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2020-03-27-La grande histoire – Isaïe à Québec

Pendant que le Saguenay se fait coloniser par les pauvres gens de Murray Bay et pendant que les forêts autour de la Rivière-du-Moulin et de la rivière Chicoutimi se font exploiter par le duo William Price et Peter McCleod junior, la vie continue à Pointe-au-Pic. Mais pour Isaïe, elle se continue en exil à Québec.

 

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Ben non, mon patriote, pas aussi loin,

on en a déjà une de rendue là

 

 

En 1842, à l’âge de 15 ans, Isaïe est rendu à boutte de l’école du village. Constance trouve qu’il est trop intelligent pour interrompre sa formation. Elle convainc Joson d’aller inscrire son fils au Séminaire de Québec, dans l’espoir clandestin de l’amener à faire la vocation sacerdotale.

 

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Vraiment, Constance, tu rêvais de ça?

 

 

Un peu à reculons, il faut le dire, Joson se rend dans la grande ville pendant l’été et va visiter ses amis de longue date : les séminaristes. Ces derniers avaient appris la triste nouvelle à l’effet que l’alambic de l’Isle-aux-Coudres avait été démantelée et que Joson ne faisait plus le commerce de l’Aquavit. Qu’à cela ne tienne, Joson avait apporté avec lui une caisse de cette eau divine de derrière les fagots, histoire d’améliorer la convivialité de la rencontre.

 

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Tu es très persuasif, Joson

 

 

Il présenta les bulletins de l’école de Pointe-au-Pic dans lesquels Isaïe se distinguait par les meilleures notes. Enchantés par cette performance, les séminaristes  acceptèrent l’Aquavit… et aussi l’inscription d’Isaïe au Petit Séminaire.

 

Bon là s’il y a un petit séminaire, ça veut-tu dire qu’il y a un grand séminaire? Ben oui. Le Séminaire de Québec est une communauté de prêtres de Québec. Elle fut fondée en 1663 avant même que Joseph, le premier Desmeules, ne traverse l’Atlantique. Pas longtemps après, on inaugure une résidence d’élèves qui étudient au Collège des Jésuites : on l’appelle le Petit Séminaire de Québec. Ces jeunes adolescents se destinent à la prêtrise et iront finir leurs études supérieures au Grand Séminaire de Québec. C’est un peu comme une usine de production de prêtres.

 

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Il est grand le petit séminaire

 

 

Aujourd’hui, le Petit Séminaire de Québec s’appelle le Collège François-de-Laval en l’honneur de monseigneur François de Laval qui a fondé le séminaire. Il est situé pas loin du Vieux Port et du Musée de la civilisation dans la Basse-Ville.

 

Dans ce temps-là, et ça n’a toujours pas changé, le Petit Séminaire était une école privée. Cela veut dire qu’il faut payer pour les études et aussi pour la résidence. Joson n’a plus les mêmes revenus qu’avant mais au moins il avait souscrit dans son BVBL (bon vieux bas de laine). Encouragé très fortement par Constance, il fait le retrait nécessaire pour que son dernier-né puisse aller étudier à Québec en septembre.

 

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Ça va prendre plus que des cennes noires

 

 

C’est comme ça qu’Isaïe quitte son village natal pour aller faire de grandes études dans la grande ville. Il ne revient que pour le congé des Fêtes et pour les vacances d’été. Isaïe devient le premier séminariste de la famille Desmeules mais il ne devient pas prêtre. Il faudra attendre Lucien, le fils de David, le fils d’Épiphane, le fils d’Isaïe avant d’avoir un prêtre.

 

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Lucien Desmeules, un prêtre tout neuf,

petit-fils d'Isaïe

 

 

Le savait-il, le pauvre, qu’il s’était embarqué pour un cours classique de huit ans. C’était un enseignement essentiellement littéraire fondé sur l’étude des auteurs, par une lente gradation dans les matières allant de la grammaire à la rhétorique, le tout complété par la philosophie et les sciences.

Les huit années du cours classique portaient les noms suivants :

 

Éléments latins, Syntaxe, Méthode, Versification, Belles-lettres, Rhétorique, Philosophie I, Philosophie II.

 

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Oui, on s'en rappelle, hein Jean-Luc?

 

 

À la fin du cours classique, l’étudiant obtenait un « baccalauréat » mot latin signifiant « baie de lauriers ». Jules César avait forcément obtenu un baccalauréat car il s’affichait souvent avec une couronne de lauriers sur la tête. Rendu là, l’étudiant pouvait continuer au Grand Séminaire pour devenir prêtre.

 

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Jules, t'as fait le cours classique, toi?

 

En 1845, lorsqu’Isaïe revient dans son village pour les vacances d’été, il a terminé sa « méthode ». Il a 18 ans et son village devient une municipalité qui regroupe les villages et paroisses environnantes comme Murray Bay, Pointe-au-Pic, Cap-à-l’Aigle, Ste-Agnès, etc. On la désigne par "municipalité de La Malbaie".

