pharamen

Encore une autre visite au phare pour y transporter le garde-manger que j’ai fabriqué en atelier, des panneaux d’armoires et des 2 x 4 en bois traité pour les balustres de la vigie. Il restait de la peinture à faire et du vernis à poser dans les tiroirs. Je m’occupe de la peinture et mon amoureuse, du vernis.

Dimanche, je charge le gros garde-manger dans la remorque et les 2 x 4. J’arrime solidement le tout et je suis prêt à partir. Je prépare tout mon bagage incluant de la nourriture. Le cuistot s’évade quelques temps alors je serai seul sur l’Île.

Un vernis amoureux

Oui, c’est déjà le mois de mai, le mois de Marie. Si le trois fait le mois, il sera ensoleillé, venteux et frais. Ma douce se lève tôt alors j’en profite pour partir plus tôt. À 7h15, je pars. La route est belle et mon auto tire la charge en peinant dans les côtes. Mais bon, je ne rétrograde jamais plus bas que la deuxième vitesse.

Ça tire, un moteur de 110 hp à 6 000 tr/min

Je prends le bateau de 9h30. Bizarre, tous les camions qui charrient la pierre pour réparer le chemin entrent dans le bateau de reculons. La raison qu’on me donne, c’est que selon la marée, le bateau accostera de reculons et les camions seront prêts à sortir d’avant. Quant à nous, on nous fait faire un demi-tour sur le bateau.

Reculer par en avant

J’arrive sur la propriété. Il y a de la visite qui est venue chercher l’ermite pour l’emmener vers de nouvelles contrés. Je m’étais préparé pour l’abattage des poules mais mon fin renard de frère a été endoctriné par une secte anti violence de poules et il m’a mis un holà. Zut, moi qui me promettais un bouillon et des foies de poulet.

Tu l'as échappé belle, ma belle.

Lorsqu’ils sont tous partis, je fais une jasette avec monsieur Jean-Yves Lajoie, le propriétaire du terrain voisin de l’est. Il a de la misère à marcher, alors il est plus habile sur son tracteur à couper les derniers arbres et à les transporter au bout de sa terre. Il a 87 ans et il travaille encore comme un jeune.

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Je commence mon travail en reculant la remorque jusqu’à la galerie. Je déballe tout et avec le même plan romain, je glisse le garde-manger dans le phare. Je le monte à la verticale et le place à l’endroit prévu. Je le fixe avec des vis et le tour est joué.

Encore le plan romain

Bien en place

Après mon dîner furtif, je décide de couper et de poser les balustres de la vigie. Il fait beau soleil et je dois en profiter pour le travail extérieur. Demain ou après-demain, avec la pluie prévue, ce sera toujours possible de travailler car ce sera à l’intérieur. J’installe donc le banc de scie et la scie à onglets et je prépare les balustres. Je les monte à coup de dix ou douze à la fois et je les pose. C’est du travail connu et répétitif.

Le travail va bon train

Interruption du récit principal pour un événement spécial

De mon poste de vigie, j’aperçois monsieur Lajoie pilotant son tracteur pour se rendre jusqu’aux derniers arbres près de la grève. Après plusieurs balustres, je vois toujours le tracteur et j’entends le moteur qui tourne. Mais où est monsieur Lajoie? Je m’inquiète un peu mais pas longtemps. Je m’inquiète beaucoup presque tout de suite. J'ai un mauvais pressentiment.

J’enlève mon sac d’outils et je descends sur le plancher des poules. Je marche d’un pas rapide vers le tracteur espérant voir la binette enjouée de Lajoie. Non, derrière le tracteur, j’aperçois le monsieur couché par terre, la scie à chaîne ronronnant. Je crains qu’il se soit blessé. Mais non, d’une voix autoritaire, il me dit qu’il n’a rien, qu’il est juste tombé et qu’il va se relever. Je vois qu’il en sera incapable. Je lui tends le bras pour l’aider mais il n’a pas de force dans ses jambes. Je lui propose de le lever. Je passe mes bras sous ses aisselles et je le remets sur ses jambes. Il me demande de ne pas le laisser tomber car ses jambes n’ont plus de force. Je le maintiens jusqu’à ce qu’il reprenne son équilibre. Après cinq minutes, il peut se tenir tout seul. Il me demande de couper ses arbres. Faute d’abattre des poules, je me mets à abattre les arbres. Ensuite j’attache la chaîne sur un tronc et il peut le tirer avec son tracteur. Un autre monsieur arrive et me jase des excentricités du bonhomme. Il a bien peur de le retrouver mort à un moment donné.

Je retourne à mes balustres. Je n’en ai pas plus de deux de posés que je vois encore monsieur Lajoie, couché à côté du tracteur au bout de son champ. Je dépose mes outils et descends encore sur le plancher des poules. Cette fois-ci, je marche plus lentement, car l’autre monsieur l’a déjà rejoint. Il se relève tout seul cette fois. Je le convaincs d’abandonner le travail aujourd’hui et de le reprendre demain après un bon repos. Je lui dis que je serai là pour le surveiller. Il me remercie et je retourne à mon travail qui lui n’avance pas vite mais au moins c’est pour une bonne cause.

Monsieur Lajoie, je ne peux pas aller vous relever

à tout bout de champ.

