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2019-03-27-La Grande Histoire-Appendice D - Le clan Desmeules de la rue du Pont

Dans la grande histoire de notre famille, il y a des affaires qui se brassent et comme le dit un proverbe espagnol : « En affaire, il n’y a pas d’amis ».

 

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Proverbe espagnol

 

 

Nous sommes en 1942, il y a de cela 77 ans. Mon père, Joseph que nous appelons Ti-Jos, vit marié avec Henriette Tremblay à Chute-aux-Galets. Elle vient tout juste d’accoucher de Jean-Luc le 9 mars dernier, son premier garçon. La petite famille a déjà deux filles : Gilberte, 2 ans et Gisèle, 1 an. Est-ce cette nouvelle naissance, la joie d’avoir un garçon ou tout simplement les belles journées ensoleillées du printemps qui anime Ti-Jos au point de lui faire faire des dépenses folles? À vous d’en conclure. Le 18 avril, papa a un rendez-vous très important avec François Morissette chez le notaire Charles-Eusèbe Boivin. En ce jour de grands projets, Joseph, fils de Joseph achète de François, fils de François, un terrain du lot 12-7 de Canton Tremblay dans le village de Ste-Anne pour la somme de 35,00 $. C’est le début de la saga des Desmeules de la rue du Pont.

 

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Ti-Jos et Henriette à Chute-aux-Galets

 

 

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Joseph, père

 

 

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Joseph, fils

 

 

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François, père

 

 

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François, fils

 

 

Je vous présente le clan Desmeules impliqué dans cette saga. Inutile de vous préciser que les femmes tiennent un rôle de second plan pour ne pas dire de dernier plan. Joseph (pepére Desmeules) est le père des quatre fils suivant : Thomas-Eugène, Joseph (mon père), Gustave-Émile et Yvan. Tous ceux qui ne s’appellent pas Joseph sont mes oncles. Joseph, 66 ans, est marié avec Marie. Thomas-Eugène, 36 ans, est marié avec Antoinette. Joseph, 33 ans, est marié avec Henriette (sœur d’Antoinette). Gustave-Émile, 25 ans, est marié avec Marie-Ange. Yvan, 22 ans, est célibataire.

 

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Yvan, memére Marie dans porte, Ti-Jos (papa), Joseph (pepére Desmeules),

Thomas-Eugène et Gustave-Émile

 

 

Je vous présente le terrain en cause dans cette saga. Mais situons-nous. Le pont de Sainte-Anne, nouvellement construit, permet de relier Chicoutimi à la rive nord de la rivière Saguenay qu’on appelle la paroisse de Sainte-Anne.

 

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C'est une vieille photo, il n'est pas fini de construire

 

 

Aussitôt qu’on a traversé ce beau pont, on est sur la rue du Pont, il va sans dire et après quelques verges (aujourd’hui on dit des mètres) on arrive à la rue principale qui est la rue Roussel. Maintenant, il faut s’imaginer ce qu’est le paysage en ce temps-là. Il n’y a pas de boulevard Ste-Geneviève ni de boulevard Tadoussac. La rue Roussel est parallèle à la rivière Saguenay et part du pied du cap St-Joseph jusqu’au pied du cap St-François. C’est la même chose qu’un rang double : un chemin et des terres de chaque côté. Il n’y a presque pas de maisons de construites encore.

 

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Cadastre d'aujourd'hui avec la rue Roussel, le boulevard Ste-Geneviève et le boulevard Tadoussac en jaune

En haut à gauche, c'est le lot à Ti-Jos

 

Tout le côté nord de la rue Roussel, c’est un grand champ avec des vaches qui broutent. Le terrain que papa a acheté est sur la future partie de la rue du Pont. Pour tout de suite, ce n’est qu’un passage pour se rendre dans les champs de François Morissette. Papa a sûrement trouvé le site enchanteur juste au pied d’une falaise, face à de grands champs. Toujours avec votre imagination, placez-vous au coin de la rue du Pont et Roussel. À votre gauche, il y a la côte Sainte-Anne et la terre à Léonard Bouchard (Quenon). Marchez vers le restaurant à Donat (il n’existe pas encore) et à votre gauche, c’est le lot 12-5 qui sera à Kilda, ensuite le lot 12-6 qui sera à pepére (mais pas tout de suite) et enfin le lot 12-7 que papa vient d’acheter. C’est un beau terrain de 80 pieds de façade sur la future rue du Pont par 95 pieds de profondeur. La rue St-Donat est juste en face du lot 12-6 à pepére. Vous pensez que 35,00 $ c’est vraiment pas cher pour un pareil terrain. Non, c’est vrai mais il y a anguille sous roche. Il faut savoir que François Morissette, dit Petit François, c’est le beau-frère de pepére Desmeules. Ben oui parce qu’il a marié Maggy Tremblay la sœur de memére Desmeules. Ensuite, Petit François a un léger défaut d’ivrognerie et pour se payer un petit boire, il vendait un terrain. Avec 35,00 $, il pouvait boire un coup un peu longtemps. Il y a une chanson qui dit: "Pour boire, il faut vendre". Papa connaissait très bien cette chanson lui aussi.

