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2014-08-17-La grande histoire-Charles, un héros

La mort de Sclolastique et de son père en 1755 a été un événement douloureux pour Charles. Tous les habitants de l'Isle-aux-Coudres ont également été très affectés par la terrible maladie qui a décimé une partie de leurs proches. La picotte était une maladie terrible. À l'autre bout du fleuve, en Acadie, cette même année, un autre événement tout aussi terrible se joue. Tout a débuté l'année précédente, lorsque les Français ont érigé le fort Dusquesne au nord de la Virginie en plein cœur des États-Unis (aujourd'hui, c'est Pittsburg). Les Américains de Virginie le considèrent comme une pure provocation. Ils envoient sur les lieux un jeune lieutenant-colonel de 22 ans: Georges Washington, celui-là même qui sera le premier président des États-Unis. Les pourparlers finissent mal et un accident guerrier met tout le monde sur les dents. Les britanniques et les américains attaquèrent le fort en 1755, l'année de la picotte sur l'Isle aux Coudres, mais les Français et les Canadiens avec leurs alliés amérindiens donnèrent une méchante volée aux ennemis. C'est Washington lui-même qui dirigea la retraite des troupes anglaises.

 

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Fort Dusquesne (sont forts les Français)

 

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Washington (c'est celui qui est encadré)

 

Pendant ce temps, les anglos-américains installés en Nouvelle-Écosse décident d'envahir l'Acadie. Mais les Acadiens sont pacifiques. Pour conserver leurs terres et leur religion, ces catholiques de descendance française s'étaient engagés à rester neutres. Ils venaient d'une autre région de la France, non pas celle de la Normandie près des ports de mer mais plutôt des montagnes, les Alpes.

 

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Village dans les Alpes françaises

 

Ces gens débonnaires aimaient les fleurs de la montagne. Une famille de ces montagnards qu'on appelait d'Entremont (d'entre les montagnes, la pognez-vous ?) était venu en Acadie pour justement faire le commerce des fleurs et des plantes. Mais lorsqu'il a fallu discuter avec l'envahisseur, le sieur d'Entremont (contraction de seigneur) n'a pas réussi à accrocher une fleur à son fusil.

 

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La fleur au fusil, ça pas marché

 

Les Anglos n'avaient que faire de cette tribu de villageois et leur proposèrent de laisser tomber leur neutralité et de servir l'empire britannique. Mais fidèles à leurs traditions et à eux-mêmes, les acadiens refusèrent. Ce refus héroïque de la soumission a un prix: la déportation ou ce que la mémoire acadienne appelle le "Grand Dérangement". Tel du bétail, hommes, femmes, enfants sont disséminés dans des colonies américaines à l'été et l'automne 1755.

 

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La déportation, le Grand Dérangement

 

Les Anglais convoitent la Nouvelle-France et la prise de la ville de Québec est la conquête de choix. Les habitants vivant sur les côtes et les îles du fleuve savent bien que les soldats du roi d'Angleterre vont emprunter la route du fleuve St-Laurent pour aller guerroyer à Québec. Par conséquent, les escarmouches sont possibles.

En 1759, la guerre est proche. Charles est follement en amour avec sa Cécile. Elle est aussi en amour avec cet homme beau et solide qui ferait tout pour la protéger et la rendre heureuse. Elle fait une mère dévouée pour la progéniture que Scholastique a laissé à Charles. Cécile a connu la joie d'être mère également mais après la naissance, le 4 avril, de son petit dernier, Jean-Baptiste, le dernier fils de Charles, les nouvelles sont mauvaises. On apprend que la flotte anglaise est réunie dans le bas du fleuve. On transmet des directives au cultivateurs et chefs de familles vivant en aval de Québec de faire des lieux de refuge dans les bois et de les approvisionner. On demande aux familles d'aller s'y réfugier et d'évacuer l'Île d'Orléans et l'Isle-aux-Coudres. Ces instructions ont fait plus de torts aux familles que l'ennemi lui-même. La plupart d'entres-elles perdirent leur provisions et leur bétail et il fut très difficile de s'en remettre.

 

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Rappelez-vous de cette année.

 

Charles avait protégé sa famille dans les bois de Baie St-Paul mais était déterminé à la défendre au prix de sa vie. Avec d'autres habitants de l'Isle-aux-Coudres, Charles se joint avec un groupe d'habitants de Baie St-Paul pour former une milice de 200 personnes environ. Charles devint le premier militaire de la famille et sa combativité était probablement reliée à la couleur de ses cheveux qui inspiraient la crainte chez l'ennemi.

 

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Charles et sa gang

 

Le 4 août, un vaisseau armé avec 300 soldats écossais montagnards partit pour aller faire une excursion à Baie St-Paul. Lorsqu'ils arrivèrent à 3 heures du matin, ils eurent une chaude réception. Charles et sa gang les attendaient de pied ferme. Mais dans la noirceur, les canadiens français ne comprenaient pas trop à qui ils avaient affaire. Ces soldats ressemblaient plutôt à des fillettes avec leur jupe carreautée. Mais ils comprirent vite qu'ils ne venaient pas pour la danse. La bataille eut lieu et nos vaillants canadiens leur donna une maudite volée.

 

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Les fillettes en jupettes

 

Après cet affrontement, nos canadiens regagnèrent la forêt mais au matin, les Écossais voulaient leur vengeance. Avec leur cornemuses jouant des airs guerriers, ils ratissèrent les bois et finirent par encercler Charles et ses amis. Il y eut des pertes des deux côtés et Charles fut fait prisonnier. On ne lui fit pas de cadeau et on le retrouva mort. Il est étrange de penser que Charles qui fabriquait des canots d'écorces se fasse tuer par des soldats d'Écosse. Le plus étonnant, c'est qu'il fut scalpé. Eh oui, on le dépouilla de ses cheveux roux. C'était le signe qu'on leur attribuait un grand pouvoir. Le scalp, étant une tradition iroquoise, on pense que les Anglais-Écossais avaient emmenés avec eux ces terribles guerriers.

 

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Les cheveux de Charles

 

(Traduction: "Apportez moi le scalp et le Roi, notre maître, vous récompensera")

 

Charles, le premier Desmeules né en terre canadienne, la souche de notre famille, est mort à l'âge de 35 ans, le 9 août 1759, à Baie St-Paul.

Peu de temps après, le 13 septembre, Québec capitule lors de la bataille des Plaines d'Abraham. La Nouvelle-France agonise. En novembre, la marine française est vaincue au large de la Bretagne et la France abandonne son soutien au Canada. Depuis ce temps, nous sommes soumis à l'Angleterre.

 

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Drapeau anglais

 

Un jour...un jour...



17/08/2014
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