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2016-04-17-La grande histoire - La famille et la guerre d'Indépendance

C'est vraiment un beau printemps en 1774. Le soleil fait fondre la neige rapidement. Les gens de l'Île se promènent dans le chemin boueux. Jean-Marc file le parfait bonheur avec sa jolie Constance. Il ne pense pas qu'à semer ses patates car Constance s'aperçoit assez vite qu'elle est enceinte. "Si c'est un garçon, nous l'appellerons Joseph," lui dit elle "et si c'est une fille, nous l'appellerons Marie-Anne", lui répondit Jean-Marc (sans lui révéler, bien sûr, ses anciennes amours).

 

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Joseph ou Marie-Anne?

 

Et l'année se passa doucement dans l'amour de ces jeunes gens. Comme ils demeuraient dans la maison familiale de Charles, Cécile commença à faire d'autres plans pour laisser toute la place aux amoureux. Sa relation avec François était de plus en plus complice. Les frères et sœurs de Jean-Marc avaient, eux aussi, d'autres plans.

 

Neuf mois bien comptés après le mariage de Jean-Marc et Constance, un beau garçon vint au monde le 28 janvier 1775. Puisque la période de gestation de la femme est neuf mois, on peut donc affirmer que Jean-Marc a respecté l'un des dix commandements de l'Église catholique: "L'œuvre de chair ne désireras qu'en mariage seulement" (Vous avez remarqué que "désireras" est écrit avec un "s" et vous avez pensé qu'il y a une faute? Mais non car le sujet du verbe est "tu" et remplace Jean-Marc et il est sous-entendu). Oui mais Marianne, elle? Ben c'est ça, y était pas marié et il a fait l'œuvre de chair sans le désirer. Et  une semaine plus tard, le 6 février, Cécile et François s'unissaient selon les rites du mariage. Le curé Berthiaume avait fort à faire en ce début d'année. Et tout le monde est heureux. Les murmures cessèrent.

 

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C'est lequel le commandement?

 

Joseph, car c'est le nom choisi par Constance, sera l’aîné d'une famille de 13 enfants et il poursuivra notre lignée. La première fille, la troisième enfant s'appellera Marie-Anne.

 

Pendant ce temps, au sud, les habitants des Treize Colonies continuent leur chicane avec les Anglais de la mère-patrie. Malgré le refus des canadiens de s'allier à eux par le discours de Job (on parle de l'évêque Jean-Olivier Briand ici), les américains tiennent un congrès au mois de mai et déclarent la guerre aux anglais. C'est à ce moment-là que les canadiens réalisent que l'Acte de Québec n'était que de la bouillie pour les chats et que Job leur en avait passé une petite vite. Ils furent appelés à aider les anglais à combattre les américains. On peut comprendre qu'ils n'étaient pas très enthousiastes. Pour eux, les américains et les anglais, c'était tout pareil.

 

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Qu'ils soient British ou American, c'est tout pareil

 

La vie s'écoule sur l'Isle-aux-Coudres dans le bonheur de la famille Desmeules. Le petit Joseph est en bonne santé et "profite" bien. Il est si mignon que Constance le surnomme Joson. Quatorze mois plus tard, le mignon fait ses premiers pas. Tout le monde est joyeux et l'œuvre de chair se fit encore une fois dans la nuit du 1 mars 1775. Ce fut une nuit mémorable car il y avait  longtemps que les amoureux ne s'étaient pas retrouvés seuls. Cécile gardait Joson chez elle sur la ferme de François. C'est après cette nuit de grande bagatelle que Constance se retrouva enceinte pour la deuxième fois.

 

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Si mémorable que Jean-Marc est allé voir le curé

Berthiaume pour s'en confesser ou s'en vanter.

  

C'est à la fin de juin, alors que la bedaine prend forme, que les Américains décident d'attaquer les Anglais à Montréal et à Québec. Même si la guerre est loin de l'Île, on s'informe sur le perron de l'église. Washington envoie un contingent de 2000 soldats remonter la rivière Richelieu à partir du lac Champlain. La bataille est rude mais ils réussissent à prendre le fort de St-Jean et celui de Chambly. Les "habits rouges" (c'est le surnom donné aux soldats anglais) sont obligés de se replier jusqu'à Sorel en passant sous l'autoroute 20. Ce sont les habits rouges qui ont inspirés "Les Habits Jaunes" groupe yé yé de 1965 qui interprétaient Dona de Ritchie Valens.

 

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 Ils n'étaient pas équipés pour la guerre

 

Le 13 novembre, les Américains occupent Montréal. Une fois bien installés, ils descendent le fleuve jusqu'à Québec pour prêter main forte au deuxième contingent de l'armée américaine, parvenu aux portes de la Vieille capitale par la rivière Chaudière. Mais cette fois-ci, Québec ne capitulera pas et la province de Québec demeurera britannique. La veille du jour de l'an 1776, les anglais fêtent leur victoire et Washington rebrousse chemin. Malgré cette défaite, les américains proclament leur indépendance le 4 juillet, d'où la fête des américains.

 

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Le jour de l'indépendance - 4 juillet 1776

 

Mais la guerre n'est pas gagnée pour autant. C'est alors que les Français arrivent. Le marquis de La Fayette prend une part active à la guerre de l'Indépendance américaine. Il propose même à Washington d'envahir la "province de Québec". La France avait envoyé 8000 soldats en terre américaine. Soulignons que l'effort militaire de la France a été plus grand pour aider les États-Unis à conquérir leur indépendance que pour permettre au Canada de demeurer Français. Malgré tout, Washington refusa d'envahir la "province de Québec". Décidément, on est pogné pour vivre sous la couronne britannique.