 

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Le nouveau pont au loin, les bâtiments de Léonard Bouchard

Le lot à papa est à gauche (on le voit pas) accoté au terrain à Léonard

 

 

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Photo du futur: la rue Roussel est plus loin, le pont au loin

et le terrain à papa est complètement à droite en dehors de la photo

 

 

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Encore une photo du futur: nous sommes sur la rue St-Donat,

au fond en face, c'est la maison à pepére

 

 

Lorsque papa achète le terrain en avril, il est commis pour la compagnie Price Brothers à Chute-aux-Galets tout près de St-David de Falardeau. Mais je pense que son projet est de quitter ce village trop petit pour une famille de trois enfants. Il abandonne son emploi mais pas pour longtemps. Il s’accoquine avec son frère Thomas-Eugène qui est constable de police à l’usine de l’Aluminum Company of Canada à Arvida. Il réussit sans peine à se faire embaucher comme constable lui aussi. Avec leurs six pieds et leur stature imposante, les deux Desmeules ont toutes les qualifications pour garder l’ordre sur la propriété de la compagnie. Et pourquoi ne pas construire une maison pour les deux constables? Papa occupera le premier étage et Thomas-Eugène le deuxième.

 

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Il est constable à la compagnie d'aluminium


 

Ils embauchent leur père et leur frère Gustave-Émile pour les aider à construire leur maison de deux étages. Pepére et Gustave-Émile sont tous les deux menuisiers, c’est normal qu’ils  donnent un coup de main à papa. La construction va bon train et à la fin de l’été, papa demeure dans sa nouvelle maison avec Henriette et les enfants.

 

La famille papa et Henriette.jpg

 

Enfin dans notre maison

 

 

Gustave-Émile est tellement emballé par le projet qu’au printemps suivant, lui aussi achète le terrain voisin. François Morissette lui vend donc le lot 12-6 pour 430,00 $. C’est un terrain de 50 pieds de façade par 95 pieds de profondeur. Y’avait-il autant d’inflation? En tout cas, Gustave ne l’a pas payé comptant et François Morissette faisait confiance. On a donc convenu que l’acheteur paye 50,00 $ comptant et le reste à raison de 26 versements mensuels égaux de 15,00 $ sauf le dernier de 5,00 $. Ben oui, c’était comme ça dans le bon vieux temps.

 

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Le lot 12-7 est à papa et le lot 12-6 est à Gustave-Émile

 

 

Nous sommes en 1943 et Henriette est bien enceinte et devrait accoucher en juillet. Pendant ce temps, Gustave-Émile qui, on le sait maintenant, avait acheté le lot 12-6 pour y loger ses parents, aide pepére Desmeules à construire sa maison. Pepére n’aimait pas du tout demeurer à Bagotville et il était trop content de s’associer avec Gustave-Émile pour revenir dans sa paroisse de Ste-Anne. Ce n’est pas long que pepére et memére emménagent avec la plus jeune de leur fille Marie-Thérèse tout juste avant le drame qui arrivera chez leurs voisins.

 

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Gustave-Émile, quelques années plus tard

 

Henriette accouche le 21 juillet d’une petite fille qu’on baptise du nom de Bibiane. Mais la mère et l’enfant sont malades. C’est probablement la grippe espagnole qui revient frapper encore la région. Le petit bébé meurt le 11 août trois semaines seulement après sa naissance. La maman, déjà affaiblie, supporte mal l’épreuve et meurt à son tour le 24 août deux semaines après.

 


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 Elle est toujours avec nous

 

 

Papa est dévasté. Que fait-on à 34 ans lorsque la mort vient enlever le pilier de ta vie? Que fait-on à 34 ans lorsque tu deviens l’unique responsable de la vie de trois enfants en bas âge, Gilberte, 3 ans, Gisèle, 2 ans et Jean-Luc, 1 an? La vie bascule et tous tes repères deviennent flous. Dans ces épreuves, il faut compter sur la famille. Justement, le noyau familial était en train de germer sur la rue du Pont.

