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2020-01-10-La grande histoire – Le Saguenay

Joson est ruiné. Enfin pas tant que ça car il avait fait des placements sous la vigilance de la belle Constance. Non pas dans des REER, ni dans des CÉLI, ni même dans des paradis fiscaux car l’impôt n’existait pas encore mais dans un BVBL, acronyme pour Bon Vieux Bas de Laine. Pas tant ruiné que ça mais disons appauvri.

 

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C'est comme un CÉLI mais en mieux

 

 

Par contre, son voisin Alexis Tremblay Picoté, lui, fait de bonnes affaires très lucratives avec sa Société des Vingt et Un. C’est cette société qui a colonisé le Saguenay au tout début. Avant ce début, c’était quoi le Saguenay?

  

Le territoire du Saguenay c’était une grande et grosse rivière bordée de forêts et de champs. Ce territoire faisait partie des « Postes du Roi » ou plutôt des « King’s Posts » et il n’est pas étonnant qu’aujourd’hui encore on appelle notre région « le royaume du Saguenay ».

 

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 Le royaume du Saguenay au temps des vingt et un

 

 

Il appartenait  au gouvernement qui le louait à la Hudson’s Bay Company pour le commerce des fourrures par un contrat qui venait à terme justement en 1842. Alors il faut s’imaginer qu’il n’y a que la forêt de chaque côté de la rivière, des champs de foins et, jusqu’où l’eau est profonde, un poste de traite installé à l’embouchure de la rivière Chicoutimi. Il n’y avait pas beaucoup de personnes qui vivaient là : il y avait les traiteurs, les coureurs des bois et les Indiens.

 

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Poste de traite de Chicoutimi

 

 

Une de ces personnes était un traiteur du nom de Peter McCleod, un agent de la Hudson’s Bay Company. Il est né en Écosse et s’est marié à une amérindienne de la nation montagnaise. Il avait construit sa maison à Terres-Rompues, juste au bord de la Rivière aux Vases, sur un site panoramique merveilleux. Eh oui, c’est par cette rivière que les maisons de St-Jean Vianney ont passé lors du glissement de terrain du printemps 1971.

 

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Monsieur Peter McLeod,

agent de la Hudson's Bay Company

 

 

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La maison de monsieur McLeod

à Terres-Rompues

 

 

Une autre personne était Michel Simard. C’est le frère de Thomas Simard, un associé d’Alexis Tremblay Picoté. On en a déjà parlé. Dans le temps, il était un boulé (fier-à-bras) avec son frère pour la Hudson’s Bay Company. Pendant que Thomas prenait de la notoriété à La Malbaie, Michel alla s’établir comme colon à l’embouchure de la rivière aux Outardes avec femme et enfants. La rivière aux Outardes est celle qui coule dans le village actuel de St-Fulgence pour se jeter dans le Saguenay à l’Anse aux Foins.

 

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Lui c'est Michel Tremblay.

Ce n'est pas Michel Simard.

 

 

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Cà, c'est St-Fulgence

La petite baie au centre, c'est l'anse

Le bleu foncé au centre de l'anse, c'est l'embouchure de la rivière aux Outardes

L'anse s'appelle l'Anse aux Foins

 

 

Pourquoi faut-il parler de Michel Simard? Ben parce que Michel Tremblay, on va en parler plus tard et  parce qu’il était un vrai pionnier  et n’avait pas eu peur de prendre sa place. Il s’est installé illégalement sur le territoire de la Hudson’s Bay Company. Le territoire était loué à la compagnie pour la traite des fourrures et non pas pour la colonisation et le défrichement des terres. Mais Michel n’en pouvait plus de rester à Murray Bay à cause de la population croissante et de la crise agricole. Il décide de forcer le destin et part au Saguenay. En 1839, Michel a dû faire face aux sbires de la compagnie venus le déloger de ses terres. Mais Michel est loin d’être un feluette. Il leur fait face près de la première chute de la rivière Valin à l’ouest de chez lui. Et la rivière Valin, bien c’est que notre famille vient de là.

 

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Il y a de la truite par là

 

 

Laissons Égide Tremblay, un ancien de l’Anse-aux-foins, de St-Fulgence, raconter l’anecdote :

 

- « Rends-toi et laisse-nous cette terre, lui dirent les envoyés de la Hudson’s Bay Company, ou nous te flamberons la cervelle ! »

- « Jamais, de répondre Michel, et partez immédiatement »!

