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2019-04-11-La grande histoire – Un bulletin de nouvelles

Nous sommes en 1810 et Alexis Tremblay picoté, venant de prendre possession de sa concession, peut maintenant, avec toute confiance, prendre épouse. Son dévolu se porte sur Marie-Modeste Boulianne, une jeune fille du village. Alexis veut fonder une famille et il décide d’exploiter le sol. Comme presque tous les jeunes de sa région, il cultive la terre et assure la subsistance à sa famille.

 

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Marie-Modeste, la jeune fille modeste du village

 

 

Pendant les deux prochaines décennies, la vie sera calme pour ces gens de Charlevoix. Les enfants naissent et la population s’accroît à un bon rythme. Progressivement, l’occupation de la côte de Charlevoix est devenue continue entre Baie St-Paul et La Malbaie. C’est l’époque de la naissance de St-Irénée, de St-Fidèle et de St-Siméon.

 

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St-Fidèle, le curé et les enfants

 

 

Tout ne va pas si bien dans les grands centres. Les canadiens anglais n’aiment vraiment pas les canadiens français. D’autant plus que ces derniers élisent une majorité de députés qui, arrivés en Chambre, défendent les grandes lignes du programme exposé dans le journal Le Canadien de Pierre Bédard. Le nouveau gouverneur du Bas-Canada, James Craig, un anglais comme par hasard, n’aime vraiment pas ça et dissout l’Assemblée. Il ordonne la saisie du journal Le Canadien et fait arrêter trois députés dont Pierre Bédard. Ils sont accusés de pratiques traitresses. On retourne en élection et les électeurs n’en font qu’à leur tête. Ils portent au pouvoir Pierre Bédard et tous les mêmes députés. Même l’Angleterre n’est pas trop en désaccord avec ses colonisés parce qu’elle est guerre avec la France et a besoin du support du Canada.

 

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Pierre Bédard et la Chambre de l'Assemblée

 

Pendant ce temps, les États-Unis essaient bien de rester neutres mais ils ne peuvent se priver du commerce avec le marché européen. Comme les bateaux américains vont en France pour le commerce, les Anglais sont fâchés et arraisonnent les bateaux. Il y a mort d’hommes, si bien que James Madison, le président américain (c’est le quatrième après Washington), déclare la guerre à l’Angleterre, rien de moins. Et quelle est leur cible? Le Canada, le bas et le haut mais surtout le haut.

 

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Son nom est Madison, James Madison, président 004

 

 

En ce temps là, Pierre Bédard et la plupart des chefs du Parti canadien dénoncent la cupidité et le manque d’intérêt pour les choses de l’esprit des « yankees ». Avec cette vision en tête et une solde intéressante, on arrive assez facilement à former une unité d’infanterie légère qu’on baptise « Les Voltigeurs ». Leur chef est Charles-Michel de Salaberry, un rare officier canadien.

 

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En 1813, un siècle avant la naissance de maman, les Américains décident d’aller occuper Montréal en remontant la rivière Châteauguay. Mais les Voltigeurs leur donnent une maudite volée et les américains battent en retraite. L’année suivante, la guerre se termine par une joute nulle.

 

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Go, les Voltigeurs, Go

 

 

Mais pas en Europe. Le 18 juin 1815, Napoléon frappe son Waterloo. Ce n’est pas drôle et ce n’est pas parce que ce n’est pas drôle qu’on ne peut pas en rire. Il y a trop de négations dans cette phrase. Reprenons en positif : c’est triste et c’est parce que c’est triste qu’on peut en rire. On se rappelle que Napoléon est le premier empereur de France. Il fait la guerre un peu partout en Europe et gagne les batailles souvent. Mais pas à Waterloo.

 

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Franchement, Napoléon, ça ne va pas bien du tout

 

 

D’abord, corrigeons l’histoire. La célèbre bataille de Waterloo n’a pas eu lieu à Waterloo mais à Lasne, Braine l’Alleud et Genape situés juste au sud de Waterloo. Ça sonne anglais mais c’est en Belgique juste à 20 kilomètres au sud de Bruxelles.

 

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Waterloo, c'est en haut de la France en Belgique,

non, pas Berlin, Belgique

 

 

Les français ont perdu la guerre, Napoléon a perdu la guerre, Napoléon a perdu son titre d’empereur de l’Empire. Mais pourquoi a-t-il perdu la bataille? Voici les vraies raisons :

 

Son ulcère à l’estomac le faisait souffrir. Ses médecins lui ont donc prescrit un peu de laudanum. Ça c’est une mixture d’opium faite avec un trempage de pavot dans de l’alcool. Une chance que Joson ne l’a pas su parce qu’il aurait pensé à faire tremper son chanvre dans son Aquavit. Ça fait que Napoléon avait les facultés affaiblies et n’était pas en état de conduire son cheval.

 

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Attention Napoléon, tu vas frapper ton Waterloo 

 

 

En plus, Napoléon souffrait d’hémorroïdes et avait beaucoup de difficultés à tenir longtemps à cheval. Avec le laudanum, il ne savait plus à quelle selle se vouer.