 

On expose le corps d’Henriette chez pepére et memére, la maison de papa étant toujours en chantier. Comment mettre la priorité sur la finition des murs quand tu as trois bébés et une femme enceinte qui y vivent?  Après la sépulture, c’est sans discussion et sans aucune hésitation que pepére et memére prennent les enfants avec eux. Marie-Thérèse leur donne un bon coup main. Mais la maison est petite et il faut se résigner à séparer les deux filles. Gilberte va dans la famille de monsieur Charles Gravel à Chicoutimi où Henriette faisait le ménage et est par la suite envoyée chez ma tante Florence et Adjutor, à Bagotville. Gisèle va chez, mon oncle Épiphane et Flore, à Bagotville aussi. Quant à Jean-Luc, il restera chez ses grands parents. Et le deuil se fait lentement.

 

Gilberte et Gisèle à Bagotville.jpg

 

Bagotville est une période un peu floue pour les deux filles

ce qui explique le floue de la photo

 

 

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Ma tante Florence de Bagotville

 

Mais un homme avec des enfants ne peut pas rester veuf trop longtemps. Papa remarque une petite rousse de 30 ans qui travaille à la cafétéria de l’usine d’aluminium. Son cœur et, il faut l’admettre, sa raison aussi, l’encouragent à la courtiser. Elle a un quelque chose d’exotique. D’abord elle est rousse mais aussi, elle vient d’ailleurs. Et lorsqu’il apprend son nom, Antoinette, il en tombe amoureux fou.

 

Maman à Arvida.jpg

 

Maman devant la cafétéria de l'usine

 

 

S’il avait été poète, papa aurait certainement écrit ces mots à la place de Pierre Bachelet :

 

Et moi je suis tombé en esclavage 
De ce sourire, de ce visage 
Et je lui dis emmène-moi 
Et moi je suis prêt à tous les sillages 
Vers d'autres lieux, d'autres rivages 
Mais elle passe et ne répond pas

Les mots, pour elle, sont sans valeurs

Pour moi, c’est sûr, elle est d’ailleurs

 

Ou ces mots à la place de Jean-Pierre Manseau :

 

À travers les yeux de ma vie J'ai souffert surtout
De ne pas pouvoir te dire
Toutes ces choses que l'on se doit de dire
Que l'on se doit de dire quand on aime comme je t'aime
Antoinette, je t'aime toujours

 

Les fréquentations se font de plus en plus intenses. Papa retrouve la joie de vivre. La rousse, comme on l’appelle, a un amour réciproque et est en amour également avec les trois enfants. Moins de deux ans plus tard, le mariage est célébré à l’église de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus d’Arvida le 17 mai 1945. C'est juste un peu de temps avant que la compagnie d'Arvida prenne le nom officiel d’Alcan. La famille de papa peut enfin revenir à la maison avec une nouvelle maman.

 

Mariage de papa et maman.jpg


Ils sont mariés

 

 

Tout va bien dans le clan Desmeules. Pepére et memére sont tellement contents de se retrouver avec leurs deux fils et leur famille. En plus la dernière de la famille, Marie-Thérèse, célèbre son mariage en août de la même année. Elle quittera ses parents pour aller vivre avec son nouveau mari, Charles-Édouard, un veuf avec quatre enfants.

 

Marie-Thérèse et Charles-Édouard.jpg


Enfin, elle a son mari

 

 

Ainsi va la vie et, par une nuit chaude de la fin de juillet, la belle de la Beauce devient enceinte de son premier enfant. Son bonheur est assombri par la discorde que la promiscuité peut apporter. La rousse, pourtant si gentille et réservée, n’est pas accueillie aussi chaleureusement par tous. Tant bien que mal, elle essaie de plaire et de se faire accepter mais elle se bute à une certaine adversité. Malgré tout, dans l’hiver 1946, elle se prépare à donner à son homme son premier enfant. Le 23 avril, elle accouche de Ginette, une jolie petite fille aussi rousse que sa mère. Quel bonheur pour ses sœurs et son frère qui accueillent leur petite nouvelle sœur comme leur cadeau d’enfants sages. Jean-Luc, à quatre ans, est conquis, elle sera sa plus grande amie.