Retour au récit principal

Après avoir monté et descendu au moins cinq fois pour monter les balustres, j’en suis à poser l’avant dernier lorsque ma batterie de perceuse rend l’âme. Je redescends en chercher une pour les trois dernières vis. Avec mes jambes fatiguées, je me sens comme monsieur Lajoie.

Ça sent l'apéro

 Une coiffe

Je termine ma journée en assemblant un panneau d'armoire à angle. J’ajuste les deux morceaux sur les boomerangs que j’ai fabriqués en atelier et avec un peu de colle et un assemblage à la cloueuse pneumatique, tout se tient parfaitement.

Panneaux d'armoire à angle

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Vers 5h, je sors de mon sommeil. La clarceur est arrivée et le ciel est tout rouge. À 5h17, c’est le point S pour Soleil alors qu’il commence à sortir de l’horizon. On peut encore regarder dans sa direction. Après 1 minute, il est déjà trop haut dans le ciel et il est aveuglant.

Je m’inquiète des poules. Il semble faire froid et j’ai oublié de les rentrer hier soir. Je les imagine toutes gelées prêtes pour le bouillon. Mais non, elles sont sorties et picorent comme des bonnes. Je leur donne une ration de graines et je trouve un œuf en remerciement.

Après mon déjeuner et la lecture des journaux, je reprends mon travail. Je termine l’assemblage des panneaux à angle et je les place dans la remorque dehors pour les peinturer : deux couches en dedans et en dehors.

Petit intermède : la joie de piloter son tracteur.

Monsieur Lajoie revient chercher ses arbres. Je vais à sa rencontre pour l’aider mais il semble avoir repris de la vigueur. Je me demande si, hier, il n’avait pas un verre dans le nez comme me l’a suggéré monsieur Desgagnés. En tout cas il est bien joyeux et beaucoup plus alerte.

Je retourne à mon travail et je coupe l’ouverture dans le comptoir pour recevoir l’évier. Je fais des calculs pour la pose des céramiques et j’arrête pour le dîner.

Ouverture pour l'évier

En après-midi, je pose tous les panneaux d’armoire et ceux du garde-manger. Je donne encore des retouches de peinture.

Pose des panneaux d'armoire

Je me rends chez GGJ et j’achète de la peinture rouge, très rouge. Encore une fois, j'ai une discussion sur la couleur rouge. La dame fait parler ses émotions et je lui oppose la science. La couleur rouge sera la couleur dont l'émissivité correspond au rayonnement de longueur d'onde de 700 nanomètres. Rouge, c'est rouge. La finition approche.

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Il a plu et il pleuvra. Pour le moment, c’est calme. Je déjeune et lis mes journaux et je me rends au phare. Ce matin, je reprends mes calculs pour la pose des céramiques et je me lance. Je commence par couper les carreaux qui vont sur les coins. Il faut les couper avec un angle de 22 1/2 degrés. Je mesure, marque et coupe avec la meuleuse d’angle et une lame aux diamants. Je passe l’avant-midi à couper les carreaux sous une douce pluie qui pénètre les os. À midi j’ai fini ou presque.

Coupés mais pas collés

Après le dîner, je colle les carreaux sur le comptoir avec du scellant à la silicone. J’en prends 4 tubes. Ensuite, j’installe l’évier de cuisine, le robinet et je fais le drain en ABS. Je vérifie les fuites et oui, il y en a une. C’est mineur, un raccord de ABS pas assez serré.

Céramique collée et évier posé

Je fais du ménage et je prends des photos pour ma douce curieuse. Je coupe le rideau de douche qui était beaucoup trop large et enfin je prends une douche sans trop me battre avec le rideau.

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Il pleut et il pleut. Je ne sais pas quelle poule a encore ses menstruations mais elle vieillit certainement. Son œuf brun commence a avoir la coquille blanche.

Tu blanchies mon coco

Je commence ma journée par enlever les bavures de silicone de la céramique du comptoir. Il restera à finir le travail avec de la laine d’acier inoxydable.

J’installe les boutons des panneaux d’armoire et de tiroirs. C’est beaucoup plus joli.

C'est plus joli

Je me rends chez GGJ pour acheter encore un peu de bois. C’est épouvantable : un 2 x 4 de 8 pieds ordinaire coûte 9,27 $ avant taxe. J’en ai acheté rien qu’un.

Je pose une structure de bois en arrière du comptoir afin de pouvoir faire un dosseret.

Structure de bois pour dosseret

Et c’est l’heure de dîner.

Je continue la pose des 2 x 4 de structure pour faire le dosseret du comptoir. Ensuite je pose les moulures autour de la porte de la salle de bain en dehors et en dedans. Et je leur donne une couche de peinture blanche.

Porte moulurée

Je vais magasiner chez GGJ des planches de pin pour faire le dosseret. Ce n’est pas très cher et j’en suis surpris. Je devrais faire le tour pour une quarantaine de dollars.

Je travaille sur la pose des premières planches du dosseret et je les vernis en blanc avant de les poser.

Planche de pin de finition

Je ramasse mes outils pour un départ demain.

Je me permets une bière Étiquette Noire qui trainait sur la galerie, laissée par la visite précédente et je me prépare un bon spaghetti.

Spaghetti et Étiquette Noire chapardée

2021-05-07-vendredi

Le beau temps est de retour. Il fait merveilleusement beau. Pendant que je fais la vaisselle, je contemple le fleuve. C’est sûrement la mer qui m’appelle.

La pelle de la mer

Je prends le bateau de 8h pour mon retour. À plus.