 

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Enfin, la municipalité de La Malbaie

 

 

Ah qu’il est bon de revenir chez-nous, se dit Isaïe. Probablement que c’est exactement la même chose que se dit Louis-Joseph Papineau. Lui aussi revient chez lui. Pendant la révolution des patriotes, il avait été obligé de s’exiler aux États-Unis car sa tête (oui la tête à Papineau) avait été mise à prix. Maintenant que la situation s’était apaisée, il a décidé de revenir au pays pour continuer la bataille. Il dit que l’union des deux Canadas n’est pas démocratique parce que le Québec ne compte pas assez de représentants au Parlement. Il appelle à rompre tous les liens qui unissent la colonie à l’Angleterre. Quatre ans plus tard, en 1849, il signe un manifeste avec ses révolutionnaires qui prône rien de moins que l’annexion du Canada-Uni aux États-Unis. C’est ti pas beau ça? Mais où cela va-t-il nous mener? L’histoire nous le dira.

 

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Moi, je laisserais tomber le drapeau du Canada

et je ne garderais qu'une fleur de lys

 

 

Pendant ce temps, en Irlande, il y a la Grande Famine. Des bateaux remplis d’Irlandais qui fuient leurs pays accostent sur la Grosse Île, une des vingt et une îles qui forment l’archipel de l’Îles-au-Grues. Elle est située à l’est de l’Île d’Orléans juste en face de Montmagny. La Grosse Île avait déjà servi comme lieu isolé de quarantaine, lors de la pandémie de choléra en 1832, pour les immigrants arrivant par le fleuve St-Laurent.

 

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C'est un lieu historique, maintenant

 

Juste dans la même année 1847, il y a eu 5 000 morts. Le gouvernement du Canada demanda de l’aide au gouvernement impérial (les anglais) mais les anglais faisaient peu de cas de ces sujets irlandais. Il n’y a pas qu’avec la France que les anglais se chicanaient. Beaucoup d’enfants perdent leurs parents mais grâce au concours de l’Église catholique, plusieurs seront adoptés par des familles canadiennes-françaises.

 

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Tragique événement

 

 

La Grande famine a été causée en partie par la politique impériale britannique (les anglais) et le mildiou. Les anglais, on sait à quoi ça ressemble, mais le mildiou, non. C’est une espèce de champignons qui attaque les pommes de terre qui constituaient la nourriture de base des paysans irlandais. C’est ce qu’on appela la famine de la pomme de terre. Par chance, chez-nous, les pommes de terre, on connait ça. Charles les cultivait sur l’Isle-aux-Coudres en engraissant la terre avec le varech alors pas question que le mildiou prenne le dessus.

 

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C'est pas beau, le mildiou

 

 

Lors de cette famine en Irlande, plusieurs initiatives de charité furent prises, notamment par l’Église catholique mais aussi par le sultan de l’empire ottoman qui offrit 10 000 livres sterling pour aider les paysans. Mais Victoria, la reine des anglais, demanda que le sultan n’envoie que 1 000 livres sterling parce qu’elle-même n’avait donné que 2 000 livres sterling. Le sultan, sous la pression politique, envoya donc 1 000 livres sterling mais en plus il envoya trois navires remplis de nourriture. Ben les soldats britanniques ont essayé de les bloquer. C’est une triste histoire.

 

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N'allez pas croire tout ce qu'on dit

sur Netflix à propos de Victoria

 

 

Mais il y a aussi des histoires joyeuses comme celle d’Alexandrienne et de François. C’est le 4 mai de 1847 qu’ils se marient à St-Étienne de La Malbaie. Alexandrienne est la fille de James Mackenzie, notre aïeul écossais et d’Adélaïde DeLavaltrie (Matchiragan), notre aïeule montagnaise. La petite métisse a 22 ans, un bel âge pour se marier et François a 30 ans, un peu vieux mais c’est parce qu’il était veuf. Ben oui, il s’était marié à 19 ans avec Marguerite Bouchard qui avait 27 ans. Ça faisait 8 ans de différence et là avec sa jeune indienne, ça fait encore 8 ans de différence. C’est drôle la vie, pareil. François est le fils de François Maltais qui fait partie de la Société des Vingt-et-Un qui sont allés colonisés le Saguenay, il y a déjà presqu’une dizaine d’années. Et lui, il a décidé d’aller s’établir au Saguenay avec Alexandrienne, à Terres-Rompues. À partir de là, ils vont créer deux descendances métisses : les Maltais, biens sûr par Alexandrienne elle-même et les Tremblay Kessy par le mariage de leur fille Kate avec Jimmy Tremblay Kessy qui est lui-même métis. On va tous les retrouver dans notre famille par des mariages consanguins. C’est drôle la vie.

 

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Ça donne le goût de se marier



29/03/2020
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