 

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La Fayette, pis ses histoires de conquêtes.

Washington l'a calmé.

 

En 1783, le traité de Paris met fin à la guerre et rend officiel l'indépendance des États-Unis.

 

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 C'est là où nous en sommes

 

Certains loyalistes, qui refusent cette indépendance et qui veulent rester soumis à l'Angleterre, décident de s'exiler. Ils se considèrent comme d'authentiques "patriotes anglais". Ils vont se réfugier en Nouvelle-Écosse, à l'Île du Prince Edouard et Terre-Neuve. Mais il y en a 7000 qui s'établissent dans la "province de Québec". Il y a deux sortes de loyalistes: ceux qui sont les gens du peuple, les agriculteurs, les ouvriers, etc. et il y a les plus conservateurs, moins démocrates et plus anticatholiques. Nous autres on a hérité de la deuxième gang.

 

 

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Ça ressemble à ça un loyaliste conservateur, moins démocrate

et anticatholique

 

Ceux-ci refusèrent d'êtres soumis aux lois civiles françaises et au régime seigneurial de la province de Québec. C'est pourquoi le gouvernement anglais ouvrit de nouvelles concessions à l'ouest de la rivière des Outaouais pour établir ces prétentieux. Et c'est comme ça qu'un peu plus tard la province de Québec fut divisée entre le Bas-Canada (Québec) et le Haut-Canada (Ontario). On commence ti à comprendre la rivalité entre les anglais de l'ouest et les québécois?

 

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Les anglais de l’Ontario et les québécois. Rivalité?

 

Plus tard, d'autres loyalistes s'établirent au nord du lac Champlain et fondèrent plusieurs "cantons". Ils sont à l'origine de plusieurs villages comme Farnham. Sachant que "farn" veut dire fougère et "ham" veut dire jambon, on peut déduire que ces loyalistes étaient des jambons perdus dans les fougères. Peut-être aussi une recette de jambon au têtes de violons. Tout ça pour dire qu'ils héritèrent des plus belles terres de la province de Québec qu'ils appelleront Canton de l'Est et bien plus tard Estrie.

 

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Nos plus belles terres aux anglais

 

Pendant ce temps, Joson grandit, un autre Jean-Marc vient au monde, ensuite Marie-Anne qui se fit attendre deux ans.

 

Pendant ce temps aussi, des soldats écossais qui ont pris part au siège de Québec de 1759, ceux-là mêmes qui ont tué Charles probablement à Baie St-Paul, se voient offrir de vastes terres situées dans la magnifique région de Charlevoix. L'un deux, Hugh Blackburn, épouse Geneviève Gagnon en 1776 et aura 13 enfants. Plusieurs de ses descendants, tous francophones, iront s'établir au Saguenay - Lac-St-Jean et fonderont la fromagerie Blackburn.

 

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Oublions qu'ils ont tué Charles. C'était une autre époque.

 

Pendant ce temps aussi, autour de 1780, d'autres écossais font le commerce des fourrures et forment la North West Company. Ce sont eux qui fondent le Beaver Club. Pour devenir membre, il faut déjà avoir traqué la fourrure au moins un hiver et boire beaucoup d'alcool. Un de ces buveurs écossais s'appelle Alexander Mackenzie. Retenez bien ce nom car c'est aussi un de nos aïeuls. Nous y reviendrons.

 

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C'est lui le coquin rouquin

 

Pendant ce temps aussi, à l'été 1779, il y a l'invasion des chenilles à l'Isle-aux-Coudres. Marie-Anne n'a que 6 mois. Jean-Marc en a 31.

 

Voici cette triste histoire dans La Grande Histoire racontée par Alexis Mailloux:

 

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 Le fléau des chenilles

 

Vers le milieu de la saison, les habitants virent comme sortir de la terre,

une quantité immense de chenilles. Elles entraient dans les maisons en quantité

effrayante. Elles en couvraient les planchers, les cloisons, les chaises, les tables.

Elles pénétraient jusque dans les lits.

Elles détruisirent complètement les pâturages, les tiges des semences, le foin

des prairies et les feuilles même des arbres.

Comme tous ceux qui croient à l'action de la Providence,

les habitants de l'Isle-aux-Coudres comprirent que Dieu seul pouvait

en délivrer leurs champs, leur maisons et leur Île.

Un jour de grand jeûne fut ordonné. Une grande messe fut chantée.

Toute la paroisse, en silence, se rendit au pied de la butte qui

se trouve en arrière du moulin de l'Islette.

Le clergé monta sur cette butte pendant que toute la population, à genoux,

s'unissait de cœur et d'âme aux prières de la sainte Église.

Pendant la nuit, Dieu avait ordonné à ses messagers célestes

de réunir ces milliards d'insectes dans les fossés et dans les ruisseaux,

et de les exterminer.

Mais Dieu ne fait pas les choses à demi, quand ses enfants coupables

ont su s'humilier dans leurs cœurs sous sa main vengeresse.

Vers le soir, survint un grand orage accompagné d'une pluie abondante.

Par l'effet de cette pluie, les cours d'eau se gonflèrent et leurs courants

entrainèrent au fleuve cet amas de débris.

L'œuvre de Dieu avait reçu son complément et les habitants de l'Île

en rendirent de sincères actions de grâces.

 

Bonne nuit, il est temps de faire dodo.

 

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17/04/2016
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