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2019-02-06-La grande histoire – Les fourrures

Après notre brève incursion dans le Premier Empire de Napoléon, revenons au pays, et là je parle du Canada au complet, pas pantoute de l’Isle-aux-Coudres. Pendant que Joson cultive son chanvre, la Hudson’s Bay Company se retire de l’Athabasca où est établie la prestigieuse North West Company. Rappelez-vous, je vous en ai parlé dans le chapitre : « Joson le marin » du 30 janvier 2018. Je vous parlais aussi de McKenzie. McKenzie ou Mackensie? C’est un peu mêlant, je l’avoue mais nous allons essayer de démêler tout ça.

 

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Avant de parler de Mackenzie, il faut parler de la traite des fourrures. L’histoire commence en 1610 par le navigateur anglais Henry Hudson. Ça fait juste deux ans que Champlain a fondé la ville de Québec, c’est donc le début de la Nouvelle-France. Ce navigateur découvre la Baie d’Hudson en passant par le nord du pays. Quand il l’a découverte, la baie ne s’appelait pas comme ça. C’est lui qui lui a donné son nom : Baie d’Hudson, en son propre honneur.

 

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La Baie d'Hudson est bien entourée par

le Québec, l'Ontario et le Manitoba.

 

 

Cinquante ans plus tard, en 1660 donc, Pierre-Esprit Radisson et Médard Chouart des Groseillers, deux aventuriers et coureurs des bois, reviennent de voyage et ramènent une cargaison de fourrures sur plus de cent canots. Ce voyage leur a permis de découvrir la « mer salée » dont parlaient les autochtones.

 

 

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À gauche, Médard Couart Des Groseillers et à droite, Pierre-Esprit Radisson 

 

 

En venant du sud, depuis la Nouvelle-France, ils s’étaient rendus à la Baie d’Hudson. D'un côté un anglais au nord et de l’autre côté deux canadiens au sud. Ou plutôt en haut un anglais au nord et en bas deux canadiens au sud. Comme Radisson et des Groseilliers n'avaient pas de permis pour la traite des fourrures (et que leurs carabines n’étaient pas enregistrées dans le registre des armes à feu), le gouverneur de la Nouvelle-France, Pierre de Voyer d'argenson, confisqua leurs butins et les soumit à une amende.

 

 

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T'as oublié d'acheter le permis? Honte à toi.

 

 

Ah les maudits français. On ne pouvait pas haïr les anglais, ils ne nous avaient pas encore conquis. Fâchés contre les français, nos deux explorateurs canadiens partent pour Boston voir les anglais (qui ne sont pas encore indépendants) afin d'intéresser les autorités de la Nouvelle-Angleterre à faire des expéditions pour la traite des fourrures. Les anglais de la Nouvelle-Angleterre convainquent le roi Charles II d’Angleterre de cette bonne idée et c’est ainsi qu’est créée la « Hudson’s Bay Company » le 2 mai 1670. La Compagnie établit un monopole de traite des fourrures, sur le territoire autour de la Baie d'Hudson que l'on appellera la Terre de Rupert. Le Quartier général des opérations de la Compagnie est placé à Fort Nelson qui était situé à l’embouchure du Fleuve Nelson, dans ce qui est actuellement le Nord-Est du Manitoba. Fort Nelson deviendra plus tard York Factory, ça fait encore plus anglais.

 

 

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 Méchant gros territoire de chasse !

 

 

Tout va bien pour les anglais qui sont à la Baie d’Hudson au nord et tout va bien pour les français qui sont en Nouvelle-France au sud. Mais près d’un siècle plus tard, quand l’Angleterre fait la conquête de la Nouvelle-France, que Charles Desmeules se fait tuer et que la France nous abandonne par le traité de Paris de 1763, les anglais décident de faire la traite des fourrures dans l’ouest de leur nouveau pays. Une nouvelle compagnie, la North West Company, entreprise canadienne pour la traite des fourrures, est fondée officiellement en 1783 dans la province britannique, je dis bien britannique, de Québec. Et qu’arrive-t-il quand une nouvelle compagnie fait la même chose qu’une compagnie existante? Elle entre immédiatement en concurrence avec la Compagnie de la Baie d'Hudson qui opère son monopole depuis déjà plus de 100 ans.

 

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La concurrence:

 

dans le coin gauche, les anglais de la province britannique de Québec,

dans le coin droit, les anglais de la Nouvelle-Angleterre.

 

 

Qui dit concurrence, dit guerres de territoires. La North West Company qui exploitait le territoire du Nord-Ouest, comme son nom l’indique d’ailleurs, était établie en Athabaska très loin de la Baie d’Hudson. La Hudson’s Bay Company qui exploitait les territoires autour de la Baie d’Hudson, comme son nom l’indique d’ailleurs, était établie à la Baie d’Hudson. Tout va pour le mieux alors. Mais non, parce que la Hudson’s Bay Company va empiéter sur le territoire de la North West Company et la chicane va pogner.

 

 

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Bon, la chicane est pognée

 

 

Maintenant, parlons des Mackenzie. Mais là si on veut parler des Mackenzie, il faut parler de l’Écosse et des écossais. Et si on parle des écossais, on écrit Mackenzie et non pas McKenzie. C’est comme les cigarettes Macdonald et les hamburgers McDonald.