 

Les trois pour Ginette.jpg

Les deux sœurs et leur frère qui attendent

leur cadeau d'enfants sages

 

 

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Ginette, la petite rousse

et la maison de Gustave-Émile en arrière-plan

 

 

Si Ginette vient souder les liens de ma famille, d’autres liens deviennent de plus en plus ténus si bien que l’année suivante, en 1947, papa sent qu’il faut qu’il régulariser de façon légale certaines accointances qui s’effritent. En juin, il rencontre le notaire Charles-Eusèbe Boivin. Comme il était marié devant Dieu en communauté de biens, il doit déclarer que ses enfants sont les héritiers légaux de son épouse Henriette et possèdent 1/3 chacun de la 1/2 part des biens de leur mère. Par simple calcul avec le dénominateur commun des fractions, chacun des enfants possèdent donc 1/6 du lot 12-7 et des bâtisses dessus érigées, dixit le notaire.

 

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Le tiers d'une demie ça fait un sixième

 

 

En août papa se présente encore devant le notaire avec Thomas-Eugène et Gustave-Émile. Par acte notarié, papa, tuteur et Thomas-Eugène, subrogé tuteur de Gilberte, Gisèle et Jean-Luc vendent la part du terrain du lot 12-7 appartenant aux trois enfants et des bâtisses dessus érigées à Gustave-Émile. Vous comprenez pas? Un subrogé tuteur est un membre du conseil de famille qui surveille le tuteur. Donc Thomas-Eugène surveille Ti-Jos qui vend la part de ses enfants à son frère Gustave-Émile. En conclusion, Ti-Jos et Gustave-Émile sont copropriétaires du lot 12-7.

 

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Un subrogé tuteur surveille un tuteur

qui surveille un tuteur qui surveille un tuteur...

 

 

Vous pensez que papa est dépossédé? Non, pas encore, car ce ne sont que des passes-passes légales pour légaliser les actifs. Finalement une dernière parade devant le notaire permet à Gustave-Émile de vendre la part qu’il vient d’obtenir, directement à Thomas-Eugène car, ne l’oublions pas, mon oncle Thomas-Eugène ne possède rien sur papier. En conclusion, Thomas-Eugène vient d’acquérir la 1/2 part qui appartenait à Henriette et devient donc le copropriétaire de la propriété avec papa.

 

 

 

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Pas si sûr que ça, moé

 

 

Ouf ! C’est un peu mêlant, je l’avoue mais ce n’est pas fini. Prenons une pause joyeuse. Un autre bébé s’annonce dans la famille de Ti-Jos. Le 12 novembre, maman accouche de Bibiane. Ben croyez-moi ou croyez-moi pas, c’est une copie carbone de Ginette. En fait, pas trop carbone car elle est aussi rousse que Ginette et maman.

 

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Toujours au même endroit mais pas la même fille,

toujours la maison à Gustave-Émile en arrière-plan

mais en plus, la maison à pepére à droite

 

 

C’est bien beau des rousses mais ce n’est rien pour améliorer les relations. Vous pensez que j’en invente? Sachez que les roux ne représentent que 1 % de la population mondiale et que chez-nous, en Amérique du Nord, ils ne représentent que 2 à 6 % de la population. Ce qui fait que quand ce n’est pas pareil ça fait jaser et les réactions varient de la fascination admirative à d’agressives discriminations.

 

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Je suis rousse, pis ?

 

 

Espérons que l’année 1948 sera meilleure. Non, pas du tout. Au moins, maman n’est pas encore enceinte et elle aura besoin de tous ses moyens pour faire face aux malheurs qui vont suivre. Papa perd son travail, on ne sait jamais vraiment pourquoi mais on s’en doute. Il se trouve un autre emploi comme chauffeur d’autobus pour la compagnie Crevier. Il change d’uniforme mais le différend dans le clan Desmeules continue d’exister.

 

Papa et maman.jpg

 

Le chauffeur d'autobus et sa rousse

 

 

Au mois de mai, le 30 en fait, pepére Desmeules meurt dans le bois sur la Lièvre. Jean-Luc se rappelle encore des cris et des pleurs de memére lorsque papa et mon oncle sont allés lui apprendre la triste nouvelle. Gisèle ne pourra plus cacher ses croûtes dans le tiroir à croûtes, une complicité qu’elle entretenait avec son grand-père. Yvan et Jacqueline viennent vivre avec memére qui a bien besoin d’aide. Ce sont de jeunes mariés de l’an passé et Jacqueline, la petite bru à pepére est enceinte. Elle a vingt-quatre ans et Yvan vingt-neuf. Il fallait bien qu’il attende la fin de la guerre avant de s'engager, il était dans l’armée. Comme il est assez à part des autres, il a décidé de se marier avec un contrat de mariage devant notaire et un mois plus tard devant le curé. Ainsi, il n’était pas en communauté de biens. Rusé? N’est-ce pas?