 

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C'est un bon compromis 

 

 

Un officier général français du nom de Cambronne a été sommé par les Anglais de se rendre. Il répondit : « La Garde meurt mais ne se rend pas ». Mais quand il a vu les habits rouges arriver, ça pas pris de temps qu’il s’est mis à crier : « Merde ». Et il a déguerpit. C’est depuis ce temps qu’on prononce le fameux mot de Cambronne.

 

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Non, il ne lâche pas

 

 

Et qu’en est-il de l’expression « frapper son Waterloo »? Aussi curieux que cela puisse paraître, c’est une expression canadienne qui veut dire « rencontrer un obstacle » ou « subir un échec ». Ce sont les anglais qui l’utilisent dans sa version « he met his Waterloo ». Et Waterloo, cette ville des Cantons de l’Est où poussent les champignons, a été nommée ainsi par nos loyalistes anglophones en l’honneur de la suprématie des Anglais.

 

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Nooonnnn pas de Charlevoix, de Waterloo

dans les Eastern Townships des Loyalists

 

 

Après cette défaite des français, l’histoire nous dit que la marine marchande anglaise est la plus imposante. Les anglais exploitent avant les autres, la vapeur, ce qui accélère le transport des marchandises. Encore une fois, il faut corriger l’histoire. Les Anglais auraient-ils oubliés que Molson avait fait construire un bateau à vapeur à Trois-Rivières, chez-nous, quelques années auparavant?

 

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Eille les Anglais, ce bateau-là vient de Trois-Rivières,

pi ça fait quelques années qu'on boit de la bière dessus, ha ha.

 

 

1815. C’est bien tranquille sur la rive nord du fleuve. Joson fait encore des enfants avec sa Constance. Elle attend son huitième. C’est pareil sur la rive nord du Saguenay à Tadoussac. Cette fois, c’est un peu trop clandestin pour le dire et il ne faut pas ébruiter des commérages. James Mackenzie, le gars de la North West Company, tsé les fourrures? Bon ben, pendant qu’il séjournait à Tadoussac, avant d’aller visiter les zones de chasses de la compagnie, il aurait eu une aventure avec Adélaïde Matchiragan, une petite indienne de la place. Bof, petite indienne, non, elle est déjà rendue à trente-cinq ans et pèse un bon 145 livres. En tout cas, Adélaïde a accouché d’une petite fille qu’elle nomma Alexandrianne.  James, lui, renie sa paternité. Ça fait qu’Adélaïde est pognée avec cette petite métisse. Heureusement qu’elle vit dans un village de Montagnais qui eux, acceptent l’enfant de façon tout à fait normale. Eh oui, vous le devinez bien,  Alexandrianne, avec son sang montagnais et écossais, produira dans sa descendance notre grand-mère Marie. On y reviendra.

 

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Alexandrianne et sa mère Adélaïde.

Je sais, c'est dans le futur car le velcro n'était

pas inventé en 1815

 

 

 

Quand c’est tranquille, il faut s’occuper et la meilleure façon c’est de s’amuser. Joson qui est le fournisseur du petit boire des villageois de Pointe au Pic (son Aquavit vient de l’Isle-aux-Coudres) possède des deniers en trop. Il décide d’investir dans une salle communautaire pour jouer aux cartes et se divertir en écoutant des musiciens locaux jouant du violon et de l’accordéon. Certains sont mêmes virtuose de ruine babines et de bombarde. D’ailleurs, pepére Nolet jouait très bien de la bombarde, mais il était un peu mêlé. Voyez-vous, la bombarde à pepére Nolet était une guimbarde car une bombarde c’est comme un hautbois ou une clarinette. La guimbarde, elle, est un idiophone, ce qui veut dire que c’est le corps de l’instrument qui fait le son.

 

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La bombarde à pepére Nolet ou guimbarde

 

 

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La vraie bombarde qui venait de France

 

 

Ça fait que Joson a flairé la bonne affaire : une salle communautaire qui attire une clientèle qui veut s’amuser en jouant aux cartes, en entendant de la musique et en prenant un ti-coup. Plus tard, on s’est mis à jouer aux dés et même aux dominos. Ça n’a pas pris de temps, qu’on jouait à l’argent et c’est là que Joson s’est mis à faire pas mal plus d’argent.

 

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Cré Joson, il l'a l'affaire

 

 

Vous ne le saviez pas mais vous vous en doutez et je vous le confirme : ce fut le premier Casino de Pointe-au-Pic. Malheureusement pour lui, et comme pour son père, avant lui avec le Mur Rideau, et comme pour Rona après lui, Bombardier, Alcan, St-Hubert, le Cirque du Soleil, etc., le Casino de Joson est passé aux mains des Anglais. Cinquante ans plus tard, William Busby Lamb et John Chamard construisent un hôtel sur l’emplacement de la salle communautaire de Joson. L’hôtel possède 90 chambres et on le nomme : Chamard’s Lorne House de Murray Bay. Le Lorne du nom vient du gouverneur la colonie à ce moment là. Plus téteux que ça, tu meures.

 

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 Encore les Anglais qui nous prennent nos fleurons

 

 

Aujourd’hui, le Casino de Charlevoix est aménagé dans l’ancien théâtre du Manoir Richelieu construit sur les lieux du Chamard’s Lorne House. Et nous les Desmeules, l’histoire nous a oubliés.

 

 

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Le Casino de Charlevoix.

 

Ça bien changé

 



23/04/2019
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