 

 

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Cigarettes Macdonald

 

 

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Hamburgers McDonald's

 

 

Les anglais se chicanent avec tout le monde, mais comme ils sont très forts, ils finissent par contrôler l’Écosse, petit pays juste au nord de l’Angleterre. Après la bataille de Culloden, ça c’est une dizaine d’année avant qu’ils ne viennent se battre chez nous, ils forcent les écossais à se départir de leur culture. Porter du tartan ou jouer de la cornemuse est maintenant défendu. Les habitants sont dépossédés et beaucoup sont embauchés comme soldats par les anglais (tu comprends-tu pourquoi Charles a été tué par les écossais?) alors que d’autres partent en exil vers le nouveau-monde le Canada et la Virginie.

 

 

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Vous êtes très jolie avec votre tartan madame Macdonald

 

 

C’est comme ça que Kenneth Mackenzie qui quitte son île de Lewis, en Écosse, pour aller rejoindre son frère à New-York. Il est accompagné de son fils Alexander et de ses deux sœurs.

 

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De l'Écosse à New-York, c'est une moyenne trotte

 

 

Mais c’est là que les américains se fâchent contre les anglais et font la révolution américaine (le Tea Party, la guerre d’Indépendance, tu t’en rappelles?) Le jeune Alexander est confié aux deux matantes qui sont fidèles à la mère-patrie et deviennent loyalistes. La vie est dure pour ces loyalistes et elles décident d’envoyer le jeune Alexander étudier dans une école à Montréal.

 

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Ben voyons don Alexander,

Ça parait que c'est tes matantes qui t'ont habillé

 

 

Ses études sont de courte durée car il préfère l’aventure. Il se retrouve à la North West Company et c’est comme ça qu’il va explorer l’ouest Canadien. Il est reconnu pour avoir découvert le fleuve Mackenzie (comme Hudson, il donne son nom au cours d'eau) le 10 juillet 1789 et il l'a descendu en canot, dans l'espoir de trouver un passage nord-ouest vers l'océan Pacifique. Mais il a atteint finalement l'océan Artique.

 

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Facile de suivre le courant mais le Pacifique,

c'est pas en haut, c'est à gauche

 

 

Alexander, maintenant devenu un personnage important de la North West Company fait embaucher son cousin Roderick pour qu’il le remplace pendant que lui va explorer l’ouest canadien.

 

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Les cousins

 

 

À sont tour, Roderick, le cousin, fait embaucher son petit frère James. En 1795, James commence un apprentissage de sept ans au sein de la North West Company, dans le département de l’Athabasca.

 

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Les frères

 

 

Mais James, y’é pas fin. Les journaux qu’il tient au fort Chipewyan dévoilent la rude existence des trafiquants de fourrures, de même que son mépris profond des Canadiens, des Indiens et de ses employeurs. Tenu de défendre les intérêts de sa compagnie, il maltraitait les employés, vendait des Indiennes aux engagés, fournissait aux Indiens du mauvais tabac et du rhum dilué, faisait crédit aux chasseurs endettés et, un jour, récompensa le chasseur responsable de la mort d’un engagé. Promu associé en 1802, James Mackenzie est responsable de la région de l’Athabasca, où s’infiltre alors la Hudson’s Bay Company. Il débaucha des Indiens, détourna des fourrures et « brutalisa » des Indiens et des employés de la Hudson’s Bay Company. Finalement, ces procédés durs et barbares poussèrent certains Indiens à tuer six hommes de main de la North West Company. La chicane est vraiment pognée et James est loin d’être blanc comme neige.

 

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Lui, c'est vraiment Roderick

 

 

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Lui, c'est James, mais pas vraiment le frère de Roderick

 

Finalement en 1806, la Hudson’s Bay Company se retire de l’Athabaska. James Mackenzie, quant à lui, est affecté aux Postes du Roi, probablement pour ses loyaux services à la North West Company. Les Postes du Roi sont des postes de traite des fourrures du Domaine du roi sous le régime français, donc rien à voir avec la Baie d’Hudson et l’Athabaska. C’est un vaste territoire qui s’étend à partir des Éboulements jusqu’à la ligne de partage des eaux de la baie d’Hudson. Des postes sont établis à Tadoussac, à Chicoutimi, à Sept-Iles et à La Malbaie. James est rendu proche de chez nous là.

 

 

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C'est à Chicoutimi qu'on trouve les plus belles fourrures

 

 

En janvier 1807, il adhère au Beaver Club. C’est un club social réservé aux personnalités et confrères pratiquant le commerce des peaux, notamment celles du castor canadien. Les grands négociants dans le commerce de la fourrure amassèrent ainsi des fortunes colossales. Les réunions étaient copieusement arrosées et se terminaient parfois au petit matin.

 

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Le Beaver Club où James a bien bu

 

 

Pour ceux qui veulent de plus amples explications, aller voir le court film de 15 minutes de Pierre Falardeau sur You Tube à l'adresse suivant: https://www.youtube.com/watch?v=jSfC9hc4ZfI

 

Retenu à Québec par la maladie jusqu’en 1808, James McKenzie entreprit alors la tournée en canot de son nouveau domaine. Il remonta le Saguenay, traversa le lac Saint-Jean et navigua sur la Chamouchouane (ancien nom de la rivière Ashuapmushuan.

 

 

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James en tournée au Piékouagami

 


Mais pourquoi parler de James Mackenzie? Parce qu’il est un de nos ancêtres. Mais nous y reviendrons.



06/02/2019
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