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À la fin d'octobre de cette dernière année du centenaire (1799) Joson et Constance quittent leur nouvelle terre pour retourner sur l'Isle-aux-Coudres afin d'y passer l'hiver et de mettre leur premier rejeton au monde. Leur maison est bien commencée. Les fondations en pierres des champs sont terminées. Joson a eu de l'aide. Il n'était pas le seul à quitter la marine et le bateau du capitaine Siriac. Trois autres marins sont venus donner un bon coup de main pour la construction de la maison. Ces joyeux lurons ont travaillé de longues journées pour préparer les assises de la nouvelle maison si bien qu'après un mois, les quatre hommes avaient même réussi à monter les murs et la toiture avant l'hiver. Le travail reprendra au printemps.

Photo prise dans le futur

Jean-Marc et Constance sont très heureux de revoir leurs enfants. Constance est toute énervée de voir le bedon bien rond de Constance. Les deux femmes deviennent déjà très complices pour la venue de ce bébé qui consacrera les parents de Joson grands-parents pour la première fois.

Photo prise dans le futur

Dans cette grande maison maintes fois agrandies, il y a plein de monde. La famille compte 11 frères et sœurs. Malheureusement, le petit Bernard est mort l'an dernier. Il n'avait que 4 mois et Constance a du mal à s'en remettre.

L'hiver approche a grands pas. Les hommes font la corvée du bois de chauffage. Le hangar est rempli de bûches qui chaufferont les longues nuits d'hiver. Le petit boire est toujours servi à la fin de la journée de travail. Chez les Desmeules, l'alcool fait partie des mœurs, mais jamais au grand jamais il n'y a d'excès.

Vive les mœurs sans excès

Déjà les habitants de l'Île prennent leur routine d'hiver. Les journées sont courtes et les soirées sont longues. La bonne humeur règne dans la maison. Les jours festifs de Noël et du Jour de l'An amènent leur lot de visite des voisins. Les Desmeules sont une belle famille à fréquenter pour plusieurs raisons. On ne peut pas les nommer toutes mais disons une au hasard: l'Aquavit. Tous repartaient avec une petite provision de ce merveilleux médicament qui n'était pas encore vendu à la SAQ.

Un médicament, ça se prend au compte-gouttes

Et la veille du Jour de l'An arriva. Tous les habitants n'avaient qu'une histoire en tête: le changement de siècle. Qu'est-ce qui peut bien arriver lorsqu'à minuit le 31 au soir, le 99 changera pour le 00 ? Les histoire les plus loufoques ne cessaient de circuler. On alla jusqu'à dire que les poules arrêteraient de pondre des œufs pendant 24 heures. Heureusement, rien de tout cela n'arriva. Cependant un phénomène plutôt étrange se manifesta: c'est la poulette grise qui a pondu dans l'église.

Poule non comprise

Et l'hiver suit son cours. Les journées froides de janvier et de février finissent par passer. Constance, la mère en devenir en est à son huitième mois de grossesse. Constance, la mère onze fois devenue, a un plan: pourquoi ne pas devenir mère à nouveau? Elle n'a que 42 ans après tout. La perte de son dernier serait adoucie par la naissance d'un autre enfant? Et voilà qu'elle fait les yeux doux à son vieux. Dans la nuit de 28 février au 29 (oui c'est une année bissextile car la dernière était en 1796) Constance se colle langoureusement auprès de Jean-Marc qui se réveille tout étonné. En ce temps-là, c'est la femme qui décidait de tout et soumis, l'homme de la maison fit ses devoirs conjugaux.

Je dois, tu dois, il doit, nous devons, vous devez, ils doivent.

C'est conjugué.

Ce n'est qu'au lendemain que Constance réalise son erreur: il n'y a pas de 29 février en 1800. Elle ne savait pas que les années bissextiles doivent être divisibles par 4 et non par 100. Tout le monde sait ça pourtant. Bon ce n'est pas si grave, elle sera enceinte le 1 mars au lieu du 29 février et tant pis pour la bissextile.

Gros calcul

Le mois de mars s'écoule lentement et les jours rallongent. Le soleil est de plus en plus puissant. La jeune Constance va bientôt accoucher. Elle doit cacher ses formes avec une robe ample et un grand tablier. En ce temps-là, il ne fallait pas que les enfants apprennent qu'un bébé est à naître. D'ailleurs, ils ne l'apprendront qu'après l'accouchement et de manière détournée, le plus souvent en leur disant que les sauvages sont venus l'apporter.

Livraison sauvage spéciale

C'est le 17 mars, qu'on fit venir la sage-femme. Elle sera assistée par Constance, la belle-mère. Les enfants sont envoyés chez des voisins pendant que Joson et son père s'en vont dans la grange. C'est un événement où les hommes sont exclus. L'accouchement se passe très bien et le petit Joseph-Louis vient au monde. Et quoi de mieux qu'un petit verre d'Aquavit pour célébrer une nouvelle vie!

Le mois de mars 1800 est important pour les Desmeules de l'Isle-aux-Coudres: un enfant est né et un autre est en création. Mais il n'y a pas que ça. La veille de la naissance de Louis, le 16 mars, mourrait Jean-Joseph Casot. C'était le dernier des missionnaires jésuites envoyés au Canada. Non, franchement, ce n'est pas si important que ça. Par contre, le 27 mars naissait William Dow et ça c'est important.

Le petit William

C'est un écossais né en Écosse qui est venu s'établir au Canada vers 1818. Ce fils de brasseur travaille alors comme contremaître à la brasserie Dow, une des principales brasseries au Canada. Elle fut fondée par Thomas Dunn en 1790, seulement quatre ans après la fameuse brasserie Molson. En 1829, il devient associé de la firme. Au cours du XXe siècle, l'industrie brassicole se consolide au Canada et la brasserie Dow fusionne avec d'autres brasseries et poursuit sous le nom de National Breweries Co. Le groupe reprend en 1952 le nom de Dow, sa plus populaire production. C'est cette année-là que je viens au monde et que mon père adopte la bière Dow.