobre

 

 

Je vous explique. Épiphane, lui qui a connu les Anglais de l'intérieur, est le premier indépendantiste de la famille. N’oublions pas qu’il a travaillé pour la famille Price, une belle famille anglaise comme il se doit. Il a connu l'exploitation des petites gens par le boss anglais et la banque à pitons. On s’en rappelle, n’est-ce pas? Il croit que les québécois sont capables de réussir par leurs propres moyens. Son grand-père, Joson, n’avait-il pas fait fortune avec sa maison de jeux à Pointe-au-Pic?

 

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Oui, Épiphane, mais ...

 

 

Honoré Mercier est le premier premier ministre du Québec à parler d'autonomie provinciale et le premier à considérer l'indépendance du Québec. On connait bien René Lévesque et bien c’est d’une grande ressemblance. Je sais, je le dis souvent, l’histoire se répète.

 

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Honoré Mercier, un indépendantiste.

 

 

 

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René Lévesque, un autre indépendantiste.

 

 

Honoré est un patriote dégoûté du Canada anglais. Il est le chef du Parti national, une réunion d’anciens dissidents des partis libéraux et conservateurs qui désiraient mettre les intérêts nationaux devant les intérêts partisans. Le Parti national est l’ancêtre du Parti Québécois fondé le 14 octobre 1968. Quand je vous dis que le 14 octobre est une date historique! Mais lorsqu’Honoré devient le premier ministre du Québec, il est du Parti libéral, ce dernier ayant absorbé le Parti national comme l'a été le Parti RIN par le Parti Québécois. Pas grave, ce sont les idées qui comptent.

 

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Il fallait utiliser le bilinguisme, en ces temps lointains.

 

 

Le Canada anglais s’indigne de voir un premier ministre du Québec utiliser le mot « national ». Le pire, ce sont ses propos anti-impérialistes : il ose dire qu’on ne doit pas sacrifier un jeune Canadien français pour défendre l’Empire britannique. Il a bien raison car, par exemple, lors de la première guerre mondiale, pourquoi aller combattre en Europe, dans une guerre qui oppose de grands empires dont on ne connait rien? Il y en a trois de ces empires qui sont dirigés par des cousins germains qui sont des petits-fils de la reine Victoria. Je vous le dis. En tout cas, moi je ne suis pas intéressé. Pauvre Victoria, une chance qu’elle est morte à ce moment-là.

 

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Pauvre Victoria, regarde ta descendance.

Même ADN.

 

 

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Victoria consulte l'album photo de ses petits-fils

 

 

Les Canadiens anglais nous haïssent tellement que tout juste après la première guerre, ils ont envoyé l’armée à Québec pour écraser les manifestants anti-conscription. Ils ont tué quatre personnes à la mitrailleuse qui ne faisaient même pas partie des manifestants. Je vous le dis maintenant mais j’y reviendrai, une de ces personnes tuées est Georges Desmeules, 15 ans.

 

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Le voyez-vous, le petit Desmeules?

 

 

Comme René Lévesque nous le signifiait, voici ce que Honoré Mercier nous dit à cette époque :

 

Vous avez la dépendance coloniale, je vous offre l’indépendance; vous avez la gêne et la misère, je vous offre la fortune et la prospérité; vous n’êtes qu’une colonie ignorée du monde entier, je vous offre de devenir un grand peuple, respecté et reconnu parmi les nations libres.

 

Nos ennemis sont unis dans leur haine de la Patrie française et nous, nous sommes divisés dans notre amour de cette chère patrie.

 

 

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Même Victor Hugo le dit

 

 

Et toi Joseph, qu’est-ce qui t’enflamme?

 

Joseph peut maintenant lire correctement parce que grand-maman Justine lui a bien enseigné les rudiments de la lecture. Pour l’écriture, il lui manque encore beaucoup de pratique. Les règles de grammaire sont assez difficiles et il ne les maitrise pas pantoute. Néanmoins, il adore lire le journal de Québec. Justement, une photo capte son attention et il s’acharne à déchiffrer un article qui mentionne l’inauguration de la Statue de la Liberté le 28 octobre 1886. Il n’a jamais vu New-York mais il a New-York dans la tête.

 

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Le papier n'est même pas jauni.

 

 

Il apprend alors, l’histoire de la statue qui est très intéressante. Elle a été offerte par les Français aux Américains en signe d’amitié pour commémorer le centenaire de la Déclaration d’indépendance américaine. Ben oui, ça fait cent ans que les Treize Colonies anglaises ont déclaré leur souveraineté vis-à-vis de la Grande-Bretagne, le 4 juillet 1776, pour former les « États-Unis d'Amérique ». Pis nous autres, on n’a pas eu de statue des Français parce que les Français ont fui notre pays et nous ont laissé en pâture aux Anglais. Grrrr.

 

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Il y a bien 13 étoiles pour les 13 états

 

 

La statue est faite d’un assemblage de feuilles de cuivre qui constitue la « peau » qui recouvre un squelette devant être fait en maçonnerie par un architecte. Mais ce dernier meurt prématurément et on engage un ingénieur français du nom de Gustave Eiffel (il sera bien connu un peu plus tard). Il proposa de construire un pylône métallique et d’adopter la technique du mur-rideau inventée par Jean-Marc Desmeules pour la construction de la chapelle de l’Isle-aux-Coudres en 1772.

 

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Abaissez le rideau maintenant

 

Cette ensemble pylône métallique et peau de cuivre de 46 mètres de hauteur sur un socle de 47 mètres de hauteur et pesant 225 tonnes a besoin d’une bonne fondation. Les Américains ont la responsabilité de construire la fondation et le socle mais ils jugent le projet trop extravagant et s’arrêtent en chemin. Un journaliste du nom de Joseph Pullitzer (celui qui a donné son nom au très réputé prix littéraire) accepte de mobiliser les premières pages de son quotidien New York World pour récolter plus d'argent. C’est un succès et le projet peut aller de l’avant.

 

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Pullitzer, tu as réussi!

Mais à quel prix!

 

La statue est érigée sur l’île Bedloe qui devient par la suite Liberty Island. Fait cocasse, le visage de la statue est inspiré par la « Grande Céline », une prostituée du quartier Pigalle offrant ses services au grand bordel de la rue de Chazelles situé à proximité de l’atelier du sculpteur.

 

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La Grande Céline de la rue de Chazelles

 

 

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Aucune ressemblance avec Céline

 

 

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Liberty Island

 

 

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Liberté

 



04/12/2022
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