 

En disant cela, il arrache le fusil des mains du gérant de la troupe, le décharge en l’air et, d’un coup sec, il casse le fusil sur son genou. Les envoyés n’en eurent pas besoin davantage. Devant la force extraordinaire du colon, ils crurent mieux faire de retraiter…

 

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Ils crurent mieux faire de retraiter..

Ils ont décolissés en tabarnak

 

 

Après cet événement, Michel fut couronné du titre de « Roi de l’Anse-aux-Foins ».

 

Revenons à notre cher Alexis Tremblay Picoté. Il est parti avec sa Société des Vingt et Un au printemps de l’année précédente, le 25 avril 1938, installer des moulins à scie à l’Anse St-Jean et à la Grande Baie. En plus des vingt et un associés, il recrute quelques colons qui embarquent sur la goélette de Thomas Simard, le frère de Michel, son associé depuis le début. On sait que le financement de la Société était fait en secret par William Price, ce riche marchand de bois anglais.

 

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Une des goélettes à Thomas Simard,

financée par William Price

 

 

L’équipée de 27 hommes fait escale à l’Anse-aux-Petites-Iles et à l’Anse-au-Cheval, dans les environs de Petit-Saguenay, pour y installer des moulins à scie conçus pour être facilement déplaçables selon la disponibilité de la ressource. L’expédition se poursuit jusqu’à l’Anse St-Jean et jusqu’au fond de la Baie des Ha!-Ha!, le 11 juin, pour fonder le premier établissement permanent de la région du Saguenay.

 

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Un moulin portatif

 

 

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Le fond de la baie des Ha Ha

 

 

Ils font venir de nouvelles recrues et finissent par installer neuf moulins à scie à différents endroits. Ce ne sont pas tous les associés qui participent à l’expédition; plusieurs d’entre eux ne viennent jamais au Saguenay. Ils ne sont que des investisseurs.

 

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On a pas tous les associés, là, là

 

 

Jusqu’en 1842, les engagés de la société et leur famille se mettent à défricher des terres et à s’y installer. Malgré les efforts de la Hudson’s Bay Company pour les déloger, ils gagneront leur pari et à la fin du bail de la compagnie, le gouvernement modifie les termes du nouveau bail et autorise les colons à rester. Michel Simard, le roi de l’Anse-aux-Foins, peut maintenant cultiver la terre légalement.

 

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C'est moi le roi, ce sont mes terres.

 

 

Alexis Tremblay Picoté s’occupait des moulins à scie avec Thomas Simard et ils vendaient leur bois à William Price. Durant ces années fastes, Picoté faisait plusieurs aller-retour à Murray Bay et en 1840, il décide de former une société avec ses deux fils Isaïe et Alexis et construit un magasin et un quai à Pointe-au-Pic.

 

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Sur la photo, c'est Alexis Tremblay Picoté

 

 

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Sur la photo, c'est Alexis Simard,

le frère de Thomas et de Michel

 

 

Malgré leur bonne volonté, les actionnaires de la Société des Vingt et Un accumulèrent échecs par-dessus échecs si bien que notre bon anglais William Price procède au rachat graduel des actions de la compagnie par l’entremise de Tremblay Picoté. C’est ainsi qu’il en vient à posséder presque tous les moulins à scie de la région du Saguenay et devient l’unique actionnaire de la société.

 

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Les échecs, on connait ça

 

 

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William Price, en avant et les dépossédés, en arrière

 

 

Commerçant et agent de Price, Alexis Tremblay Picoté appartient désormais à l’élite de Pointe-au-Pic. Il en a terminé avec le Saguenay sauf cinq ans plus tard, en 1847, lorsqu’il participe à la création de la Société des défricheurs de la Rivière-au-Sable, formée dans le but d’exploiter les terres du futur canton de Jonquière.

 

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Il y avait un jardin qu'on appelait "Jonquière",

Il brillait au soleil comme un fruit défendu.

Georges Moustaki

 

 

Nous sommes maintenant en 1842. William Price, s’associe avec Peter McLeod, fils de Peter McLeod de Terres-Rompues. Peter McLeod junior possède des moulins à scie à l’embouchure des rivières Chicoutimi, du Moulin et Shipshaw.

 

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William Price

 

 

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Peter McLeod, le fils

 

 

Avec le nouveau bail, la colonisation du Saguenay débute officiellement.



11/01/2020
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