 

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Mon oncle Yvan et ma tante Jacqueline

 

 

Devant tous ces problèmes, maman a décidé de ne pas enfanter de nouveau. Comment? Maman connait la méthode du calendrier et c’est elle qui a le contrôle sur les naissances, pas le curé. Et c’est bien mieux parce qu’en juillet, suite à la mort de pepére, le clan doit prendre des décisions pour memére. La pauvre vieille est âgée de soixante-trois ans et elle est veuve. Il faut bien s’en occuper et dans ce temps-là, la famille s’occupait de ses vieux. Il est convenu de séparer les terrains pour accommoder tout le monde. Ainsi Gustave-Émile donnera la moitié de son terrain du lot 12-6 à memére sur laquelle est construite la maison dont elle a héritée. Mais l’autre moitié n’est pas assez grande pour pouvoir construire une maison pour Gustave-Émile. Alors papa et Thomas-Eugène vendront la moitié ouest de leur terrain qui n’est pas utilisée. Tout ce beau monde défile devant le notaire pendant les mois de juillet et août pour signer les contrats légalisant toutes les transactions. En secret, papa vend aussi sa part à Thomas-Eugène mai il est convenu qu’il demeurera dans la maison. Maintenant, il est dépossédé. Quelle idée a-t-il derrière la tête? Il veut quitter le clan? On se sait jamais vraiment pourquoi, mais on s’en doute.

 

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Gustave-Émile donne la moitié de son lot à memére

 

 

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Papa et Thomas-Eugène vendent la moitié de leur lot

à Gustave-Émile

 

 

Déposséder.png

 

Pas si sûr de ça, moé

 

Dans une famille, il arrive souvent qu’une mort et une naissance arrivent presqu’en même temps. Suite à la mort de pepére, c’est Robin, le premier enfant d’Yvan et Jacqueline qui vient au monde le 22 septembre. Et pour finir l’année, memére signe un contrat pour donner son terrain et sa maison à Yvan. Mais il y a une condition et c’est bien normal, elle se réserve, sa vie durant, le droit d’habiter l’immeuble et dans les appartements qui lui conviennent. C’est comme çà qu’on retrouve toujours memére chez mon oncle Yvan et ma tante Jacqueline. C’est la famille à Yvan qui va s’occuper de memére jusqu’à sa mort.

 

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La vie après la mort

Robin

 

Le temps des fêtes se passent dans la joie et le printemps 1949 s’amène avec ses promesses de bonheur et de douceur. Une certaine paix règne et maman consulte son calendrier; elle consent à faire un autre enfant. Maman est très heureuse mais au début de l’été, la trêve est finie et papa doit révéler son secret à son Antoinette : il ne possède plus rien, il a tout vendu sa part à Thomas-Eugène pour 1 200 $ en juillet de l’année passé. Elle comprend qu’il faudra quitter ce clan et aller vivre ailleurs. Pauvre maman, sa vie de couple est ébranlée. Si ce n’était que ça mais non, un drame plus qu’effroyable va frapper de plein fouet cette maman. Ginette, sa première enfant est gravement malade. On parle d’une méningite. Une bactérie est venue l’attaquer et les tissus qui entourent son système nerveux sont affectés. La pauvre petite, qui n’a que trois ans, dépérit de jours en jours. Sa mort atroce survient le 21 août. Encore une fois Jean-Luc se rappelle des cris et des pleurs de maman. Pour lui aussi, sa peine est grande; il vient de perdre sa plus grande amie.

 

Ginette avant sa mort.jpg

 

Tu n'as que trois ans, Ginette

 

Et le scénario de la mort et de la naissance se répète. L’enfant que maman a dans son ventre arrivera le 19 décembre, le jour d’anniversaire de Gisèle. Il est vraiment différent des deux premiers : il n’est pas une fille et il n’a pas les cheveux roux. Maman le trouve beau quand même et papa lui donne le nom de Côme. Côme?

 

Côme comeuse.jpg

 

Côme? Pas vrai?

 

Le temps des fêtes se passe dans la joie mais le dur hiver aiguise la discorde si bien que papa n’en peut plus Pendant l’été, ils quitteront le clan pour aller vivre dans un logement au deuxième chez madame Lalancette, tout en haut de la rue Napoléon. Nous sommes en 1950.

 

Yvan et Gustave-Émile partiront quelques temps après et Thomas-Eugène mettra le point final au clan Desmeules de la rue du Pont à la fin de mai 1958.

 

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28/03/2019
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